Une semaine en compagnie d'une militante de Benoît Hamon

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Élections 2017

Une semaine en compagnie d'une militante de Benoît Hamon

On a filé un appareil photo jetable à Mélina Manthoulis, 20 ans, pour qu’elle photographie son quotidien de campagne.

Pour ce nouvel article de la série « La vie des autres », on a filé un appareil photo à Mélina, jeune militante socialiste.


La campagne se termine, les sondages se stabilisent, les candidats font tout pour être en verve politique, le dénouement se rapproche, et une grande partie des électeurs s'en foutent ou n'ont toujours pas trouvé le bon cheval sur lequel miser – il y aurait près de 35% d'indécis parmi les citoyens sûrs d'aller voter. En gros, à part le prix des loyers, certains ne voient pas vraiment ce qui peut changer pour eux d'ici à 2022. Surtout chez les jeunes.

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Quelques candidats ont pourtant axé une grande partie de leur campagne sur la jeunesse. C'est le cas de Benoît Hamon, par exemple. Mais ça n'imprime pas – le candidat socialiste est passé sous la barre symbolique des 10 % d'intentions de vote. « Pour autant, rien n'est cristallisé ; et il ne faut pas se fier aux sondages, sur le terrain la dynamique est différente », m'a affirmé Mélina, militante au sein des Jeunes Socialistes.

Je lui ai demandé de documenter dix jours de campagne pour voir à quoi ressemblait le quotidien d'une militante PS à deux semaines du verdict des urnes. J'en ai profité pour lui demander si elle croyait au vote utile, si ce n'était pas démotivant de militer pour un candidat en baisse dans les intentions de vote, et si – selon elle – Macron était un candidat de gauche.

Mélina en compagnie d'un militant

VICE : Salut Mélina. Ça a donné quoi ces deux dernières semaines de campagne ?
Mélina : J'ai fait le Hamon Tour. Tous les jours on partait dans l'une des trois caravanes avec des militants pour aller de ville en ville et expliquer aux gens les valeurs du revenu universel. On dormait très peu et on expliquait le programme toute la journée. On a fait une région par semaine – on a descendu toute la frontière est. Parfois, on faisait quatre villes en une journée. C'était intense mais je trouve ça formidable de pouvoir parler d'une mesure aussi innovante que le revenu universel – et de l'écologie aussi – dans une campagne présidentielle.

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C'était quoi l'objectif ?
Rejoindre cent villes françaises pour parler du revenu universel. L'objectif était également de souder les militants. Je suis partie avec trois garçons – Malaury, Fabio et Aurélien. On était de trois villes différentes et on n'avait pas le même âge, mais on partageait les mêmes valeurs, on défendait le même projet. Ce genre de road trip nous forme aussi dans un sens, politiquement. Et puis on s'est bien marré. C'est pour tout ça que c'était intéressant.

Alors que de nombreux jeunes se désintéressent de la présidentielle, les autres votent majoritairement aux extrêmes. Tu vois beaucoup de jeunes intéressés par Hamon quand tu es sur le terrain ?
Déjà, je ne pense pas que Mélenchon soit à l'extrême gauche – il ne l'est plus en tout cas. Concernant les jeunes, oui, bien sûr que notre programme leur parle. C'est une ode à la jeunesse. On en a croisé beaucoup lors des primaires, et quand on était sur la route la semaine dernière.

D'accord. Revenons en arrière si tu veux bien. Tu es militante au sein des Jeunes Socialistes. Si ç'avait été un autre candidat du PS qui était sorti vainqueur de la primaire, tu serais allée militer ?
C'est assez délicat… Maintenant que je sais que Valls appelle à voter Macron, j'ai du mal à penser à cette question. Aujourd'hui, une partie du PS ne fait pas campagne pour Hamon, je trouve ça problématique. Je suis pour le rassemblement ; et si je suis militante aujourd'hui, c'est vraiment pour le programme de Benoît Hamon.

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OK. Tu parles de rassemblement. Macron, pour toi, c'est un candidat de gauche ?
Clairement pas. Macron n'est pas de gauche. Si t'es de gauche, tu ne votes pas Macron à la présidentielle, c'est évident.

Depuis combien de temps es-tu militante socialiste ?
Ça fait cinq ans. J'ai fait la campagne de Hollande quand j'avais 15 ans. J'attendais beaucoup de choses mais j'ai été déçue par son quinquennat parce qu'il n'a – en partie – pas fait les choses qu'il a promises. Les deux dernières années – Valls, la déchéance de nationalité, la loi Travail –, c'était trop pour moi.

« La police municipale d'une mairie de droite reçoit l'ordre de nous demander de partir alors que nous avions une autorisation de stationnement ».

La police municipale d'une mairie de droite demande aux jeunes socialistes de partir, malgré leur autorisation de stationnement

Les quatre premiers candidats sont quasiment à 20 % dans les sondages, tandis qu'Hamon est à 8 %. Même s'il faut se méfier des sondages, n'y a-t-il pas de baisse de moral quand on milite pour un candidat à la traîne ?
C'est pas simple. J'ai cru à l'alliance de la gauche mais ça ne s'est pas fait… Quand on est sur le terrain, on voit qu'il y a une dynamique Mélenchon, mais il y a aussi une dynamique Hamon qui n'est pas du tout relayée dans la presse ou visible dans les sondages. Je ne vois vraiment pas comment c'est possible qu'on soit en dessous de 10 % avec ce que je vois sur le terrain. Par contre, je peux te dire que la dynamique Macron est inexistante. Encore une fois, c'est pour ça que je me méfie des sondages.

Quand on est militant, le vote utile, ça existe ?
Bien sûr que je veux un candidat de gauche au second tour, mais le vote utile, ça n'existe pas. Je crois au revenu universel, je crois à l'Europe – une Europe réformée bien sûr –, alors il n'y a pas de compromis possible. On s'est battu pour avoir le droit de vote alors il faut voter pour ses convictions. On ne regarde pas les sondages – les sondages disent ce qu'ils veulent. Ce n'est pas eux qui vont nous dire pour qui voter quand même ! Et les sondeurs ne m'ont jamais demandé pour qui j'allais voter, alors bon…

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Moi non plus. Tu penses donc que Benoît Hamon peut être au second tour ?
Oui, évidemment ! J'y crois parce que je vois ce qui se passe sur le terrain tous les jours. Et c'est positif.

Ça roule. Merci, Mélina.

Felix a son site internet.

Jeune homme de 18 ans dormant dans la rue, venu au stand pour récupérer des goodies

Au café avec trois potes : l'un vote Mélenchon, les deux autres Hamon.

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Sur le départ devant le QG de Benoît Hamon à Château d'Eau.

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Les jeunes socialistes de Besançon avec une sculpture de Victor Hugo réalisée par Ousmane Sow.

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