MEILLEUR ALBUM
FUTURE
Purple Reign
Mixtape
Videos by VICE
Ça doit être chiant d’être Future. Je comprends sa dépression plus ou moins permanente et sa chute inexorable dans le Sprite mélangé à la Prométhazine. Je comprends sa mine déconfite. Je comprends ses érections, autrefois vigoureuses, aujourd’hui tristement contrariées par les soucis. Future domine tellement le corps de métier rap, avec une telle assurance et un tel professionnalisme, avec une telle insolence et une constance probablement insupportable pour ses détracteurs, qu’il y a en effet de quoi être triste de se lever, chaque jour, et de ne pas trouver le moindre adversaire auquel se confronter.
JIMMY MORE HELL
PIRE ALBUM
MYA
Smoove Jones
Planet 9
La dernière fois que j’ai vu Mýa, aux alentours de l’année 2000, elle était en train de danser frénétiquement autour d’une barre de fer dans un désert australien avec une armée d’amazones. Visiblement, elle a disparu de la surface de la Terre au cours de ces seize dernières années, émergeant de temps à autre pour servir un rôle de composition dans un film ou faire un featuring avec d’autres chanteuses sur le déclin. Toujours est-il qu’elle est de retour, que son album ne révolutionne absolument rien, mais que son sourire et son enthousiasme continuent d’irradier les cinq couches atmosphériques de la planète R&B.
CUT KILLER MIKE
MEILLEURE POCHETTE
HARLEY FLANAGAN
Cro-Mags
171-A Records
La vie entière d’Harley Flanagan est une performance d’avant-garde. Il a tout fait avant les autres ; du punk à 12 ans, du hardcore-metal à 15, s’est sapé en skin anglais aux USA, a monté le meilleur groupe de l’Histoire, est passé de la rue à MTV, pour ensuite tout foutre en l’air, se faire kidnapper son bébé, dédier sa vie à la haine, jusqu’à « soi-disant » poignarder les anciens membres de son groupe un beau soir de juillet 2012 au Webster Hall de New York. Aujourd’hui, Harley a bientôt 50 ans et sort tout simplement un album qui s’appelle « Cro-Mags » (il est détenteur du nom, tu vas faire quoi ?) avec 12 titres compris intégralement dans le champ lexical de la vengeance et celui de la trahison. Musicalement, c’est du Discharge/Motorhead en mode 2016, la voix est surproduite, c’est sûrement lui qui a TOUT fait sur l’album (il a même créé un label pour le sortir) et, rien à foutre, ça défonce.
AUTANT EN EMPORTE L’EVENT
PIRE POCHETTE
BLAZE YO DEAD HOMIE
The Casket Factory
Majik Ninja
Blaze Yo Dead Homie est le chaînon manquant entre King Diamond (pour le maquillage) et la communauté Juggalo (pour tout le reste). Ce type lui a entre autres apporté un hymne (le sobrement intitulé « Juggalo Anthem »), peut se vanter d’avoir appartenu au label Psychopathic Records, et est une cible récurrente du site Juggalo Holocaust. De fait, si vous cherchiez encore une bonne raison pour vous pointer au gathering de cet été au fin fond de l’Ohio (le seul État américain dans lesquels se côtoient obésité morbide, T-shirt à messages pertinents, et bongs de taille humaine), la voilà.
AMERICAN JUGGALO
MIGOS
Young Rich Ni$$a$ 2
Mixtape
C’est officiel : les écouteurs que je viens d’acheter sont trop bien pour écouter du Migos. OK ils sont jaune fluo et j’ai en effet l’air d’être précisément ce que je suis lorsque j’écoute mon iPod avec dans la rue, c’est-à-dire un nerd délicat qui n’hésite pas à investir 60 euros pour que son cerveau puisse profiter des moindres fréquences sonores imposées par trois mecs objectivement débiles d’Atlanta, tout à fait, mais le vrai problème, c’est que mes écouteurs restituent avec trop de précision leurs cris, leurs répétitions, leurs gimmicks sardoniques et que j’ai une inclination plus ou moins sévère pour l’épilepsie et que là, tel que vous me voyez, j’hésite entre trembler, trembler et baver, ou ne plus jamais écouter le moindre morceau de musique avec ces écouteurs intra-auriculaires i-Sport de marque Monster.
KELLY SLAUGHTER
KANYE WEST
The Life Of Pablo
G.O.O.D. Music / Def Jam
« Je ne peux vraiment pas l’aimer, tout me fatigue chez lui, ses tentatives de trucs différents sont attachantes mais guidées par un truc qui n’a rien à voir avec de la folie ni du style, c’est hyper vain, hyper poussif, et même pas drôle sans faire exprès. Et dans le même temps je me hais d’être un hater de Kanye, c’est la pire position du monde. » Ainsi répondit Aquilino Morelle lorsqu’il fut appelé à participer à un 90 Minutes pour Convaincre au sujet du dernier opus de la plus fascinante pop star du XXIe siècle. Personnellement, je partage la position de cet énarque, pur produit de notre belle méritocratie, et j’ajouterais même que je me sens hyper mal d’être aussi gavé par un artiste – et en l’occurrence ici, par un disque – que le reste de ma communauté semble trouver réussi de bout en bout. J’ai seulement été ému par « Low Lights » cet après-midi, alors que je sortais d’une nuit agitée par la crève, mais le track sample tout un a cappella de Kings of Tomorrow. Bon après j’avoue, le piano et la basse de DJ Dodger Stadium ont un vrai truc « marcher vers le métro un soir d’automne », mais pour le reste, c’est dans le top 3 de mes pires expériences musicales après « Les Histoires d’A » des Rita Mitsouko en boucle dans ma tête par 42 de fièvre, et Romain B. James qui mettait My Beautiful Dark Twisted Fantasy le matin dans l’appart qu’on partageait à Brazzaville.
COMBIEN ÇA CROÛTE
KING
We Are KING
KING Creative
Je ne sais donc pas exactement comment vous expliquer l’amour que j’éprouve pour le R&B/nu-soul très progged-out des trois filles de KING. Leur album est plein de petits chemins sentimentaux et d’harmonies croisées ou décroisées, change souvent de plan, passe sans en faire des tonnes d’un lever de soleil enchanteur à une chambre d’adolescente amoureuse d’un mec qu’elle n’a pas tout à fait bien vu alors qu’il passait à vélo devant sa maison. C’est d’une douceur difficile à accueillir car elle n’offre ni vrai réconfort, ni sortie temporaire de la réalité. On n’est caressé que par la fuite du temps, qui comme d’habitude fait apparaître dans le cœur l’image soudain distincte des moments défunts de la vie, tristes ou joyeux, on s’en fiche. Mais c’est si bien rendu, les nanas ont l’air si ravies de jouer leur musique mélancolique, qu’on finit le disque en ayant envie de continuer, d’aller de l’avant, de persévérer dans son être et de laisser, les yeux levés vers le ciel blanc, les jours et les émotions se fondent les uns aux autres en attendant tendrement que se forment les précipités.
VINCENT L’HINDOU
SICKO MOBB
Super Saiyan Vol. 3
Mixtape
Cette tape est l’équivalent musical d’un paquet de Crocodiles multicolores gélifiés constitués à 90 % de dextrose et à 2 % de viande animale, c’est-à-dire qu’à la suite d’une première montée de glucose entraînant une libération momentanée de sérotonine dans tout le pôle gauche de votre cerveau, vous aurez envie de pleurer, de rire, puis de vomir, alternativement. Ce qui est une bonne chose, puisque c’est à ce genre de trucs que servent la musique, l’art en général, et le fait d’être un être humain.
BARUCH SPINOZOB
RIHANNA
Anti
Def Jam
Alors que les trois quarts des journalistes musicaux de la planète continuent de crier haut et fort leur déception envers ANTI, Rihanna doit se trouver sur un yacht quelque part dans les Caraïbes, vêtue d’un bikini échancré, un blunt excessivement tassé dans la main droite, en train de simultanément préparer sa conquête du monde et son futur rencard avec un footballeur millionnaire de deux ans son cadet. Je dois faire partie des rares individus à ne pas avoir attendu grand-chose de cet album, et par conséquent à ne pas en être déçue – si vous me cherchez, je serai en train d’écouter « Consideration » en boucle au cours de ces trois prochains jours, avant de l’oublier à tout jamais.
CHRISTINA A.C. MILAN
FINGERS INC.
Another Side(2016 Reissue)
Alleviated
Sous Reagan, tout était plus simple. Quand tu voulais devenir riche, il suffisait de se pointer à Miami, de s’inventer un nom hispanique et de se lancer à corps perdu dans l’importation de cocaïne. Quand tu voulais devenir un dragon, il suffisait d’aller à un concert de Megadeth. Quand tu voulais devenir junkie, il suffisait de monter un groupe. Quand tu voulais sortir un classique indémodable de funk transgenre hétéro-friendly, il suffisait d’avoir une TR-808 toute pourrie et d’essayer de faire du Prince.
FRIEDRICH SNITCH
PHIL COLLINS
Face Value(2016 Reissue)
Rhino Ent.
Trente-cinq années se sont écoulées depuis la sortie initiale de Face Value, agressant au passage le visage poupon et pourtant éternellement bienveillant de Phil Collins. Des années de fun à peine dissimulé avec ou sans Genesis, de hits à la pelle bourrés d’émotion et de calvitie toujours plus prononcée. On place aussi sur sa chronologie une BO Disney, pas décevante pour autant. Un album de reprises soul, aussi. Et la chorégraphie la plus infernale de l’histoire du clip vidéo (« I Can’t Dance », à mi-chemin entre Madness et le lip-dub de BDE). Ce type a tout fait, mais avec toujours plus d’amour, et de tolérance. Il a appelé MTV parce qu’ils diffusaient trop ses clips, a enchaîné dans la même journée les Live Aid de Londres et Philadelphie et donne encore sans compter à une bonne quinzaine d’associations. Ce qu’en a retenu notre génération d’attardés ? Que le prog-rock, c’est de la merde.
J-LO BIAFRA
JOHN CARPENTER
Dark Star Soundtrack
WRWTFWW
À l’époque où je m’étais dit que la faculté pourrait m’apprendre un truc sur le cinéma, ma prof de son m’avait fait chier avec le travail prétendument visionnaire de Tarkovski et Artemiev sur Solaris. Moi je lui avais rétorqué que c’était des conneries, et que je pouvais trouver la même chose dans Dark Star. Elle m’avait méprisé. M’étais-je senti déstabilisé ? Que dalle. Solaris date d’avant Dark Star, OK, mais Tarkovski et Artemiev n’auraient jamais foutu de bossa-nova dans un 30 tonnes spatial nucléarisé. En 2016, j’attends encore qu’on me prouve le contraire.
POP CHAUVE IT
DAVID CARRETTA
Two Decades :A Retrospective
Unknown Pleasures
Comment ne pas lever instantanément son pouce en présence d’un disque livré avec un préservatif à l’effigie du seul et de l’unique David Carretta ?
GINO SOCIAUX
BLACK SABBATH
The End
Black Sabbath
Un EP de Black Sabbath vendu exclusivement sur leur nouvelle tournée, qui sera la dernière, l’ultime, la finale, la définitive, la suprême. Ce qui fait de Black Sabbath le troisième truc, derrière Mötley Crüe et les reviews VICE, à avoir délibérément décidé de mourir pour toujours à une époque que ne laisse justement plus mourir personne. Alors rien que pour le principe, ce sera un SMILE, et tant pis si tout ce qu’on trouve sur ce disque ce sont 4 titres qui n’ont pas été retenus sur l’album précédent et 4 morceaux live qui ont de toute évidence été enregistrés à travers une cloison en polystyrène expansé.
MICHEL ROCK HARD
PITBOSS 2000
The Overview Effect
No Label
Vous cherchiez l’équivalent sonore de la dernière saison de South Park ? N’allez pas plus loin. John « Lockjaw » Tole, après être passé par des tas de cases plus ou moins recommandables – straight-edge hard line, tough guy de Cleveland, machine à mosh politiquement incorrecte, thrashcore de San Diego, comique républicain, fumeur de LSD, et enfin, born-again – semble avoir une nouvelle fois retrouvé le chemin du circle-pit, et c’est tout ce qu’on lui putain de demandait. Cet enchaînement de remixes d’anciens morceaux et de nouvelles compos imparables est à peine entaché par une pochette impensable et un mix toujours infernal. Un album qui pose une nouvelle fois la question contenue dans la dernière ligne de « They’re Gonna Kill Us For This » : qui paiera pour cette arrogance ?
GLUTEN KILZZZ
GAG
America’s Greatest Hits
Iron Lung Records
Je crois que ce n’est pas le genre de groupe qui pourrait m’expliquer la fin de Cure, mystérieux film de Kiyoshi Kurosawa. En revanche, ils pourraient me parler de hardcore japonais pendant des heures, et je m’en branlerais sûrement puisqu’ils viennent d’Olympia, capitale de l’état du Washington, et que je n’ai aucune leçon à recevoir de ces ploucs. Ceci étant dit, un album aussi bien présenté et contenant un disque aussi proche de la définition de nihilisme ne peut que me faire m’incliner quand, de ce côté-ci du globe, on en est à se réjouir d’un retour sur le devant de la scène de Ludwig Von 88.
YOUSSOUPHA JERUSALEM
ALUK TODOLO
Voix
The Ajna Offensive
Depuis des années, le groupe parisien Aluk Todolo produit un mélange de black metal et de krautrock qui est à la fois ce qui se fait de mieux en matière de black metal et en matière de krautrock, le tout accompagné d’une simple ampoule dénudée sur scène et sans jamais ouvrir sa gueule ou simuler une quelconque possession démoniaque. C’est fou d’arriver à produire quelque chose d’aussi bien à partir d’éléments aussi chiants. C’est l’équivalent metal d’écouter une bonne émission de France Culture en buvant une tisane au miel chez sa meuf, mais avec une double pédale à la place du vélo d’appartement.
ED HARDOS
WILDERNESSKING
Mystical Future
SMGS Records
L’émergence d’un black metal dit « atmosphérique » ou « pitchforkcore » depuis une quinzaine d’années a eu non seulement le mérite d’importer la querelle des anciens et des modernes (« TRUE » vs. « pédés ») dans l’univers des dessinateurs de pentacles sur sacs Eastpak, mais aussi celui de conjuguer blast beat et fragilité. Parfois, c’est hyper chiant, comme écouter Slayer chez Nature & Découverte. Parfois, ça défonce. Wildernessking, ça défonce. Si je pouvais, je lui décernerais un SMILE en corpse paint.
CHANTAL LOBBY
ELLIOTT SMITH
Heaven Adores You
Ume
Comme tous les documentaires portant sur les génies de la musique partis trop tôt, Heaven Adores You a l’air d’être une sacrée purge. À vue de nez, le film semble se limiter à des interviews de proches sur fond de guitare sèche, entre deux time-lapses de la ville de Portland. Mais sa bande originale regroupe pas mal des morceaux qui ont rythmé l’intégralité de mon adolescence, qui était, elle aussi, une sacrée purge. À l›âge de 17 ans, quand j’ai péniblement compris que tous les garçons à qui je manifesterais un intérêt amoureux ne me le rendraient pas nécessairement en retour, Elliott Smith était là pour moi. Quand j’ai compris que chaque jour m’éloignait inéluctablement de ces moments d›insouciance où manifester contre le contrat première embauche était au cœur de mes préoccupations, il était toujours présent. Avant de se planter deux coups de poignard dans le cœur, Elliott Smith a plus d’une fois achevé de réparer le mien.
BRIAN EMO
BEAT MARK
ContemporaryIs Temporary
Azbin
Beat Mark fait une musique qui ne se chronique pas, ce serait comme écrire un pamphlet contre les fraises, la transpiration ou Jean Moulin, ça n’aurait aucun sens. C’est comme un soleil rouge et fuligineux, on reste pour le regarder ou on s’en va. Après, si vraiment vous y tenez, oui, ça ressemble à un truc quelque part entre un Teenage Fanclub sous morphine (« I’m Looking Forward », sublime) et un Feeling of Love sous protection solaire (« Teenage Fever »). Ça ne vous avancera guère plus remarquez, mais au moins, vous aurez eu ce que vous voulez.
MANU LE MALIEN
SAVAGES
Adore Life
Matador
Si cet album de post-punk plus qu’honnête avait été enregistré par un groupe obscur originaire de l’Ohio et que je l’avais découvert par le biais d’un pote obscur originaire de Gascogne, je le trouverais probablement génial et je le foutrais à chaque fois que je suis en présence de potes encore plus obscurs dans l’espoir que l’un d’entre eux demande enfin : « c’est quoi, ça ? » Mais cet album de post-punk enregistré par un groupe lumineux du Royaume-Uni s’est retrouvé en couverture du magazine culturel Les Inrockuptibles, entre Virginie Despentes et un avatar numérique de la Génération Y, et je dois donc l’écouter en cachette, au casque, dans l’anonymat sonore du métro parisien, tout en affichant mon mépris pour la presse culturelle mainstream. Finalement, le plus gros coup réussi par ce disque, c’est que je l’aime alors qu’il me renvoie quotidiennement à l’idée que je suis une merde élitiste et ironique. C’est le miroir le plus triste que m’ait jamais tendu Spotify.
ALAIN SABBATH
BILLY GREEN
Stone Soundtrack
Finders Keepers
Motos. Oscillateurs. Violence. Australie. Héros qui ressemble à Dave Mustaine. Dégénérescence. Chrome. Absence de second degré. S’il vous faut d’autres justifications, c’est qu’après tout ce temps, vous n’avez toujours pas compris pourquoi vous vous êtes à ce point fait gerber dessus en lisant ces reviews pendant 8 ans.
AL BATARD
WOO
Awaawaa
Palto Flats
Si vous ne connaissez pas Woo, je vous invite à écouter tous leurs disques, dont cette anthologie des inédits, sur Spotify. C’est un duo anglais paumé des années 1980, inspiré par l’esprit de Holger Czukay (« Cool In the Pool ») et animé par la nostalgie propre aux intérieurs rurbains – plus que périurbains – de certains coins de Grande-Bretagne des années pré-crise pétrolière. Je n’ai pas grandi dans ce genre d’endroits et pourtant ça marche très bien sur moi. Ça sonne comme de l’ambient artisanal bucolique, ponctué d’indicatifs de programmes scientifiques de la BBC. C’est une vision floue mais très nette en même temps, qui vacille pour être belle. J’ai tendance à me dire que toute la musique devrait être comme ça.
MICHÈLE LA ROCK
THIS HEAT
Deceit (2016 Reissue)
Light in the Attic
Ce bonhomme a la banane parce qu’il sait qu’il équivaut à un bon 9.1 sur Pitchfork. Aussi parce qu’on lui a filé la bannière « meilleure réédition du mois ». Ce qu’il ignore encore, c’est que c’est la dernière fois que sa trombine estampillera une nouvelle sortie musique dans les pages de ce magazine. Il sera sacrifié sur l’autel du lifestyle, aspiré par les bacs à vinyles des cafés-libraires indés et condamné à errer dans les colonnes du journalisme de niche. Sachez pourtant qu’il n’en a rien à foutre et qu’il continuera de venir hanter vos curations, prêt à remonter le Styx à la nage pour entendre encore une fois « SPQR ».
PIL COLLINS
V/A
Compilation Vol. 9
La Souterraine
Un jour, je monterai un groupe qui s’appellera Panaris, et je chanterai à propos d’ongles rongés, de boursouflures dermiques, de cuticules bouffés jusqu’à la mort, et je foutrai du sang partout sur mon clavier en tapant mes textes avec mes deux derniers doigts qui ne seront pas amputés. Une chanson s’appellera « Le Clodo qui traverse la route », une autre expliquera comment opérer soi-même un ongle incarné et une dernière parlera fatalement de chiens. J’aurai beau avoir une très haute estime de mes talents de chansonnier, j’aurai bien conscience qu’aucun de mes morceaux ne sera à la hauteur des segments de 3 minutes d’asphalte présents sur ce nouveau mètre-étalon de pop concrète, stérile, et seulement parfois, sympa.
BENJAMIN TSAHAL
SPACEGHOSTPURRP
Overkill
Mixtape
Si vous pensiez que la mort de Lemmy avait empêché SpaceGhostPurrp d’intituler sa nouvelle tape « Overkill », eh bien, ça l’a peut-être chagriné trente secondes, peut-être qu’il s’est effectivement demandé si ça se faisait ou pas, peut-être qu’il a essayé de déguiser le truc vite fait en hommage au dernier professionnel du lasso et de l’outrance, mais à l’écoute de cette demi-heure de mauvaises vibes et de scénarios des pires slashers jamais tournés – sans doute à tort, par ailleurs – on peut légitimement se demander s’il en a eu quelque chose à foutre à un moment, voire même, si il savait tout simplement que Motörhead était un groupe avant d’être un logo un peu dégueulasse qu’on imprime sur des T-shirts.
JIMMY MORE HELL
ARTISTE
Titre
Label
De toute façon, vous savez bien que tout ça n’a désormais plus aucun sens. Les disques, c’est comme les url, ils sont là, partout, mais qui s’en tape encore un en entier ? Qui y croit encore ? Personne. Rentrez chez vous. Il n’y a plus de reviews. C’est terminé tout ça.
NOM DE L’AUTEUR FORMANT SI POSSIBLE UN JEU DE MOTS