Ce n’est pas pour bronzer ni pour se réchauffer que ces femmes chinoises qui vénèrent le soleil se retrouvent tous les jours sur la plage hongkongaise de Lei Yue Mun.
Si elles restent plantées là, à regarder le soleil fixement jusqu’à 44 minutes d’affilée, c’est pour tenter d’absorber son énergie et — accessoirement — perdre du poids. Selon ON. cc., un site d’information chinois, les femmes de ce village pensent que les rayons « nourrissants » du soleil ont le pouvoir de diminuer leurs envies d’aliments trop caloriques, qu’ils soient d’origine végétale ou animale.
Videos by VICE
« Nous pratiquons l’observation du soleil en guise d’alimentation. Parmi celles d’entre nous qui ont fini la thérapie, certaines ont considérablement diminué leur consommation de nourriture et d’autres n’ont même plus à manger du tout », explique l’une de ces mystérieuses observatrices du soleil. En plus de promettre une perte de poids conséquente, cette pratique promet d’autres bienfaits – beaucoup de ces « adorateurs du soleil » sont persuadées que « se nourrir de soleil » augmente l’intelligence et est bon pour la santé.
Bien qu’ils soient à l’origine de la vie sur Terre et qu’ils contiennent un peu de vitamine D, les rayons du soleil ne contiennent à eux seuls bien évidemment pas assez de nutriments pour nourrir le corps humain. Et c’est la principale raison pour laquelle de nombreux médecins s’inquiètent de ce nouveau « régime », en train de prendre de l’ampleur en Chine.
Hou Xiang Jun, un expert en dermatologie interrogé par ON.cc, partage ses inquiétudes envers cette mode en expliquant que la combinaison de différents facteurs comme « la région subtropicale, le degré élevé d’ultraviolets et la réflexion de l’eau » pouvait rendre le taux d’absorption de la lumière UV par ces femmes très préoccupantes. Sans parler du fait que s’éclater les rétines à coup de radiations solaires pendant plus d’une demi-heure n’est pas, à la base, le truc le plus intelligent à faire un jour de beau temps.
Même si cette information fait actuellement les choux gras de la presse spécialisée à travers le monde, en réalité, cette pratique qui vise à remplacer de la nourriture normale par la lumière du soleil existe en Grande-Bretagne et aux États-Unis depuis la fin du siècle dernier.
Aujourd’hui, le principal défenseur de cette théorie est Hira Ratan Manek, un homme qui prétend ne pas avoir mangé de nourriture normale depuis 1995 et qui vivrait uniquement d’eau et d « énergie solaire ».
« la nourriture nous pousse à faire souffrir terriblement les autres et à les exploiter, peut-on lire sur son site. Ainsi, en ne consommant de la nourriture que sous sa forme originelle, votre faim diminuera progressivement. Au bout de huit mois, elle aura presque complètement disparu. »
Manek et ses disciples ne sont pas les seuls qui prétendent abandonner la nourriture traditionnelle au profit de « micro-aliments » comme l’air ou le soleil. Dans la communauté des « Breatharians » (littéralement, les « respirationnistes »), dont fait partie Valeria Lukyanova, la Barbie humaine, on prétend qu’il est possible de ne vivre que d’air et de lumière, sans aucun apport calorique.
Aucune étude scientifique n’est jamais allée dans le sens des dires de Manek qui prétend que s’exposer aux rayons du soleil apporte des effets spirituels ou nutritionnels bénéfiques. Leurs dangers, par contre, sont eux bien connus. Hou Xiang Jun (l’expert en dermatologie) reste très sceptique face à cette mode d’un régime préconisant de se nourrir uniquement par «absorption du soleil » et estime que ceux qui l’expérimentent jouent véritablement leur vie.
« Même recouverts d’écran total, ils ne sont protégés que contre 5 ou 6 % des rayons nocifs du soleil. En comparaison : un parapluie ou un chapeau protègent entre 10 et 20 %. En plus de cela, une exposition longue, ajoutée aux coups de soleil, augmente le risque d’un grave cancer de la peau. »
Du coup, si vous tenez tant à vous transformer en une belle plante, laissez tomber la photosynthèse — il existe un million d’autres régimes beaucoup moins dangereux pour votre santé.