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L’artiste qui aidait la NASA à capturer des astéroïdes

La NASA a eu recours à un illustrateur hollywoodien afin de l’aider à modéliser sa prochaine cible : l’astéroïde 16 Psyché.

"J'ai reproduit la forme globale de l'astéroïde ainsi que le positionnement de ces deux grands cratères de manière très précise" m'explique Rubin. "L'ASU m'a envoyé des données radar que j'ai converties en mesh 3D. Ensuite, j'ai sculpté la forme de l'astéroïde en modélisant les escarpements, les falaises, les champs de soufre, les volcans, les cratères et autres reliefs visibles. Enfin, la caméra a été disposée de telle manière à donner l'impression de survoler l'astéroïde".

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Le travail acharné de l'équipe interdisciplinaire de la mission Psyché a été couronné de succès : la NASA a récemment validé la mission vers "ce monde nouveau", comme le décrit Elkins-Tanton.

Mesurant environ 210 kilomètres de diamètre, on pense que l'astéroïde correspond en fait au noyau brut d'une protoplanète de la taille de Mars qui aurait été dépouillée de ses couches externes par des collisions extrêmement violentes avec d'autres corps célestes. Cela en fait un objet extrêmement attractif pour les scientifiques, mais aussi pour l'industrie minière : Psyché possède une vaste réserve de dépôts de fer, nickel, et autres métaux. L'annonce de la mission a généré une nouvelle vague de prédictions sur l'exploitation minière des astéroïdes, que de nombreuses entreprises ont déjà en vue.

Nous découvrirons à quoi ressemble vraiment l'astéroïde lorsque la sonde Psyché atteindra sa cible, vers 2030. En effet nous ne disposons pour le moment que de peu d'informations sur son aspect réel, et c'est là que la collaboration entre Rubin et Elkins-Tanton prend tout son sens : il s'agit combiner données scientifiques brutes et extrapolations artistiques afin d'incarner le mystère de Psyché 16 au sein d'une vidéo un peu rock'n'roll.

"Ce que vous voyez en observant les représentations de Psyché, c'est le produit de la réflexion de toute une équipe", m'explique Rubin. "Certains aspects de l'astéroïde illustrés ici n'existent peut-être pas dans la réalité : ce n'est pas à cause de mes divagations d'artiste, mais du fait de la nature partielle des données spectrographiques et radar dont nous disposons à l'heure actuelle."

Psyche's origins

Représentation des origines de Psyché selon Rubin. Image : Peter Rubin for JPL.

Rubin a donc trouvé un compromis entre données d'observation brutes et langage cinématographique afin d'illustrer divers concepts de la NASA, comme des missions vers Mars ou vers les lunes de Saturne Encelade et Pandora. Pour cela, il s'inspire d'autres illustrateurs scientifiques tels que le grand Chesley Bonestell.

"Ce que j'apporte aux projets, c'est avant tout une sensibilité cinématographique", explique Rubin. "Une vision totale de l'objet à découvrir, qui outrepasse l'objectivité scientifique pure pour apporter quelque chose de plus naturel, de plus émotionnel. J'ai bossé très dur sur le projet Psyché afin d'obtenir ce rendu. Je voulais que le spectateur ressente une certaine tension en regardant la vidéo, que son imagination le porte vers l'anticipation, l'attente, que l'astéroïde s'incarne dans son esprit comme un objet tangible qui nous attend dans l'espace".

Ce genre de vidéo permet non seulement de susciter l'adhésion du public face à l'investissement dans des missions spatiales extrêmement coûteuses, mais également de promouvoir des missions d'exploration spatiale dont les moyens sont hélas réduits chaque année. Si la beauté excite l'imagination, elle stimule aussi les investisseurs.