Mossless en Amérique est une colonne qui parle de photographie et où seront publiées différentes interviews de photographes. Cette série sera réalisée en partenariat avec les ogres de Mossless magazine, une revue photo dirigée de main de maître par Romke Hoogwaerts et Grace Leihg. Romke a lancé Mossless en 2009. À l’époque, ce n’était qu’un site dans lequel il interviewait un photographe différent tous les deux jours. Et depuis 2012, Mossless magazine sort en version papier ; ils ont sorti deux numéros, chacun se rapportant à un type de photographie en particulier. Mossless s’est fait remarquer en 2012 lors de l’exposition du Millennium Magazineau Musée d’art moderne de New York, puis a reçu le soutien de l’organisation Printed Matter. Leur troisième numéro, consacré à la photographie documentaire américaine des années 2000, s’intitulera « The United States (2003-2013) » et sortira au printemps prochain. Chopez-le.
Morgan Ashcom est né et a passé sa vie dans une ferme de Free Union, en Virginie. Très jeune, il prenait sa caméra pour filmer ses amis skateurs, mais au fil du temps, il est passé de la vidéo à la photographie. Sa série West of Megsicose sert de Skatopia, une petite communauté anarchiste de skateboard résidant dans la campagne de l’Ohio, comme d’un espace lui permettant de créer une synthèse entre le monde naturel et sa propre imagination, son expérience.
Mossless : Vous skatez ?
Morgan Ashcom : Non, plus maintenant. J’ai commencé le skate à 12 ans et j’ai arrêté à 26 ans. J’ai eu beaucoup de fractures et lorsque j’ai eu l’impression que mon corps avait le double de mon âge véritable, j’ai arrêté.
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Comment décririez-vous l’ambiance à Skatopia ?
Je ne peux pas réellement vous décrire l’ambiance et je suis certain que mes photos ne le peuvent pas non plus. Faire des photos à Skatopia m’intéressait, non pour la cohésion dans cette communauté, mais parce que je me sentais libre de prendre des risques.
Comment la communauté de Skatopia est-elle perçue par ses voisins ?
Je pense qu’ils le perçoivent comme un environnement où les gens vivent et laissent vivre.

Vous avez étudié la photo à l’Université de Hartford, dans le cadre du Master des Beaux-arts. Pouvez-vous nous raconter comment c’était ?
C’est un Master conçu comme une « résidence limitée », ce qui signifie que vous bénéficiez d’une grande liberté de choix quant à l’endroit où vous souhaitez vivre, et quant à ce sur quoi vous voulez travailler. Dans ma promotion, il y avait beaucoup d’étudiants internationaux : certains vivaient en Islande, au Japon, en Allemagne, en Argentine, au Brésil et à travers les États-Unis. On se rassemblait trois fois par an. On se voyait à l’Université de Hartford deux semaines pendant l’été, à New York ou à San Francisco en automne, et à Berlin au printemps. Peu importe l’endroit où l’on se rencontrait, l’Université s’arrangeait pour organiser des visites d’atelier avec des artistes et des curateurs sur place. En dehors des séances en personne, on prenait des photos, on bossait chacun de notre côté et on échangeait lors de visioconférences. C’est à cette occasion que nos directeurs de thèse nous faisaient part de leurs critiques, de leurs remarques.
Mon expérience à Hartford a été et restera inégalable. Elle m’a permis d’avoir des retours très enrichissants sur mon travail et, au bout du compte, cela a beaucoup influencé ma façon de photographier.
Vous considérez que vous faites de la photographie documentaire ?
Pour moi, le mot « documentaire » implique que la première préoccupation du photographe, c’est de décrire les choses telles qu’elles sont : le souci de l’environnement social, psychologique, politique, historique. Je ne crois pas que mon travail s’inscrive là-dedans. Je suis un photographe, et c’est tout.
De nombreux éléments issus de Skatopia ont constitué un matériau dramatique très utile, mais ils servent des objectifs très différents selon qu’on les retrouve dans West of Megsicoou à Skatopia même. Les photos qui en ont résulté et la façon dont je les ai agencées proviennent d’un mélange d’imagination, d’observation et d’expérience personnelle. Je travaille de cette manière parce que ce qui m’intéresse, c’est de regarder des photos qui proposent un vaste champ de possibilités et d’interprétations. C’est-à-dire que j’aime les voir apparaître comme des faits, mais qu’en même temps elles suggèrent quelque chose qui va au-delà du monde visible.
Morgan Ashcom est un photographe qui vit désormais à New York.
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