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Les sèche-mains sont-ils d'infâmes nids à microbes ?

Globalement, le meilleur conseil qu'on puisse vous donner, c'est surtout de bien vous laver les mains.

Scientifiquement, on sait à peu près comment se laver les mains efficacement. Pas de problème à ce niveau-là. Mais après ? Concrètement, il n'existe pas de réel consensus scientifique concernant la meilleure façon de se sécher les mains.

Ce n'est pas faute de s'être penchés sur la question. Des dizaines d'études ont été menées pour comparer les serviettes en papier, les sèche-mains ou les rouleaux dispenseurs (ce genre de trucs). Mais les résultats sont globalement assez déroutants, certaines études affirmant qu'il n'y a aucune véritable différence, quand d'autres affirment que les serviettes en papier sont bien supérieures, et que d'autres encore clament haut et fort que les sèche-mains sont plus hygiéniques.

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Sauf que la plupart de ces études ont été financées soit par l'industrie des serviettes en papier, soit pas des entreprises qui vendent des sèche-mains comme Dyson. Ça ne veut pas dire que ces résultats sont nécessairement faux, mais il est difficile de les interpréter objectivement. Alors, que croire ?

« Ce qui prête à confusion dans ces recherches, c'est que les études ne posent pas toutes les mêmes questions », explique Patrick Kimmitt, chercheur en biomédecine à l'université de Westminster et auteur d'une étude sur les sèche-mains publiée cette année.

« Certaines s'intéressent à ce qu'il reste sur nos mains après le séchage, alors que notre étude, par exemple, se focalisait sur la composition de l'environnement du sèche-mains à l'issue du processus. »

Contrairement à beaucoup d'études, celle de Kimmitt n'a reçu aucun financement externe, les fonds venant exclusivement de l'université. Kimmitt et son équipe ont demandé aux participants de tremper leurs mains gantées dans un liquide contenant du bactériophage MS2, un type de virus non-pathogène dont le comportement est très proche de celui de nombreux virus pathogènes, et qui est donc souvent utilisé pour des expériences. Ensuite, les participants devaient se sécher les mains en utilisant soit des serviettes en papier, soit un sèche-mains à air chaud, soit un sèche-mains de type « jet » (les séchoirs surpuissants comme ceux que fabrique Dyson). Les chercheurs ont découvert que les sèche-mains « jet » dispersaient jusqu'à 1300 fois plus de particules virales dans l'air que les serviettes.

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Même si l'étude a été publiée dans le Journal of Applied Microbiology en février, elle n'a été reprise que récemment dans les médias, entraînant l'apparition de titres racoleurs tels que « Les séchoirs Dyson sont de véritables bombes à virus » ou encore « Les séchoirs Dyson diffusent des microbes et des maladies partout. » Dyson a répondu en soulignant que d'autres études, financées par Dyson, avaient montré que ses sèche-mains étaient au contraire plus efficaces pour combattre les virus, et que d'ailleurs ils étaient certifiés « hygiéniques » aux États-Unis par la National Sanitation Foundation.

Alors, est-ce que les sèche-mains « jet » sont vraiment des canons à microbes, ou est-ce une conspiration orchestrée par le Grand Ordre des Serviettes en Papier ?

Il faut garder quelques éléments en tête lorsque l'on se penche sur ce genre d'étude, surtout quand les études préexistantes sont aussi indécises. D'abord, il faut se souvenir que, même si les sèche-mains incriminés dispersent effectivement plus de particules virales que les autres méthodes, ils n'en dispersent pas plus que le simple fait de tirer une chasse d'eau. Ensuite, l'expérience était conçue spécifiquement pour montrer ce qui pouvait être dispersé quand quelqu'un ne se lave pas les mains, ou le fait mal. En se lavant correctement les mains, on élimine l'essentiel du problème, souligne Kimmitt.

« Il suffirait effectivement de bien se laver les mains pour qu'il n'y ait aucun problème, mais c'est rarement le cas (cela demande un peu de formation), m'explique-t-il par e-mail. La plupart des gens se contentent de passer leurs mains sous l'eau, ce qui peut être encore pire que de ne pas se laver du tout, et beaucoup de ceux qui utilisent du savon le font mal. »

C'est vrai : des études ont montré que même ceux qui affirment se laver les mains à chaque fois qu'ils vont aux toilettes ne le font en vérité que 50 à 75% du temps. Et quand ils le font, il est rare qu'ils frottent suffisamment pour éliminer les bactéries et les virus dangereux. Il faut se frotter les mains au moins 20 secondes pour se débarrasser des microbes – c'est-à-dire à peu près la longueur des quatre premières phrases d'une chanson de Justin Bieber.

Les chercheurs m'ont expliqué que les résultats de leur étude pourraient contribuer à améliorer la manière dont certains environnements à risque, comme les hôpitaux, organisent leurs espaces sanitaires. Mais dans la plupart des toilettes publiques, on ne choisit pas vraiment ce qui est disponible. À part embaucher un expert dans chaque toilette (mon rêve), qu'est-ce qu'on peut faire ? Étant donné qu'aucune étude n'est vraiment catégorique, il ne nous reste plus qu'à bien nous frotter les mains avec du savon, même si les autres ne le font pas.