Culture

Miranda, la moins détestable des personnages de « Sex And The City »

Cet article a été initialement publié sur Broadly.

C’est de notoriété publique : même si on adore tous (et toutes !) Sex And The City, les protagonistes de ce classique de la série télé sont tous détestables.

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Cette semaine, on fête les dix ans du film adapté de la fameuse série : une bonne raison pour passer son week-end à revisiter cet univers si tendance, ses fontaines de Cosmo, ses bataillons de beaux célibataires qui vous promettent mille et une nuits endiablées, et ses deux ou trois personnages non-blancs. Redécouvrons ces jeux de mots qui ont marqué à jamais la mémoire collective, ces gags absurdes, et cette galerie de personnages superficiels, sûrs d’eux et dénués de toute morale. Et puis, il y a Miranda Hobbes.

Comme l’a résumé Emily Nussbaum, du New Yorker, la série offre quatre archétypes en guise de personnages centraux : la Salope, la Sainte-Nitouche, la Carriériste, et enfin, l’Héroïne (même si on peut affirmer sans l’ombre d’un doute que cette dernière, Carrie, est, pour être exact, la « première anti-héroïne » de l’histoire de la télévision). Face à ces clichés ambulants, on peut facilement se demander si la Carriériste, Miranda donc, n’est pas la seule à laquelle on a envie de s’identifier.

Pour répondre, voici un florilège de moments clés associés à chaque « personnage », histoire que vous les ayez bien en tête la prochaine fois qu’on vous demande quel personnage de Sex And The City vous êtes :

Samantha Jones

  • Parvient, dans un seul et même épisode, à dire « Il n’y a pas de blancs, de noirs ou que sais-je, il n’y a que des conquêtes » avant d’évoquer la « grosse bite de noir » de son partenaire.
  • Largue l’homme qu’elle aime à cause de son « trop petit » pénis.
  • Sort des inepties du genre « Je ne crois pas qu’il y ait un Parti Républicain ou un Parti Démocrate. Il n’y a que des partis. »
  • Se rend coupable d’un crime de haine pur et simple contre une travailleuse du sexe trans.

Charlotte York (MacDougal/Goldenblatt)

  • Force son futur mari à s’épiler le dos à la cire, condition sine qua non pour qu’elle l’assume en société ; par ailleurs, le rabaisse sur son apparence à plusieurs reprises.
  • N’arrête pas de juger la façon dont ses amies gèrent leur vie sexuelle, alors même qu’elle enchaîne les mecs, plus ennuyeux certes, et uniquement des blancs, à peu près au même rythme qu’elles.
  • Est républicaine.
  • Raciste, aussi : elle refuse de manger quoi que ce soit à la table d’un cinq-étoiles, sous prétexte qu’« on est… au… Mexique ! ».
  • La pire de toutes, sans hésiter.

Carrie Bradshaw

  • La pire amie au monde : alors que son fétichisme pour les chaussures à plus de 400 dollars l’a, comme elle le reconnaît elle-même, endettée jusqu’au cou, elle espère qu’on va lui prêter de l’argent.
  • Une très mauvaise écrivaine sans aucune éthique (n’oublions jamais cette fois où elle a dévoilé le fétichisme de Roger Sterling pour la golden shower, alors que l’attitude de ce dernier ne méritait carrément pas une humiliation publique, et encore moins qu’on lui bousille sa carrière).
  • Ne croit pas en l’existence de la bisexualité ; elle dit même à un homme bi, les yeux dans les yeux, que pour elle, son identité n’est qu’« une autoroute vers Gayland. »
  • Largue ce même mec bisexuel au cours d’une fête, sans même lui dire au revoir, et trouve quand même le moyen de venir pleurnicher quand elle se fait larguer par post-it.
  • La White Feminist de service : elle se prend pour une patronne exemplaire d’empowerment sous prétexte qu’elle écrit sur le sexe, alors qu’en parallèle elle juge sa « meilleure amie » Samantha parce qu’elle a couché avec une femme.
  • Une blanche persuadée d’avoir inventé le collier prénom..
  • Responsable de cet étrange accent dégueu, mélange curieux d’appropriation culturelle et de hate speech ; appelle également « dragueuses de mon cul » les personnes trans travailleuses du sexe.

Miranda Hobbes

  • Se fait un temps passer pour une lesbienne afin de gravir les échelons (au sein d’un cabinet d’avocats où tous ses collègues sont mariés et, comme ils partent du principe qu’elle est homo, lui arrangent un coup avec une femme !)
  • Têtue, elle est très dure avec les gens qui la ménagent trop (comme tout le monde, non ?).
  • Veut baiser un sandwich (ça se comprend).
  • Fermement opposée à l’anulingus.

Bien sûr, Miranda a quelques défauts (Le pire ? Sans doute sa sévérité envers les gens qui bouffent des culs), mais la série la désigne sans arrêt comme LA salope cynique de service. Revoir la série et les deux films, c’est se rendre compte que cela reste une ambition préférable à la frivolité de ses comparses. Miranda gagne sur tous les tableaux : sa carrière couronnée de succès, sa maison à Brooklyn, son mari, son bébé, et même son chien.

Alors la prochaine fois qu’on vous demande quel personnage de Sex And The City vous êtes, réfléchissez bien : êtes-vous plutôt une Charlotte (une Républicaine), une Carrie (la pire amie possible), une Samantha (celle qui a agressé une femme trans) ou une Miranda (la future gouverneure de l’État de New York) ?