Après les attaques, les jeunes Français veulent s’engager en masse dans l’armée

Le nombre de jeunes Français qui espèrent s'engager chaque jour dans les forces armées a triplé depuis le 13 novembre, jour des attaques qui ont tué 130 personnes dans la capitale française. C'est ce qu'ont constaté des responsables de l'armée.

Le colonel Éric de Lapresle, chef du bureau marketing et communication du recrutement de l'armée de Terre, a déclaré au journal Le Monde qu'il était « sur le cul » face à l'augmentation de la demande.

Selon Lapresle, le site de recrutement de l'armée — s'engager.fr — reçoit actuellement en moyenne 1 500 demandes par jour, contre environ 500 avant les attaques de vendredi dernier. Les cinq Centres de recrutement et d'information des forces armées (Cirfa) font également face à un afflux de candidats, bien que des chiffres précis n'aient pas été communiqués de ce côté pour le moment.

Sur l'onglet « Pourquoi du nous rejoindre ? », l'armée liste un certain nombre d'arguments, dont la chance de pouvoir « défendre les Français, la France et ses valeurs » et « vivre la fraternité d'armes ». Le site offre des options de recrutement aux candidats qui ont arrêté l'école, à ceux titulaires d'un diplôme, et à ceux ayant jusqu'à cinq ans d'études supérieures.

Cette augmentation des demandes d'engagement a été mesurée trois jours après le discours de François Hollande devant le Congrès de lundi de la semaine passée, qu'il avait commencé en déclarant que la France était « en guerre ».

Dans une allocution qui avait les accents d'un appel aux armes, le président avait comparé les tragiques attaques de vendredi à des « actes de guerre ».

« Je sais que je peux compter sur le dévouement des officiers de police, des gendarmes, des soldats et sur la vôtre, représentants de la Nation », a dit François Hollande. « Vous connaissez le sens du devoir, et lorsque les circonstances le demandent, l'esprit de sacrifice. »

Le Président français a également annoncé qu'il allait geler les réductions d'effectifs prévus dans l'armée jusqu'en 2019, et a suggéré que l'on tire « mieux parti des possibilités de réserve de la Défense encore trop peu exploitées ».

Le gouvernement français avait déjà proposé d'annuler les coupes prévues dans la Défense suite aux attaques de janvier qui avaient fait 17 morts, lorsque des terroristes avaient attaqué le journal satirique Charlie Hebdo et l'Hyper Cacher.

Selon Le Monde, l'armée française comptera 15 000 nouvelles recrues d'ici la fin de l'année 2015 — soit 5 000 engagements supplémentaires par rapport à 2014. Le nombre estimé de nouvelles recrues pour 2016 serait de 16 000.

Les 15 000 personnes recrutées en 2015 l'ont été parmi 160 000 candidats. Seulement 60 000 d'entre eux ont passé les examens physiques, médicaux et psychologiques, et les différents tests qui sont requis pour s'engager. Le nombre de personnes envisageant une carrière militaire dans l'armée a augmenté significativement depuis 2014, année lors de laquelle seulement 120 000 personnes avaient soumis une première demande.

Cela peut en partie être expliqué par les efforts faits par l'armée pour attirer les nouvelles recrues après les attaques de janvier, en passant le nombre de cycles de recrutement de trois à cinq par an. Mais selon Lapresle, « même quand nous avons arrêté la publicité, les chiffres ne redescendaient pas ou peu » En 2014, environ 150 personnes soumettaient chaque jour leur candidature sur le site internet de l'armée, a-t-il déclaré au Monde. Ils étaient entre 300 et 400 lors des campagnes de publicité, et environ 500 après Charlie Hebdo. Depuis le 13 janvier, chaque jour, ils sont 1 500 à déposer une demande.

Aux États-Unis, après les attaques du 11 septembre 2001, l'armée avait dépassé ses objectifs de recrutement, les rapports financiers officiels de l'armée de 2002 montrant que 79 585 personnes s'étaient engagées cette année-là, contre 75 855 l'année précédente. D'autres facteurs, comme la mauvaise situation économique du pays à l'époque, ou l'introduction d'une loi mettant en place la gratuité de l'université pour les soldats, expliqueraient également les chiffres de 2002.

Toutefois, bien que les engagements aient augmenté suite aux attaques, cette hausse n'a pas duré.Selon le New York Times, en 2005, l'armée américaine manquait ses objectifs de recrutement de près de 7 000 soldats.

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