Nous sommes devenus des locataires de données. Plus question d'entasser ses films ou sa musique dans des dossiers surchargés comme à l'époque de l'iPod classic et de Mininova : dans les sphères légales comme illégales, le streaming a pris la place du téléchargement. Pourtant, à l'ombre de Netflix et Spotify, le prix de la mémoire morte n'en finit plus de chuter. Un gigaoctet sur disque dur valait 2 euros en 2002 ; l'année dernière, 2 centimes. Profitant de cette dégringolade, les « data hoarders » collectent, numérisent et archivent de gigantesques volumes de data dans des supports de stockage privés, à leurs frais. Pour le plaisir de posséder, l’urgence de résister, l’espoir de redistribuer gratuitement… Mais aussi pour soulager ce qui ressemble à une (légère) obsession.
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Une communauté bien rangée
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Contacté par Motherboard, Corentin admet consacrer « 10-15 heures par jour » à la quête de nouvelles donnes à télécharger. Son dernier projet en date : récupérer « 40 000 polices d’écriture ». « Le jour ou j’y trouverai utilisation, ce sera exceptionnel… », admet-il avant de confirmer qu'il est aussi « un gros collectionneur » IRL. « Je suis très, très matérialiste. Je suis très passionné aussi. Pendant 16 ans j’ai collectionné timbres, Pokémon, Yu-Gi-Oh!… Il n'y a pas de trucs que je n’aie pas collectionné. » Pour lui, la plupart des data hoarders sérieux sont également des collectionneurs d’objets physiques, car le plaisir d’archiver de la donnée obéit en partie aux mêmes mécanismes : « Le kiff de posséder, admirer, trier. Il y a une énorme partie de triage — un vrai plaisir — parfois à la main, parfois automatisé. »
Les hoarders, ces conservateurs culturels
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Passion, addiction, modération
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