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Crime

La police de Baltimore accusée de discriminer les Afro-Américains

Le Département de la Justice américain a enquêté pendant un an sur la police de Baltimore, où un homme noir est mort pendant sa garde à vue en 2015.
Un homme passe devant une zone de crime à Baltimore, le 25 juillet 2015. (AP Photo/Patrick Semansky, File)

Le département de la police de Baltimore est particulièrement surveillé depuis la mort de Freddie Gray, un homme noir non armé décédé pendant sa garde à vue,en avril 2015, à cause de lésions à la colonne vertébrale. Aujourd'hui, il est possible de mesurer à quel point le racisme touche l'ensemble de la police de Baltimore — et ce, à tous les niveaux. Le Département de la Justice américain vient de publier un rapport accablant à la suite d'une longue enquête.

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Le gouvernement fédéral a enquêté sur les activités de la police de Baltimore entre janvier 2010 et juin 2015 et a conclu que les agents violaient régulièrement les droits des personnes noires, s'immisçaient dans leurs vies, et que les préjugés raciaux sont légion.

Voici certaines des statistiques les plus inquiétantes :

  • Les personnes noires représentent 63 pour cent de la population de Baltimore, mais 84 pour cent des personnes contrôlées dans la rue par la police de Baltimore étaient noires (sur la période 2010 - 2015).

  • En moyenne, les agents de police ont réalisé 520 contrôles dans la rue pour 1 000 habitants noirs à Baltimore, mais seulement 180 pour 1 000 habitants blancs.

  • Les habitants noirs de la ville ont plus de chances d'être contrôlés à de multiples reprises. Les personnes noires représentent 95 pour cent des personnes contrôlées dans la rue plus de dix fois.

  • Malgré le taux plus élevé de contrôles, les agents de police ont moins de chances de trouver des produits illégaux durant les fouilles des personnes noires qu'au cours des autres. Par exemple, pendant les contrôles routiers et les fouilles, la police a trouvé des produits illégaux dans 3,9 pour cent des véhicules appartenant à des personnes noires, contre 8,5 pour cent des autres véhicules. Le rapport assure que cette différence suggère que la police de Baltimore est plus suspicieuse, sans justification, envers les personnes noires.

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  • Concernant les délits mineurs, la police de Baltimore a arrêté des personnes noires à un taux disproportionné. Par exemple, les personnes noires représentent 83 pour cent des 6 500 arrestations pour troubles publics.

  • La police de Baltimore a inculpé 657 personnes pour avoir pratiqué des « jeux d'argent » ou avoir joué aux « cartes ou aux dés ». Pour l'essentiel — 99 pour cent —, les personnes concernées par ces accusations étaient noires. Mais le Département de la Justice a déclaré que, bien qu'il soit incapable de trouver des données spécifiques relatives aux caractéristiques démographiques des personnes jouant aux cartes ou aux dés, il est « extrêmement improbable que les Afro-américains constituent 99 pour cent des joueurs ».

  • La police de Baltimore a utilisé des tactiques extrêmes pour contrôler les délits mineurs dans les communautés noires. Le service possède une unité d'hélicoptères, appelée « Foxtrot », qui est normalement utilisée pour coordonner les interventions des agents lors de fusillades ou d'autres crimes graves. Mais la police a utilisé Foxtrot pour surveiller les activités liées aux « jeux d'argent », comme les jeux de dés, selon le rapport.

  • Les données sur l'usage de drogues des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies montrent que le taux de personnes noires âgées de plus de 12 ans qui consomment des drogues n'est supérieur que d'un point de pourcentage aux personnes blanches. Mais les taux d'arrestations des personnes noires pour possession de drogue ont dépassé de loin ces statistiques. La police de Baltimore a réalisé 254 arrestations relatives à la drogue pour 1 000 habitants noirs de Baltimore, mais seulement 52 arrestations de ce type pour 1 000 autres habitants. En d'autres termes, les personnes noires ont cinq fois plus de chances d'être arrêtées pour des crimes liés à la drogue.

  • Les personnes noires ont fait l'objet d'usage excessif de la force dans 90 pour cent des cas d'arrestations.

  • Des accusations de préjugés raciaux ont été régulièrement étouffées. Les enquêteurs du Département de la Justice ont découvert 60 casentre 2010 et 2016 dans lesquels un agent avait utilisé le mot « nègre » (« nigger ») pour mentionner un individu noir. Mais ces plaintes n'ont pas été classées sous l'appellation d'« injures raciales » ou de « préjudices raciaux ». Elles ont été classées à la place sous les appellations d'« impolitesse » ou de « langage inapproprié ». Le Département de la Justice a découvert que les injures raciales ont été mal classifiées dans 98 pour cent du temps.

  • Le manque de surveillance a mené à une absence systématique d'enquête sur les plaintes déposées contre des agents. Le Département de la Justice fait référence à un incident de 2010. Un homme noir a déposé une plainte contre des agents qui ont prétendument eu un usage excessif de la force pendant une arrestation et ont essayé de donner un coup de poing à un garçon de 14 ans qui essayait d'enregistrer l'arrestation sur son téléphone portable. Le plaignant a déclaré que les agents ont utilisé le mot « nègre » fréquemment et lui ont demandé s'il « se [faisait] enculer par Allah ». Quand il a essayé de signaler cette mauvaise conduite en personne au quartier général de la police du district, il a rencontré les agents qui étaient impliqués dans l'incident initial.