Le son funk des années 80 remis au goût du jour par Voyage Funktastique a connu ses heures de gloire au Québec il y a environ 35 ans. Et bien que sa contribution soit méconnue, le producteur et réalisateur Steven Tracey en a été le principal architecte. Son travail avec Loni Gamble et Maurice Massiah est célébré par les collectionneurs, DJ et aficionados du style autour du monde. Fait encore plus méconnu : Tracey a aussi été un pionnier du rap au Québec, ayant produit As-tu du feu? (Beurre de peanut) et Le rapper chic.
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Loni Gamble
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Maurice Massiah
As-tu du feu? (Beurre de peanut)
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« Ils m’ont joué un petit extrait de As-tu du feu? et j’ai dit : “ Fuck, c’est incroyable! C’est simplement incroyable, on doit enregistrer ça!” » relate-t-il. Il en a produit l’enregistrement.La rumeur veut que le groupe Bill ait eu l’intention de faire du rap avec cette chanson. La trame musicale funk jouée en boucle rappelle en effet un beat de rap. Tracey confirme que c’est vrai, mais seulement « à un certain degré » , nuance-t-il. « Les deux gars du groupe savaient qu’ils n’étaient pas des rappeurs. »As-tu du feu? (Beurre de peanut) est devenu l’un des succès les plus emblématiques des années 80 au Québec. Rien que ça.En 1990, Tracey revient avec une offensive résolument rap. Il rassemble des artistes francophones du Québec, de France et de Belgique pour lancer la compilation Je rap en français Vol. 1. On y retrouve sa première aventure semi-rap, As-tu du feu? (Beurre de peanut), la pièce foncièrement montréalaise Frenglish Rap du mystérieux Sebastien D., Je m’en souviens de French B (sur la version CD), Le pape du rap de Daniel Lavoie (lol), mais surtout, en ouverture de disque, la fameuse pièce Le rapper chic par Le Boyfriend.« Le rapper chic, cette chanson, c’était une collaboration entre moi-même et Manuel Tadros [aussi connu comme le père de Xavier Dolan, NDLR]. Manuel a écrit les paroles. Stéphan Chetrit, qui était “Le Boyfriend”, était chroniqueur à CKMF à l’époque. Il adorait le rap. Il m’a demandé d’écouter ce qu’il était capable de faire », raconte Tracey.
Je rap en français
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Ce que Tracey a décidé de faire, c’est de lancer l’étiquette On The Beat, une des premières maisons de disques rap au Québec.« J’ai commencé à comprendre clairement qu’il y avait un besoin à Montréal et j’ai lancé une compilation qui introduisait le rap aux programmateurs et animateurs radio. J’ai testé le marché pour Le Boyfriend avec Je rap en français. On a ensuite lancé son album complet », explique le producteur.Tracey n’était peut-être pas issu de la scène hip-hop à proprement parler, mais il venait d’un background RnB, soul et funk, ça, on ne peut pas le nier. C’est donc dire que la même année où M.R.F est arrivé – reconnu en tant que premier groupe hip-hop francophone au Québec –, Tracey propulsait le mouvement rap francophone, mais sur un front commercial.
Tracey a ensuite travaillé majoritairement dans le domaine de la pop commerciale, sans engendrer de grands succès, jusqu'à ce qu'il découvre Corneille, qu'il le mette sur la mappe et que leur relation s'envenime.Aujourd’hui, le réalisateur n’en revient pas de savoir que le son qu’il a participé à populariser au Québec et dans le monde, au cours des années 80, connaît un second souffle avec des initiatives comme Voyage Funktastique. « Pour être honnête, ça me fait chaud au cœur, dit-il. J’ai toujours pensé que la musique était le dénominateur le plus commun dans la vie. C’est quelque chose qui dure. Peu importe mon background musical – il est très vaste –, j’aime entendre ces histoires parce qu’elles sont liées à de beaux souvenirs. J’ai travaillé très dur à la conception et la formulation de projets comme ceux-là, et c’est merveilleux de constater qu’ils ont passé l’épreuve du temps. »Pour plus d'articles comme celui-ci, inscrivez-vous à notre infolettre.