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90 minutes de hardcore certifié rue des années 90


Sob, guitariste de Merauder, visiblement en pleine séance de violent dancing

« Soupçonné d’être une ‘balance’, il est poignardé en pleine rue » ; ce pourrait être l’épitaphe sur la tombe du hardcore groove metal (1990-1995) qui a sévi sur toute la côte Est américaine avant d’être récupéré par les majors et d’enfanter de tristes sires comme Limp Bizkit ou Crazy Town. Ce style n’est pas vraiment un style à proprement parler mais découle du NYHC des années 80 qui avait déjà un passif crossover né au milieu de la décennie, entre le hardcore punk et le thrash metal (voir S.O.D., Cro-Mags, Leeway ou Crumbsuckers). On peut avancer sans trop de risques que Biohazard, formé à Brooklyn (vivier de tous les groupes que vous allez entendre plus bas) en 1987 et dont le premeir album sort en 1990, sont ceux qui vont établir tout ce délire. D’un point de vue esthétique, dans la longue tradition new-yorkaise, les mecs sont à mi-chemin entre le look skinhead, le metal et le hip-hop. Ils reprennent l’intro du film Les Guerriers de la nuit au début du titre « Wrong side of the tracks » et on les retrouvera sur la mythique B.O. du film Judgement Night en 1993, en duo avec Onyx, pour vous situer. Ce sont également eux les premiers à signer un deal avec le label Roadrunner (pour leur deuxième album au blase évocateur, Urban Discipline) qui deviendra la locomotive de tout le genre, regroupant des formations a priori aussi éloignées que Life Of Agony et Madball.

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De là, en prenant en compte l’ombre de Suicidal Tendencies et la formation récente de Body Count, des paquets de groupes avec un background bien moins middle-class que le hardcore traditionnel vont se mettre à ralentir le tempo, à foutre de la basse partout, à utiliser systématiquement une caisse claire qui claque, un phrasé plus parlé que hurlé, des fameuses guitares chugga chugga et à laisser une part importante à la mosh, ou violent dancing. On ne parle pas encore de fusion. Le virus se répand sur tout le Nord de la côte Est américaine, de Cleveland à Long Island, du Maryland au Massachussets. Il faut sonner heavy à tout prix (c’est d’ailleurs l’hymne de Next Step Up, groupe de Baltimore), et être belliqueux (le meilleur exemple en la matière restant justement la Demo 1993 de Merauder). Côté rue, on ne compte plus les légendes entourant le DMS crew (bande gravitant autour des groupes Agnostic Front et Madball), accusée de tabasser des punks, ou du chanteur de Bulldoze (créateurs du style beatdown) qui avait paraît-il tuer un mec d’un coup de poing (!), et je ne parle même pas de Rick Healey, leader de 25 Ta Life, qui a depuis droit à sa communauté sur Facebook. Prison, gangs, violence, réalité, fiction, on se sait plus bien où on en est quand Krutch, groupe de Pennsylvanie, choisit un passage de Il était une fois le Bronx dans lequel De Niro dit à son fils que ce n’est pas le criminel le tough guy, mais bien le working man. À méditer.

La streetlife n’est pas une source d’inspiration pour la plupart de ces groupes, mais juste leur quotidien. On s’habille désormais en muscles, en tatouages, en baggy et maillots de basket XXL, teinture blonde et colliers à boule pour les plus chanceux. Pas étonnant de tomber sur des affiches insolites aujourd’hui, Madball en concert avec les Beatnuts, 25 Ta Life sur un festival avec Smif N Wessun, etc. Le hip-hop, surtout le graffiti et le rap, surpasse Black Flag et le skate dans la mythologie hardcore de l’époque qui développe même un slang issu de la rue, les The deviennent des Da, les To des Ta, les S des Z et une pluie de « motherfuckerz » s’abat lors de chaque break de chanson. Au-delà de simples tics agaçants qu’on pourrait rattacher aux wiggers, cette mini-révolution va faire naître une scène dépolitisée, soit, mais finalement aussi riche que celle des 80’s, avec des groupes quasi expérimentaux comme Lament, Crown Of Thornz ou Section 8. Cette période est impeccablement immortalisée dans le film N.Y.H.C – A documentary. L’exposition de ce courant a influencé la majeure partie du hardcore rançais (Hate Force, qui s’autorise samples de Scarface et scratchs dès 91, Kickback évidemment, puis très vite toute la vague du hardcore rennais) et on la retrouve aujourd’hui encore chez des groupes comme Mizery, Higher Power ou Turnstile.

Assez parlé, voilà 25 morceaux de hardcore chopped & screwed pour vous téléporter dans le New Jersey en 1993 :

La tracklist :

BIOHAZARD – « Wrong side of the tracks » (1990)
HATE FORCE – « Step off » (1991)
SUB ZERO – « Waiting » (1991)
THE ICEMEN – « The harsh truth » (1991)
LAMENT – « Interreaction » (1991)
LEEWAY – « Who’s to blame » (1991)
NOBODY’S PERFECT – « Forceful tactics » (1991)
DMIZE – « Soul search » (1992)
ONLY LIVING WITNESS – « Twitching tongues » (1992)
WORLDS COLLIDE – « Absolute » (1992)
SICK OF IT ALL – « The shield » (1992)
MERAUDER – « Besiege the masses » (1993)
25 TA LIFE – « Separate ways » (1993)
BULLDOZE – « The truth » (1993)
NEXT STEP UP – « Heavy » (1993)
LIFE OF AGONY – « Method of groove » (1993)
MADBALL – « Set it off » (1994)
VISION OF DISORDER – « D.T.O. » (1994)
ELEMENTS DEC – « The game ain’t the same » (1995)
CROWN OF THORNZ – « Mental masquerade » (1995)
KRUTCH – « My way » (1995)
THE SPUDMONSTERS – « Bloodline » (1995)
SECTION 8 – « Chapter 11 » (1995)
KICKBACK – « Start of the end » (1995)

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Rod Glacial souhaite un bon anniversaire à Eddie Leeway ! Il est sur Twitter.