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Moins d’opioïdes prescrits : les médecins font un pas dans la bonne direction

Mais il reste énormément de travail à faire pour endiguer la crise des opioïdes.
Photo - Flickr

Le nombre de prescriptions d’opioïdes est en augmentation au pays, mais rassurez-vous, le monde médical y voit là une bonne nouvelle. Pourquoi? Parce que le nombre total d’opioïdes prescrit, lui, est en baisse.

Selon le rapport de L’Institut canadien d’information sur la santé, publié aujourd’hui, le nombre de prescriptions d’opioïdes a bondi de 6,8 % entre 2012 et 2016, mais la quantité totale des médicaments prescrits a diminué de près de 5 %.

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Ces plus récentes données indiquent que ces prescriptions sont faites avec plus de prudence, selon le président de l’Association médicale canadienne (AMC), le Dr Laurent Marcoux. Il y voit un signe clair que les médecins délivrent un plus grand nombre de petites prescriptions, ce qui est selon lui souhaitable.

« On demande que les prescriptions soient moins volumineuses, moins importantes, pour s’assurer qu’il n’y ait pas de cette médication qui traîne quelque part et qui puisse être utilisée à mauvais escient », contextualise le Dr Marcoux.

En prescrivant des petites quantités d’opioïdes, le médecin peut assurer un meilleur suivi du patient. Le Dr Marcoux explique que le risque de développer une dépendance est plus élevé lorsqu’une grande quantité d’opioïdes est prescrite dès le départ. Cela peut inciter le patient à consommer le médicament même s’il n’en a pas besoin.

Une urgence d’agir

On comptabilise 2816 morts par surdoses liées aux opioïdes au Canada pour l’an dernier. Environ 16 Canadiens sont hospitalisés tous les jours en raison d’une intoxication aux opioïdes, selon un autre rapport de l’ICIS.

« On ne peut pas dire combien d’hospitalisations sont attribuables aux opioïdes prescrits et aux opioïdes produits illégalement, mais le nombre d’hospitalisations témoigne d’un phénomène qui touche toute la société canadienne », expliquait le directeur des Services d’information sur les produits pharmaceutiques et la main-d’œuvre de la santé à l’ICIS, Michael Gaucher, dans le rapport.

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Le Dr Laurent Marcoux assure que les médicaments de prescription ne sont pas étrangers à la crise des opioïdes.

« On le voit ici au Canada, on le voit dans certains États américains, où la prescription plus libérale des opioïdes a entraîné des dépendances, et une activation du marché noir. […] Il semble que le fentanyl de contrebande ait une place importante, mais je ne peux pas vous répondre que c’est juste la contrebande. Ce serait vouloir disculper la responsabilité médicale », indique le président de l’AMC.

S’il juge que les médecins font un pas dans la bonne direction en prescrivant plus de petites doses, il admet qu’on prescrit encore peut-être trop d’opioïdes.

« Je pense qu’on pourrait faire mieux. On pourrait faire mieux si on trouve des alternatives. Mais le rôle d’un médecin, c’est aussi de soulager la douleur de ses patients », nuance le Dr Laurent Marcoux. Il insiste sur le besoin d’investir en recherche, notamment pour trouver d’autres solutions pour traiter la douleur chronique.

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« Si on laisse les patients souffrir, ils vont aller vers d’autres ressources, et on va juste déplacer le problème », ajoute-t-il.

L’AMC veut qu’on fasse beaucoup plus pour régler la crise des opioïdes. Son président insiste sur le caractère multifactoriel de la crise, et sur l’importance d’une approche coordonnée par le gouvernement fédéral, où il serait question d’approfondir la recherche, de développer l’accès à des spécialistes, d’investir dans la prévention et dans le traitement de la dépendance.