Depuis plus de deux semaines, la ville de Durban, en Afrique du Sud, est le théâtre de manifestations xénophobes. Des Sud-africains attaquent des immigrés venus du sud-est du continent, comme le Malawi et le Mozambique. En fin de semaine dernière, le conflit a gagné Johannesburg, où des émeutiers ont mis à sac des commerces tenus par des ressortissants étrangers. Quatre personnes ont trouvé la mort en deux semaines, et le HCR, la commission de l’ONU pour les réfugiés, rapporte que trois camps accueillent désormais 2 400 réfugiés en dehors de Durban.
Dans la ville côtière de Durban ce jeudi, la police a tiré sur la foule avec des balles en caoutchouc pour la disperser. Des manifestants anti-immigration se sont retrouvés face à des manifestants qui défilaient contre les récentes émeutes xénophobes.
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On rapporte qu’environ 5 000 personnes, dont des responsables locaux, ont participé à la manifestation contre les émeutes xénophobes. Les manifestants scandaient « À-bas la xénophobie » et « Une Afrique unie », d’après la BBC.
Le chômage dans le pays atteint les 24 pour cent, avec 5 millions d’immigrés dans un pays qui compte 50 millions d’habitants. Les migrants viennent de partout en Afrique, dont le Malawi, l’Éthiopie, le Nigeria, la Somalie, le Zimbabwe, et la République démocratique du Congo (RDC).
En plus des balles de caoutchouc, la police a aussi lancé des grenades assourdissantes pour disperser la foule en colère dans les deux camps. Certains étaient armés de planches de bois, de clubs de golfs, de machettes et de battes. Des équipes de policiers se sont précipitées dans les rues, à couvert au coin de la rue, leurs fusils prêts et pointés sur de jeunes hommes agitant des bâtons dans les airs. Ils ont arrêté des manifestants et les ont forcés à regagner leurs camionnettes.
De petits groupes de Sud-africains qui dansaient et chantaient « les étrangers, dégagez », ont été rejoint par d’autres, jusqu’à ce que la police les pourchasse dans la rue, alors qu’ils allaient vers une foule de Congolais en colère.
D’après Reuters, les manifestants anti-immigrés ont jeté des cailloux à la police et sur les voitures garées dans la rue, tout en répétant qu’ils voulaient que les immigrés s’en aillent. Des journalistes présents sur le terrain rapportent que des altercations ont eu lieu dans le centre économique de Durban ce jeudi. La vidéo d’une chaîne de télévision locale montre des gens déambuler dans des rues presque vidées de leurs voitures. Cette vidéo aurait été tournée lors d’un rassemblement organisé ce jeudi pour protester contre les récentes vagues de violence.
Ces derniers jours ont vu la violence grandir. Quatre personnes ont été tuées lundi de la semaine dernière, dont le propriétaire, éthiopien, d’un magasin. Certains ont accusé le roi des Zoulous, Goodwill Zwelithini, d’inciter à la violence par des discours de haine ; s’adressant à ses partisans la semaine dernière, Zwelithini aurait déclaré que les étrangers qui vivaient dans le pays devraient partir. Zwelithini a nié ces déclarations, mais la commission sud-africaine des droits de l’homme a ouvert une enquête.
Cette semaine, des émeutes anti-immigrés ont aussi eu lieu à Johannesburg, la plus grande ville du pays. Une vidéo publiée ce mercredi montre des ressortissants étrangers répliquer dans les rues de la ville.
La BBC rapporte que la police a utilisé des balles en caoutchouc et du gaz lacrymogène contre les manifestants à Johannesburg ce jeudi, après que certains s’en sont pris à des magasins gérés par des ressortissants étrangers.
Le président d’Afrique du Sud, Jacob Zuma, a condamné ces attaques, en déclarant au parlement : « Aucune frustration ou colère ne peut justifier ces attaques sur des ressortissants étrangers, pas plus que la mise à sac de leurs magasins. »
Le Malawi a déclaré qu’il allait évacuer ses citoyens, et le Mozambique serait en train d’installer des camps de réfugiés le long de la frontière, anticipant la fuite de ses citoyens. Le Kenya projette un plan d’évacuation des ressortissants kényans du pays.
, beaucoup de pays les ont soutenus, mais aujourd’hui c’est la même chose qui nous arrive, » explique-t-il. « Au bout du compte, ils nous massacrent comme des animaux, [mais il y a] beaucoup de Sud-africains au Congo, dans les mines, qu’est-ce qu’il va se passer ? »
Richard n’est pas retourné travailler depuis l’attaque, il dit qu’il ne sait pas ce qu’il va faire avec sa famille. Il dit qu’il n’envisage pas de retourner en RDC, parce qu’ils n’ont rien là-bas, et qu’ils y seraient persécutés.
« Ce n’est pas sûr au Congo… Je ne pense pas que ce soit une option pour moi de retourner au Congo, » dit-il. « On attend, on ne sait pas quelle est la suite. »
En 200, un déluge d’attaques xénophobes s’était abattu sur l’Afrique du Sud, et 62 personnes avaient été tuées à Johannesburg.
Ruth Maclean a participé à ce reportage.
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