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L’US Army développe des microbes capables de détecter les navires ennemis

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Le Naval Research Laboratory (NRL) de la Marine américaine développe des organismes génétiquement modifiés qui, si le projet aboutit, seront capables de détecter les sous-marins, navires ou plongeurs ennemis, affirme un nouveau rapport publié dans Defense One.

Le projet découle d’une initiative à 45 millions de dollars visant à développer les applications de l’ingénierie génétique pour la marine militaire. Toutes les branches de l’armée américaine sont concernées.

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On savait déjà que l’armée américaine entraînait des grands animaux aquatiques à repérer les bâtiments ennemis. Il semble qu’elle essaye désormais de militariser la biologie au niveau microscopique.

Contactée par mail, le Naval Research Laboratory a expliqué a Motherboard que ses chercheurs espéraient modifier génétiquement des micro-organismes courants dans les océans pour les rendre réactifs à certaines substances issues de vaisseaux ou équipements ennemis, notamment des produits d’échappement ou des traces de métal.

Mais à quoi ressembleraient ces réactions ? Sarah Glaven, chercheuse au NRL, a déclaré à Defense One qu’elles pourraient prendre la forme d’une réaction chimique au cours de laquelle les microbes abandonneraient certains de leurs électrons. Ces électrons seraient ensuite détectés et analysés par un drone sous-marin, trahissant ainsi le type de vaisseau ennemi qui a croisé la route des microbes génétiquement modifiés.

« Nous pensons que nous pouvons réussir car nous avons monté une vaste base de données conséquente en cultivant ces systèmes naturels » explique Glaven.

Le NRL affirme que Glaven se concentre actuellement sur des bactéries du genre Marinobacter. Il précise cependant que « d’autres microbes pourrait être adaptés » à ce genre d’opération.

Modifier génétiquement des bactéries ou d’autres micro-organismes pour faire s’exprimer certains traits en laboratoire et ainsi créer un capteur biologique est un exercice désormais bien connu des scientifiques. Cependant, reproduire des résultats de laboratoire sur le terrain n’est pas chose aisée. Les microbes doivent notamment être modifiés pour résister aux agressions de leur environnement.

« Si vous voulez lancer un capteur biologique sur le terrain… Vous devez le protéger » indique Dimitra Stratis-Cullum, scientifique en biomatériaux au NRL, dans Defense One. « Vous essayez de les encapsuler… D’accroître leur longévité, en fait, dans ces environnements hostiles. C’est très difficile de faire ça avec des micro-organismes dotés de bio-outils. »

Selon Stratis-Cullum, les scientifiques du NRL développent actuellement des « surcouches de protection » pour micro-organismes génétiquement modifiés. Dans l’idéal, ces mini-armures pourraient être appliqués à l’aide d’une imprimante 3D, permettant ainsi le déploiement de microbes militarisés sur le terrain.

Pour le moment, indique cependant un porte-parole du NRL, ce projet est « largement au stade de recherche basique, et dès lors confiné au laboratoire ». Étant donnée l’audace et le goût du Naval Research Laboratory pour les technologies militaires bizarres, mieux vaux ne pas sous-estimer ses chances de succès.

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