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Le Canada compte fournir des seringues propres aux prisonniers

Une mesure qui ne fait pas l’affaire des gardiens de prison

Dès le mois de juin, deux pénitenciers canadiens offriront un programme d’échange de seringues à ses détenus, dans le cadre d’un projet pilote de réduction des méfaits.

Les détenus auront ainsi accès à des aiguilles propres, de manière à prévenir la propagation de maladies infectieuses, comme le VIH et l’hépatite C. Au Canada, on estime que les détenus des prisons fédérales sont respectivement 10 et 30 fois plus touchés par le VIH et l’hépatite C que la population générale.

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Le Service correctionnel du Canada (SCC) instaurera ce système dans deux pénitenciers, un pour femme et un pour homme, au Nouveau-Brunswick et en Ontario. On vise à y analyser les meilleures pratiques, pour ensuite déployer le service dans tous les pénitenciers fédéraux.

« Ce programme aidera à faire face au partage de seringues entre les utilisateurs de drogues injectables et facilitera les références vers les services de santé », indique le SCC dans un document d’information.

Le syndicat des gardiens de prison se dit « très préoccupé » par cette annonce. Il accuse le SCC de « fermer les yeux sur le trafic de stupéfiants » dans les prisons et d’entrer en contradiction avec la politique de tolérance zéro pour les drogues.

« Lorsqu’un détenu va s’injecter avec une aiguille fournie par le SCC, les agentes et agents correctionnels feront quoi? Ils le regarderont faire ou entreront dans la cellule pour l’en empêcher? » demande le président syndical, Jason Godin, dans un communiqué.

Le syndicat met l’accent sur la mise en danger des détenus, dans le contexte de la crise du fentanyl. La Presse révélait d’ailleurs la semaine dernière que le pénitencier de Donnacona, au Québec, avait été le théâtre de 10 surdoses non mortelles de fentanyl, entre les mois de juillet et mars dernier.

Le syndicat dénonce en outre que tout se mette en place « sans mesures de sécurité supplémentaires et sans formation additionnelle pour les agents correctionnels ».

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Dans son document d’information, le SCC insiste sur les bienfaits de ce genre de programmes, en se basant sur des données de l’organe de l’ONU contre la drogue et le crime (ONUDC). Dans les pays où l’échange de seringues est implanté dans les prisons, on observe qu’il n’y a pas d’augmentation des attaques contre le personnel carcéral ou d’autres détenus, et que de telles mesures facilitent les références vers les programmes de traitement de la toxicomanie.

Aucun nouveau budget ne sera alloué à cette mesure. Le SCC indique que les coûts seront absorbés par les programmes existants pour fournir les auto-injecteurs EpiPen et les aiguilles et seringues à insuline pour les personnes souffrant de diabète.

Justine de l'Église est sur Twitter.