Le plan de Denis Coderre pour sécuriser les cyclistes et piétons est un ramassis de vieilles idées

Le maire de Montréal Denis Coderre veut enrayer les accidents impliquant des cyclistes et des piétons. Pour ce faire, il s'est doté de la politique «Vision Zéro», un plan sans échéanciers, où les moyens à mettre en place ne sont pas détaillés. Tout cela sans annoncer de nouveaux investissements.

On constate également que plusieurs idées présentées mercredi n'ont rien de neuf. La Ville de Montréal a annoncé des engagements qui figuraient déjà au Plan de transport montréalais de 2008, qui visiblement n'ont pas encore été réalisés.

VICE a analysé le nouveau plan de Coderre, comme l'ancien plan de la Ville de Montréal, pour en faire ressortir les points saillants.

En premier lieu, Denis Coderre annonce qu'il adopte la « Vision Zéro » accident, d'après un plan élaboré par la Suède en 1997. Un modèle selon lequel il est inacceptable « que des personnes meurent ou soient gravement blessées sur nos routes ». C'est bien connu, la Suède a toujours été à l'avant-garde.

Coderre n'avait toutefois pas besoin de chercher si loin. Dans son Plan de transport de 2008, la Ville de Montréal indiquait déjà vouloir marquer le premier pas d'une vision « zéro accident ». L'an dernier, il y a eu 5203 accidents impliquant des cyclistes ou des piétons à Montréal.

La Ville nous rappelle que l'ingénierie (routes, intersections, feux de signalisation…), c'est long à changer. En attendant ces modifications plus significatives, on mènera en 2017 une campagne de sensibilisation axée sur la responsabilité partagée.

Encore une fois, on a l'impression de se faire servir du réchauffé. En 2008, la Ville avait annoncé une campagne de communication axée sur la cohabitation des différents usagers de la voie publique. Et les données compilées par le Service de police de la Ville de Montréal indiquent une augmentation de 9,5% des accidents corporels entre 2008 et 2010. Comme quoi les mots seuls ne suffisent pas toujours.

La plus grande nouveauté annoncée mercredi, c'est qu'il y aura trois nouveaux radars photo à Montréal pour contrôler les excès de vitesse. Trois. Pour un total de huit.

La Ville assure qu'elle travaille auprès du ministère des Transports du Québec pour en installer plus.

Montréal veut adapter toutes ses pistes cyclables au climat hivernal. En 2008, La Ville voulait faire la même chose, dans un délai de 5 ans.

Ça aussi, c'est nouveau. Montréal veut mettre en place 100 sas, ces zones peinturées en vert situées aux intersections où les cyclistes peuvent virer en toute sécurité. Reste à trouver une manière de les faire respecter par les automobilistes.

Plusieurs autres mesures sont sur la table. Il est question de mettre sur pied un programme contre l'emportiérage, d'installer des feux de priorité vélo (là où nécessaire, dit-on), d'offrir plus de voies cyclables, de permettre aux cyclistes de pédaler dans les voies réservées aux bus et taxis (une solution prévue en 2008), etc. Pour la mise en place de tout cela, aucun échéancier n'a été donné.

En 2008, il était déjà question de réduire la vitesse dans les quartiers résidentiels. Huit ans plus tard, on souhaite réduire la vitesse dans plus de zones, et en outre harmoniser ces changements dans tous les arrondissements montréalais.

On vise à imposer une limite de 30km/h pour tous les quartiers résidentiels. Les automobilistes ne pourront pas non plus dépasser les 40km/h sur certaines artères. Lesquelles ? Fouillez Denis.

La mort de Justine Charland St-Amour, cycliste happée par un camion au mois d'août, a relancé le débat sur la circulation des véhicules lourds en milieu urbain. Désormais, la Ville veut tout revoir en ce qui a trait aux camions : la taille des véhicules, les rues permises, les heures et les zones de livraison, le transport de matières dangereuses…

Tout ce qui est ici nommé figurait sur le plan de 2008. On en conclut que soit rien n'a été fait, soit les démarches de la Ville n'ont eu aucune incidence sur les camions qui sillonnent son territoire.

La Ville s'engage à cibler, analyser et intervenir auprès des 10 des intersections où on dénombre le plus d'accidents. Les échéanciers desdites interventions ne sont indiqués d'aucune façon. Pour 2016-2017, on compte notamment s'attaquer aux problèmes aux intersections névralgiques de Parc / Saint-Viateur, Maisonneuve / Berri et Mont-Royal / Saint-Denis.

En fin de compte, sans échéanciers ni objectifs chiffrables, il sera plus difficile de talonner la Ville de Montréal et de s'assurer qu'elle réalise ses objectifs. En attendant, Denis Coderre va devoir pédaler en masse pour nous convaincre que son projet est novateur.

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