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Pourquoi nous n'arriverons jamais à dompter le grand requin blanc

L'idée même de l'enfermer dans un bassin est absurde. Ça n'a jamais marché, et ça ne marchera sans doute jamais.

Après trois jours passés à flotter sans but et à cogner sa tête sur les murs de son bassin, un grand requin blanc est mort la semaine dernière dans un aquarium japonais. Mais ce n'est que le dernier épisode d'une bien triste saga : celle de l'animal qu'aucun zoo n'a jamais su dompter.

Le requin, un mâle de 3,50m de long, avait été capturé au large des côtes japonaises, et fut quelques jours durant l'unique grand blanc à vivre en captivité. Après être arrivé à l'Aquarium Churaumi d'Okinawa la semaine dernière, il refusa toute forme de nourriture et, selon un communiqué, « vit son état se dégrader subitement. » Le requin est mort vendredi dernier.

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Great white shark dies at Blue Planet SocietyJanuary 8, 2016

Le grand requin blanc, sans doute le prédateur le plus redouté des océans, et très certainement l'un des plus importants, est réputé pour très mal supporter la vie en captivité. Le premier à être enfermé dans un bassin le fut au SeaWorld de San Diego, en 1981. Il fut relâché après seulement 16 jours. En 2004, l'Aquarium de la baie de Monterey, en Californie, accueillit une femelle pendant 198 jours, parvenant à la nourrir en captivité pour la toute première fois. Mais elle finit par attaquer deux autres requins présents dans le même bassin, et fut relâchée dans la nature peu après. D'autres grands blancs ont connu la vie en bassin, mais la plupart ont été relâchés ou ont péri en captivité.

Il existe plusieurs facteurs qui expliquent que les grands blancs soient de très mauvais candidats à la captivité, le principal étant sans doute leur propension, en tant qu'espèce migratoire, à parcourir de très longues distances. Des chercheurs ont constaté que des requins équipés de systèmes de localisation étaient parfois retrouvés à l'autre bout de la planète ; en 2014, l'un d'entre eux traversa même intégralement l'océan Atlantique. Les grands blancs ont également besoin d'évoluer dans une grande quantité d'eau, et de se déplacer en permanence pour que de l'eau glisse sur leurs ouïes et leur permette de respirer. Tout cela constitue un véritable cauchemar logistique pour les aquariums.

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Dans bien des cas, y compris le plus récent au Japon, on a vu des grands requins blancs placés en captivité cogner leur nez de façon répétée sur les parois de verre de leur bassin. Celui de la baie de Monterey développa même une blessure assez sérieuse à force de heurter les murs de verre. Ce problème est certainement aggravé par le sens de l'électroperception, très développé au sein de l'espèce, qui permet aux requins de détecter les charges électriques présentes dans l'eau qui les entoure. Des chercheurs ont avancé l'hypothèse que cela pouvait interférer avec leur capacité à repérer les parois de verre, en raison de leur charge électrique extrêmement faible.

Les grands requins blancs sont aussi nettement plus agressifs que la plupart des créatures dont les aquariums raffolent, comme par exemple les raies manta ou les tortues de mer. Contrôler ce genre d'animal n'a rien d'évident :

Nourrir un grand blanc peut aussi s'avérer très problématique. Ces superprédateurs se nourrissent généralement de proies vivantes, sauf si la nourriture se fait vraiment rare. Les employés de l'aquarium devraient donc faire en sorte de fournir des animaux vivants aux requins, ce qui est à la fois compliqué à gérer sur un plan logistique et peu ragoûtant pour le public.

Il est difficile d'imaginer qu'un autre aquarium veuille à nouveau tenter l'aventure, étant données les expériences passées. Mais si l'on en juge par les événements de la semaine dernière, il se trouvera toujours des gens pour essayer, coûte que coûte.