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Culture

Le guide Creators de la Nuit Blanche 2016

D'Anish Kapoor à Rodrigo Braga : 5 immanquables à ne pas manquer demain soir dans Paris.
Cleon Peterson, Endless sleep, sous la Tour Eiffel.

C'est la première fois que la Nuit Blanche donne envie. La première fois qu'elle est pensée et bénéficie d'un commissariat, en l'occurrence pour cette 15ème édition celui de Jean de Loisy président du Palais de Tokyo.

Cette veillée artistique se veut volontiers cette figure maternelle qui nous prend par la main et nous lit une histoire avant de dormir. Sauf que l'on ne dormira pas. D'est en ouest, il faudra suivre Poliphile, se mettre dans ses pas et retrouver Polia dont ce héros grec humaniste du XVeme siècle n'a plus la trace. Cinq temps forts pour retrouver cette fugitive.

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Rodrigo Braga, bassin du Palais de Tokyo

Brésilien, Rodrigo Braga a su voir dans les pierres de Paris constellées de fossiles, le souvenir d'une mer. Un matin, alors qu'il était sur les berges de la Seine de l'Ile Saint Louis, ses yeux attentifs et poétiques ont en effet vu dans le détail de la pierre blanche, la forme en creux laissée par un coquillage. Le projet est né d'une réalité magnifique : il y a 45 millions d'années Paris était immergée sous une mer tropicale. Braga a voulu recréer dans le bassin du Palais de Tokyo le scénario de cette mer qui se retire et laisse apparaître dans une anse les scories du temps. Il fige une image du passé et la suspend dans l'éternité. Pour cela, il a fallu tailler des pierres, immenses parfois, aujourd'hui disposées dans le bassin par dizaines, auprès des compagnons présents auprès de lui dans l'entreprise France Lanord et Bichaton à Nancy qui s'est associée au vaste programme SAM arts Projects de Sandra Hegedus qui chaque année produit dans le cadre d'une résidence une exposition pour le Palais de Tokyo. Le cru est divin, cette année.

20, avenue de New-York, 19h - 7h

Abraham Poincheval, Gare de Lyon

Abraham Poincheval, La vigie urbaine, dans le cadre de l'exposition « L'épais réel » à la Criée, Rennes, 2015. Photo - Benoit Maurras. Courtesy de l'artiste et de la galerie Semiose.

Dormir dans le ventre d'un ours empaillé dans le Musée de la Chasse a fait connaître au grand public le travail de l'artiste Abraham Poincheval. Il avait aménagé là, au creux de la bête les affaires pour sa survie. A travers la peau, on l'entendait bouger, dormir, vivre et la performance ne volait pas son nom, elle en était bien une, une épreuve même parfois douloureuse dans un espace si exigu et sans air. A peine plus grand ici pour cette nuit blanche, sa plateforme suspendue dans les airs. Avec le risque de tomber. Rien que de le regarder, le vertige nous saisit au creux du ventre. Et si l'artiste mourait pour son art ? L'idée traverse l'esprit. Alors qu'il guette Poliphilie, nous attendons, nous, qu'il descende, sain et sauf de son mât.

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19H parvis Louis Armand, Gare de Lyon

Anish Kapoor, Square du vert galant

Anish Kapoor, Descension, simulation du projet Nuit Blanche, 2016. Courtesy de l'artiste

Un vortex violent agitait les tréfonds des Jardins du Château de Versailles lors de la récente exposition de l'artiste Anish Kapoor. Ce même vortex vrombira pour la Nuit Blanche dans les eaux de la Seine. A l'endroit où les corps furent jetés lors de la Saint Barthélémy. Là aussi où les cendres d'André Breton furent dispersées. Un temps pour le recueillement s'imposait, c'est sans doute ici qu'il trouvera son lieu pour les parisiens récemment tant meurtris et encore traumatisés. La beauté de la pièce, grande typhon tourbillonnant qui aspire tout sur son passage et formant un trou qui happe les souvenirs, saura guérir les cœurs blessés. Au moins les apaiser.

Visible depuis le Square du Vert Galant 19h - 7h

Stéphane Thidet, parvis de l'Hôtel de Ville

Avec Solitaire, Stéphane Thidet, proposait au Collège des Bernardins une installation d'une beauté fragile qui tenait de la vision. Un paysage qui prenait place dans la sacristie de cet ancien lieu de culte du XIIIe siècle, plongé dans le noir et inondé, où tournoyaient deux troncs d'arbres comme deux amants qui ne voulaient plus se toucher. Amoureux solitaires. Ici sur le parvis de l'hôtel de Ville, son installation tiendra aussi de la vision. Et là aussi, les arbres auront leur rôle à jouer. Au-dessus  d'un  lac  gelé  de grandes souches tourneront jusqu'au petit matin. Un spectacle de la nature, inquiétant, pénétrant, au centre de la jungle urbaine. Parvis de l'Hôtel de Ville, 19h - 7h

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Cleon Peterson, Tour Eiffel

L'immédiate force de la fresque peinte au sol de Cleon Peterson fera oublier le vertige des visiteurs suspendus à près de 60 mètres dans les airs, au premier étage de la Tour Eiffel. En bas, la danse de figures dédoublées s'acharne et s'évertue à chasser la tristesse par une ronde gaie et amoureuse. Mais, toujours pointe dans le travail de cet artiste une bonne dose de nonchalance noire et ténébreuse. C'est cela qui nous le rend intrigant. Car on ne veut pas de programme lisse pour cette Nuit Blanche toute tournée vers la figure de l'amoureux transi qui souffre avant de pouvoir retrouver Polia. En chiffres, l'œuvre pèse lourd : 700 m2,  260 litres de peinture, 300 heures  de travail et 10 peintres. Le résultat affiche pourtant une certaine sobriété, une forme de radicalité aussi. La palette elle-même, gris, blanc et noir, indique qu'il faut quand même prendre l'amour avec quelques pincettes.

De 22h à 1h, accès au premier étage de la Tour Eiffel

Retrouvez Nuit Blanche sur le site de l'évènement ainsi que sur le compte Instagram dédié
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