Inde inondations sécheresse
Une femme rame dans un radeau de fortune alors que des filles traversent les eaux de crue du village de Laharighat, dans le district de Morigaon, dans l'État d'Assam, au nord-est de l'Inde, le 21 juillet 2019.Photo : Reuters/Anuwar Hazarika
Environnement

L'Inde est ravagée par les inondations et la sécheresse, et ça n’est pas près de s’arranger

21 grandes villes du pays devraient manquer d'eau souterraine d'ici 2020, tandis que plus de 200 personnes ont été tuées au cours du mois dernier à cause des inondations.

L'Inde est confrontée à une crise de l'eau à plus d'un titre. Certains coins du pays sont confrontés à une sécheresse aiguë et des États entiers font face à une pénurie d'eau. D'autres parties du pays doivent faire face à des inondations, qui se traduisent par des morts et des déplacements de population.

Le Pendjab, le Haryana, le Rajasthan, l'Uttar Pradesh, le Guajarat, le Madhya Pradesh et le Jammu-et-Cachemire figurent parmi les neuf États et territoires qui connaissent un stress hydrique « extrêmement élevé ». Un nouveau rapport mondial du World Resources Institute (WRI) – un think tank basé aux États-Unis qui travaille sur la durabilité – a constaté que ces États sont particulièrement menacés par l'épuisement des ressources en eau. Surtout, les eaux souterraines et de surface se font rares.

Publicité

Selon la BBC, les auteurs du rapport ont constaté que plus de 80 % de l'eau souterraine disponible en Inde a été prélevée. Et environ 70 % de cette eau est destinée à l'agriculture.

Les agriculteurs du Haryana ont déclaré à la BBC que trouver de l'eau sous terre est un défi monumental. « Maintenant, nous devons creuser jusqu'à 153 mètres pour y accéder », a déclaré Narendar Singh, un jeune agriculteur, qui devait creuser jusqu'à 45,7 mètres sous terre, il y a encore dix ans, pour trouver de l'eau. « Bientôt, il n'y aura même plus d'eau potable, sans parler de l'eau agricole. Je suis si inquiet. »

Chennai, la sixième plus grande ville de l'Inde, n’a plus d’eau du tout depuis juillet 2019. Le rapport du WRI indique qu'il s'agit de l'une des pires crises récentes de l'eau dans les villes du monde.

1565766725235-India-water-crisis

Des femmes vont chercher de l'eau dans une ouverture faite par des résidents dans un lac asséché à Chennai, en Inde. Photo : Reuters/P. Ravikumar

La ville, qui compte cinq millions d'habitants, tirerait l'essentiel de son eau des averses de mousson. Mais Chennai a dû faire face à des mois de faibles précipitations avant la sécheresse généralisée. Aujourd'hui, quatre des plus grands réservoirs de la ville sont à sec. Et l'eau disponible transmettrait des maladies. Le New York Times a rapporté que la crise entraîne des pratiques peu hygiéniques, comme l'impossibilité pour certaines personnes de prendre des douches quotidiennes et la fermeture des toilettes publiques. D'autres ont eu recours à des « astuces » pour économiser de l’eau : certains habitants affirment qu'ils récupèrent l'eau qui s'égoutte des climatiseurs et qu'ils lavent tout à la main avec une quantité d'eau minimale et mesurée. Beaucoup d'enfants ne peuvent plus aller à l'école ou à l'université, rapporte la BBC.

Publicité

Un autre rapport, rédigé par Verisk Maplecroft, une société d'analyse des risques basée à Londres, a déclaré que cela « pourrait devenir la nouvelle norme » à Chennai.

1565766667690-Indias-water-crisis-4

Une femme transporte des pichets pour aller chercher de l'eau dans une ouverture faite pour filtrer l'eau près d'un lac pollué à Thane, en Inde. Photo : Reuters/Prashant Waydande

21 grandes villes du pays devraient manquer d'eau souterraine d'ici 2020, selon le think tank indien NITI Aayog, dirigé par le gouvernement. La population indienne est déjà en train de dépasser sa capacité d'approvisionnement en eau et, selon CNN, la situation devrait s'aggraver. Des centaines de millions de vies pourraient être en danger si l'approvisionnement en eau n'est pas restauré d'une manière ou d'une autre.

D'autre part, la mousson et les inondations actuelles causent d'autres problèmes. Les rapports craignent que plus de 200 personnes aient été tuées à cause des inondations, à travers l'Inde.

Au Kerala, au cours d'une période de quatre jours à partir du 9 août, plus de 2,90,000 personnes ont été déplacées à cause des pluies. Il y aurait eu 91 morts, 32 blessés et 58 disparus. Cela signifie que plus de la moitié des décès liés aux moussons se sont produits au Kerala. Le Maharashtra a également été frappé par des pluies torrentielles, les inondations bloquant les routes et coupant l'approvisionnement en électricité.

Puis il y a des endroits comme la ville de Balangir, au Bhubaneswar. Au début du mois d'août, le district était confronté à une situation de sécheresse. Mais quelques jours plus tard, la pluie a balayé les maisons et les rues. Le village de Madhiapali, près de Balangir, est enfoui sous six mètres d'eau, selon un responsable du district, et plusieurs localités ont été emportées.

Tout cela équivaut à une dure réalité nouvelle : le changement climatique est en train de rendre certaines parties de l'Inde complètement inhabitables. Les problèmes de sécheresse et d'inondations sont source d'incertitude et de situations de vie problématiques. Le changement climatique n'en est qu’amplifié lorsqu'il s'agit des zones et des familles touchées par la pauvreté, l'inégalité des revenus affectant de manière disproportionnée les plus démunis. Les personnes à faible revenu sont beaucoup plus vulnérables aux effets des catastrophes naturelles, comme le souligne un rapport sur les tendances climatiques. Cela est particulièrement évident pour les agriculteurs et ceux qui vivent dans les régions rurales de l'Inde.

VICE France est aussi sur Twitter, Instagram, Facebook et sur Flipboard.