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Music

Quand Dior veut rimer avec hardcore

A$AP Rocky, Boy George, du gabber et les moshpits de Dan Witz : tel était le programme pour le moins épicé du dernier défilé de la marque pour une collection baptisée « HarDior ».

Nos confrères de The Creators Project vous parlaient il y a quelques mois de l'artiste Dan Witz, un new-yorkais qui peint des tableaux hyper réalistes de moshpits. Eh bien figurez-vous que ses peintures défraie les gazettes mode depuis ce week-end. La raison ? Dior a décidé de les imprimer et de les faire porter par ses mannequins lors de la dernière fashion week homme, clou d'une collection baptisée HarDior. Haha.

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Passons sur les cravates fines et les épingles à nourrice (punk !), les accessoires « candy boys » (inspirés de la scène hard house) ou les looks gabber (inspirés de la scène gabber, hey !), ça a déjà été vu et revu. La mode est un grand fourre-tout et scoop : les subcultures la nourrissent et lui permettent de mélanger street et luxe depuis la nuit des temps. Cependant, le hardcore pur et dur, le vrai, l'électrique, celui dont les rites de concerts fascinent les âmes les plus réfractaires à la violence, n'est pas vraiment familier des podiums (à défaut d'être sur les T-shirt de vos célébrités préférées). Kris Van Asshe, le directeur belge de la ligne homme Dior, fait partie de ces créatifs qui vibrent pour ces jeunes à la fois stricts et excentriques voués corps et âmes à leur chapelle musicale, et nous explique en quoi consiste sa dernière collection :

Dior aurait au moins pu faire mosher ses mannequins, mais même pas, la marque s'est contenté de motifs imprimés sur des capes et bombers. Tellement mode que le rappeur A$AP Rocky s'en est même fait un ensemble tout denim. Regardez-le gambader ci-dessous, suivi de près par son compère A$AP Ferg :

A$AP Ferg qui, pas plus tard qu'en décembre dernier, sortait le clip de son morceau « Uzi Gang » en compagnie de Lil Uzi Vert et Marty Baller tourné, je vous le donne en mille, façon vidéo de hardcore (et réalisé par Adam Degross), avec carrément des extraits de concert de Xibalba (un groupe de l'ouest de Los Angeles); moulinets et stage diving en veux-tu en voilà. En effet, le crossover hardcore/rap ne date pas d'hier, mais alors que le concept de scène ne semble plus rien vouloir dire, c'est amusant d'observer des rapprochements improbables comme celui-ci (Xibalba doit vendre à peu près 100 000 fois moins de disques que la famille A$AP).

La morale de tout ça ? Aucune. Premièrement : ne comptez pas sur moi pour crier à l'appropriation culturelle (oui, ça marche dans les deux sens). Et deuxièmement : vous savez pertinemment que les contre-cultures n'existent plus (ça a eu lieu bien avant que Turnstile ne soit dans GQ, hein), même si, j'en conviens, ça reste toujours beau et sain d'y croire. Alors si tout ça fait délirer les bloggeuses du New York Times ou de High Snobiety, eh bien tant mieux. J'espère juste voir un circle pit dans le prochain clip de JUL, là, on pourra enfin envoyer les USA se faire foutre.

Rod Glacial fait grève sur Twitter.