En devenant pion, je me suis naïvement dit que je deviendrais une sorte d'exemple à suivre, voire même que j'incarnerais l'archétype du « surveillant cool ». Après quelques semaines passées dans un collègue public parisien, je me suis vite heurté aux difficultés d'établir une relation avec les collégiens, et j'ai compris qu'il faudrait un peu plus que quelques bons mots et gueulantes pour me faire respecter. Face à ces petits monstres extravertis, j'ai appris à mes dépens que ma tâche de surveillant s'accompagnait de celle de punir les élèves relégués en salle de permanence.
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Pour éviter de leur faire recopier bêtement des chapitres de cours et redonner un semblant d'estime de soi aux cancres purgeant leur énième retenue, j'ai demandé aux élèves de décrire ce qu'ils feraient s'ils étaient présidents. Ce petit exercice allie ce qu'un pré-adolescent préfère et déteste à la fois – à savoir s'imaginer dans un statut de toute puissance, tout en endossant des responsabilités devant la société. Ce truc s'est avéré être la solution miracle pour contenir les enfants en crise, et d'un point de vue pédagogique, leur permettre d'étoffer leur conscience citoyenne. Accessoirement, j'ai aussi découvert que nombre d'entre eux souhaitaient déclarer la guerre à l'Italie et à l'Allemagne tout en voulant abolir le concept même d'argent. Voici quelques exemples des rédactions qui m'ont été rendues.