Cet article a été réalisé avec la collaboration SOSH dans le cadre du contest Sosh Urban Motion. Pour plus d’information cliquez ici.
À 28 ans, le Français Matthias Dandois est l’une des figures de proue du BMX Flat, cette discipline qu’on pourrait décrire comme du breakdance mais avec un vélo. Il a répondu à nos questions depuis Edmonton, au Canada, où se tenait une étape du Fise, pour qu’il nous parle de ses débuts et de la manière dont on devient l’un des riders les plus influents de sa génération. Depuis, cet hyperactif du guidon a déjà dû enchaîner une demi-douzaine de déplacements, en France et dans le monde. On le retrouvera très bientôt à Paris pour les moments forts du Sosh Urban Motion, le contest de vidéos de BMX filmées au smartphone, organisé par son sponsor depuis six ans.
Videos by VICE
Salut Matthias. Alors, il paraît que tu as découvert le BMX grâce à Evelyne Thomas ?
Hello ! Yep, c’est pas une légende urbaine. La première fois que j’ai vu du BMX, c’était dans l’émission « C’est mon choix »… Un pro rider de l’époque faisait une petite démo et ça m’a tout de suite plu ! J’avais 12 ans, j’ai demandé un BMX pour Noël et je me suis retrouvé dans la rue avec mes potes qui faisaient du skate, du roller, du BMX… On avait un petit crew qui s’appelait « rider in the shit », on était un peu des petits cons. Il faudrait que je remette la main sur une vidéo de l’époque. Au fait, merci Evelyne et bisous !
Qu’est-ce qui t’a attiré dans cette discipline ? Pourquoi tu as préféré persévérer là-dedans plutôt que dans des sports que tu pratiquais déjà ?
J’ai toujours fait plein de sports quand j’était gamin : pas mal de foot, d’athlétisme, de handball… Mais ça m’a toujours saoulé, ce concept de se faire crier dessus par un entraîneur névrosé quand tu fais un truc pas comme il faut. Le BMX, c’était un peu la liberté pour moi. Je pouvais faire ce que je voulais sans qu’un mec me dicte ce qui était bien ou pas. Il n’y a pas beaucoup de sport comme ça.
Matthias Dandois en 2005.
Tu as rapidement eu l’opportunité de suivre des cours de BMX, c’est bien ça ? Qui organisait ça ? C’était fréquent, à cette époque ?
Ouais, c’est un peu un miracle, mais il y avait un club de BMX Flat à 10 minutes de chez moi, c’était vraiment mortel ! C’était un pro de l’époque qui s’appelle Carlos Leal qui organisait ça dans un gymnase couvert. Trois fois par semaine pendant deux ans, il m’a appris toutes les bases du BMX sans jamais me crier dessus, et j’ai pu progresser rapidement.
Deux ans après tes débuts, tu faisais tes premières compétitions. C’était la cata ou tu t’en es tiré honorablement ?
Oui, le contest s’appelait le « Circle Cow » [Ici lors de sa première participation en pro, deux ans plus tard – Il finira cinquième]. C’était à Servon, dans le 77. C’était un gros truc à l’époque. Et c’était la première fois que j’étais vraiment confronté à la culture BMX : voir les pros rouler en vrai, les sponsors, la musique, le style… J’ai gagné la compétition en amateur, j’étais tellement heureux. Ce moment a bouleversé ma vie.
D’ailleurs, est-ce qu’il y a des tricks que tu adorais et qui sont devenu hyper ringards ? Et d’autres qui sont redevenus à la mode ?
Bien sûr ! Le BMX, c’est comme la mode, c’est un éternel recommencement. Ce qui est chanmé, c’est que tu peux te servir d’une base pourrie pour en faire un bon trick. En ce moment, je fais pas mal de trucs en footplant (en posant un pied au sol). C’était naze y’a 10 ans, maintenant c’est un peu classe.
Par la suite, tu as fait la rencontre d’Alex Jumelin. C’est ça qui a été déterminant ?
Oui, carrément. Il faut savoir que j’étais un méga fanboy d’Alex, à cette époque : Posters dans la chambre et compagnie ! Il organisait une compétition chaque année dans sa salle à Achères, la « Ninja Spin ». En 2004, j’ai gagné le contest en amateur, en arrivant 30 secondes avant mon run (j’avais fait de la merde sur l’horaire). Ça l’a fait rigolé, on a sympathisé et à partir de ce moment-là, il m’a un peu pris sous son aile. J’allais dans sa salle pour m’entraîner, j’allais en compétition avec lui et tout le crew Stereo Panda (Jimmy Petitet, Raphael Chiquet, Lionel Cardoso…). J’ai eu mes premiers sponsors grâce à lui… Bref, je lui dois énormément. Je le considère comme mon frère à part entière, c’est au-delà de l’amitié.
Tu es passé pro vers l’âge de 17 ans, c’est ça ? Qu’est-ce que tu t’es dit ? « Cool je vais pouvoir en vivre » ou « cool, je vais avoir des pompes gratos » ?
Une de mes premières compétitions en pro, c’était les BMX Masters à Cologne, en 2006. J’ai pas trop mal ridé et la team manager Adidas était là. Alex, qui était sous contrat chez eux à l’époque me l’a présentée et deux mois plus tard, je signais un contrat pro chez eux. J’avais 16 ans et aucune idée de ce qui m’arrivait. J’allais au lycée la semaine et le week-end, je partais faire des compétitions, à droite, à gauche. J’ai commencé à voyager aux États-Unis, au Japon, à faire les plus grosses compètes avec les meilleurs pros internationaux, à avoir mes premiers contrat de sponsors… C’était parti !
Tes premières grosses victoires en compétition, c’était quoi ?
Ma première grosse victoire, c’est la Voodoo Jam à La Nouvelle-Orléans, en 2007. Je crois que ça m’a débloqué, je me suis dit : ça y est, j’ai des tricks qui me permettent de gagner des compètes pro. J’étais tellement motivé ! Je m’entraînais huit heures par jour : c’est l’époque où j’ai le plus progressé. Mais je galérais quand même avec l’argent : ça coûte cher, les voyages ! Au point de me dire que je devais peut-être mettre ma carrière entre parenthèses et aller à la fac. En 2008, Red Bull est arrivé en France et m’a pris dans le team. Ça a clairement changé ma vie. J’avais un budget voyage illimité, ce qui m’a permis de faire le circuit mondial et de gagner les championnats du monde en 2008. Après ça je suis rentré chez Vans et j’ai commencé à bosser avec un agent – je bosse toujours avec lui aujourd’hui et je vis la vie dont j’ai toujours rêvé. C’est assez incroyable et j’en suis reconnaissant chaque jour.
Depuis, en gros tu as tout gagné. Et maintenant, tu as envie de transmettre. Tu vas faire ça comment ?
Oui. C’est l’essence même du BMX, la transmission. C’est hyper dur d’apprendre une figure quand tu n’as aucun conseil. Alors j’ai fait des tutos sur Youtube. Ca s’appelle « Can You Make it! » et je pense que c’est une bonne base pour apprendre. Je vais aussi aider Alex Jumelin dans son académie du Flat, qui sera à côté de Montpellier. Ce projet est vraiment chanmé. On a aussi des idées de compétitions pour 2018 avec Alex, dans lesquelles on serait ambassadeurs et juges, et pas riders. Plein de choses pour développer la discipline, quoi…
C’est important pour toi d’aider cette scène à se développer ?
C’est pas important, c’est absolument obligatoire. La discipline évolue tellement en ce moment, et la France a l’une des meilleures scène du monde en BMX Flat. J’ai eu la chance d’avoir des personnes qui m’ont aidé quand j’étais gamin, alors je veux redonner ça à la nouvelle génération.
Pour finir, là tu reviens du Canada, où tu as ridé un vélo différent de d’habitude, tu peux m’en dire un mot vite fait ?
Yes ! J’ai monté un vélo dessiné en 1987, juste pour rigoler. C’est un Haro Master. C’est plus long, plus lourd et plus encombrant que mon vélo de d’habitude mais c’est hyper drôle à rider… Et j’ai gagné la compète avec, haha !
Héhé. Pour finir, c’est quoi tes projets pour la fin de l’année ? On va te retrouver à l’affiche d’une comédie française en 2018 ?
Ouais, je pars filmer à la fin du mois et jusqu’à mi-novembre, pour un long-métrage. Merci à Axelle Laffont pour l’opportunité, ça va être vraiment intéressant je pense… Il y a aussi une dernière compétition qui est bien fat à Kobe au Japon, le Flatark. Je vais aller y faire un tour. Allez, bisous !
Cet article a été rédigé dans le cadre du Sosh Urban Motion et a été créé indépendamment de la rédaction de VICE. Pour plus d’information cliquez ici.