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Culture

3 surprises cachées dans des objets historiques

Attention, un trésor peut en cacher un autre.
Image de Une : Les restaurateurs du Natural History Museum de Londres autour d'un poisson-lune centenaire. Photo publiée avec l'aimable autorisation du Natural History Museum de Londres.

Derrières les portes closes d'institutions d'art des quatre coins de la planète, se cachent des machines à remonter le temps et autres chambres d'investigation. On y voit ressortir de ternes chefs-d'œuvre aussi éclatants qu'à leurs premiers jours ; on y perce des secrets de maîtres ; on y met à jour des compositions secrètes planquées dans de célèbres toiles. The Creators Project vous fait entrer dans ces laboratoires de restauration.

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Si vous êtes un jour invités à un dîner en même temps qu'un restaurateur de musée, débrouillez-vous pour vous asseoir près de cette personne. Elle a forcément plein d'anecdotes passionnantes à vous raconter sur son job. Les restaurateurs passent une bonne partie de leur temps à épousseter des vieilles croûtes mais ils peuvent aussi scanner des momies millénaires, rafistoler de vieux parchemins japonais ou préserver des restes humains. Parfois aussi, ils mettent la main sur des objets réservant quelques surprises, pour peu que l'on prenne la peine de les inspecter soigneusement.

Des craquelures sur la peau du poisson-lune. Photo publiée avec l'aimable autorisation du Natural History Museum de Londres.

Les restaurateurs du Natural History Museum de Londres devaient s'occuper depuis un moment d'un poisson-lune géant de leurs collections. La créature empaillée de trois mètres de long menaçait à chaque instant de se désagréger, des fissures béantes laissant largement voir la paille qui avait servi à le rembourrer il y a plus d'un siècle. Le spécimen avait été pêché à Port Jackson, à Sydney, le 12 décembre 1882 par le zoologiste Edward Ramsay et rapporté à Londres en 1883 pour l'Exposition internationale de pêche, puis donnée au Museum. Compte tenu de son poids, « ils n'ont probablement pas voulu le remporter », avançait le restaurateur Lu Allington-Jones dans une interview.

Le fragment du Sydney Morning Herald retrouvé dans le poisson-lune. Photo publiée avec l'aimable autorisation du Natural History Museum de Londres.

En plus des 25 sacs de paille, Allington-Jones et son équipe ont extrait un tas d'objets plus ou moins incongrus de la carcasse du poisson : des barres de fer, des lattes de plancher, des morceaux de chair datant de 1883 et un bout de papier journal du Sydney Morning Herald, datant du 26 janvier de cette année-là. Le morceau de papier était en boule mais les restaurateurs l'ont humidifié puis aplati pour pouvoir le lire. L'un des articlestraite de ce qui semble avoir été le premier tournoi de cricket Ashes, opposant l'Australie et l'Angleterre. « Nous espérons que le match sera joué dans un esprit de joyeuse compétition et que le combat pour le prix tant convoité sera excitant », lit-on.

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La restauratrice Jennifer Badger de l'Asian Art Museum, remontant une peinture sud-asiatique. Photo publiée avec l'aimable autorisation de l'Asian Art Museum.

À l'Asian Art Museum de San Francisco, c'est dans un autre objet issu d'une ancienne colonie britannique, qu'a été retrouvé une sorte de capsule temporelle. Le panneau de bois soutenant une peinture de Krishna du XIXe siècle, originaire de Thanjavur, en Inde, a été mangée par des insectes et des craquelures sont apparues à la surface de la toile. Les restaurateurs ont alors décidé de remonter la peinture sur un support plus stable. Ce faisant, ils ont découvert toute une page du Times of London, daté du 29 avril 1857. On y trouve un reportage sur une insurrection à Sarawak aux côtés d'une interview de Charlotte Brontë. Mais la découverte ne s'arrête pas là : une autre feuille était fixée au bois, des exercices de calligraphie anglaise, et des écrits dans une langue du sud de l'Inde.

À gauche : La déesse hindoue Krishna en infante, accompagniée par ses suivantes, vers 1860, Thanjavur, Inde. À droite : journal de 1857 retrouvé au dos de la peinture. Photo publiée avec l'aimable autorisation de l'Asian Art Museum.

Exercie de calligraphie anglaise et écrits sud-asiatiques retrouvés sur le support de la peinture de Krishna. Photo publiée avec l'aimable autorisation de l'Asian Art Museum.

Si toutes ces découvertes parviennent rarement à nos oreilles, elles font forcément le bonheur de quelqu'un. Nancy Craft, directrice du département de Préservation et Conservation de la Bibliothèque de l'université de l'Iowa, a évoqué pour nous les trésors cachés d'une tranche de livre par exemple. Les éditeurs ont parfois eu recours à des pages d'ouvrages sans grand rapport avec l'objet édité pour renforcer la tranche d'un livre. « On n'en trouve pas souvent mais on tombe dessus de temps à autre », dit-elle. « C'est l'une des petites récompenses de notre travail. »

Ce recueil de manuscrits irlandais de 1926 cachait des dessins dans sa tranche. Photo publiée avec l'aimable autorisation de l'University of Iowa Libraries.

Pour connaître plus de découvertes insolites, rendez-vous sur le site du Natural History Museum de Londres, de l'Asian Art Musem de San Francisco ou de l'University of Iowa Libraries.

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Voir la restauration d'un ancien parchemin japonais, et mourir
Comment garder l'art cinétique en mouvement
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