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Ruin My Search History, la dernière blague douteuse du web

"Pénis sent mauvais que faire", "comment dissoudre corps enfant", "partir Syrie discrètement" : Google se souviendra longtemps de vos requêtes.

Google enregistre vos requêtes, c'est un fait. En plus de suivre les déplacements numériques des internautes dont le navigateur autorise les cookies, le géant de Mountain View conserve une trace de tout ce que vous lui demandez. Si vous utilisez Google Chrome, vos marque-pages et votre historique de téléchargements sont relevés eux aussi. Cette masse d'informations sensibles est supposée aider le moteur de recherche à vous servir au mieux. Le truc, c'est qu'elle est aussi susceptible de finir dans les mains de la National Security Agency (NSA) : grâce au programme de surveillance PRISM, la fameuse agence de renseignement étasunienne dispose d'un accès direct aux données entassées par Google. L'homme qui a levé le voile sur PRISM, Edward Snowden, a également révélé que la NSA fourrait son nez dans les serveurs du moteur de recherche en toute illégalité. Même si c'est improbable, il n'est pas impossible que vos habitudes numériques intimes aient été décortiquées par un fonctionnaire américain.

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Voilà, vous savez à peu près à quel point vous êtes vulnérable sur le réseau. Ce petit rappel a peut-être ravivé quelques internautes défiants, qui rétorqueront comme ils l'avaient fait à l'heure des révélations d'Edward Snowden : "Vous croyez vraiment que la NSA en a quelque chose à faire de votre historique ? Ils surveillent les dirigeants et les terroristes, pas les gens normaux." Ruin My Search History va leur donner l'occasion de prouver qu'ils sont bien convaincus de leur insignifiance numérique. Comme son nom l'indique, ce site a pour objectif de pourrir votre historique de recherche en envoyant cinquante requêtes douteuses à Google. Un clic sur la petite loupe lance la machine : on commence doucement avec "Comment avoir l'air marrant", on prend de la vitesse avec "Les pompes à pénis fonctionnent-elles", on finit fort avec "Comment rejoindre l'Etat islamique", "Bing" et "Donald Trump". Vous êtes libre d'interrompre la balade à tout moment.

Le développeur de Ruin My Seach History, Jon, a indiqué à la version anglophone de Motherboard que 500 000 personnes avaient fait appel à sa création entre le 9 et le 10 juin dernier. A l'en croire, un quart des visiteurs n'osent pas cliquer sur la loupe infernale. "J'ai essayé de créer une demi-histoire avec les requêtes, pour ajouter à l'horreur", a-t-il expliqué. D'où l'enchaînement "Pays âge de consentement bas" et "Philippines". Il poursuit : "Et j'ai rajouté la localisation aux recherches (même si les gens n'ont pas l'air d'avoir remarqué)." Ne vous étonnez donc pas de voir passer "L'inceste est-il illégal en France", entre autres.

L'initiative de Jon n'est pas moqueuse. Au contraire, le développeur semble convaincu que même le plus petit internaute est susceptible d'être espionné par la NSA : "Je me suis dit que le meilleur moyen de rendre le programme de surveillance du gouvernement inutile était de mettre tout le monde sur "la liste". Ca le permet peut-être un peu, mais si c'est suffisant pour faire dérailler leur surveillance, elle n'est probablement pas terrible." Malgré la légèreté de son créateur, Ruin My Search History n'a pas fait rire tout le monde sur /r/InternetIsBeautiful. Les membres de cette sous-catégorie de Reddit dédiée aux meilleurs sites web se sont inquiétés des requêtes qui font référence à l'Etat islamique : "En tant qu'étudiant originaire du Moyen-Orient installé en Allemagne, je suis devenu dingue quand j'ai vu ça et je me suis mis à crier non non non, panique usefulcontentonly. Je suis vraiment inquiet maintenant. Quel enfer, putain." Ces réactions négatives ont pris une telle ampleur qu'un modérateur s'est senti obligé d'intervenir pour rassurer les Redditors. "Ce sont les effets psychologiques de la surveillance d'Etat", cingle un certain andsens.

Au beau milieu de cette frénésie paranoïaque, personne n'a jugé bon de relever que Ruin My Search History envoyait ces trois requêtes juste avant d'enchaîner sur les plaisanteries pédophiles : "est-ce qu'aimer les hommes signifie que je suis gay", "signes qui révèlent que je suis gay" et "comment annoncer à mon père que je suis gay". On comprend mal comment ce genre de recherches pourrait ruiner un historique.