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Société

Cette femme vient de combattre le champion de France de boxe thaï

Elle s'appelle Nong Rose et elle est la première femme transgenre à avoir boxé en France. Rencontre.
Nong Rose Baan Charoensuk, en entraînement dans une salle de la province de Buriram, en Thaïlande, en juillet 2017. Photo : Athit Perawongmetha/Reuters

Samedi 7 janvier, le stade Coubertin a accueilli un combat de boxe thaï historique : pour la première fois en France une boxeuse transgenre a affronté un adversaire masculin. Nong Rose a débarqué à 21 heures, rouge à lèvres et bonnet rose visé sur la tête, très à la cool malgré la horde de caméras qui épiaient chacun de ses mouvements. Trois heures plus tard, elle rejoignait le ring et au terme d’un combat âpre et intense, qui a duré pas moins de cinq rounds, la victoire est revenue à Akram Hamidi, son adversaire du soir.

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Mais qu’importe. Si Nong Rose a connu une défaite sportive, elle a remporté une vraie victoire – humaine, celle-là : « j’ai réussi à faire comprendre que la valeur d’un combattant est plus important que son apparence », se félicite-t-elle, encore toute essoufflée, à quelques secondes du verdict. Oui, elle a perdu, mais c’est un vrai sourire de gagnante qui se lit sur son visage : « je suis venue en tant que boxeuse trans, pour montrer que je suis aussi forte que les autres. Ce soir, c’est la victoire des personnes trans. »

La veille, nous l’avions rencontré alors qu’elle sortait tout juste de la « pesée », cette étape essentielle avant un combat de boxe, où les combattants montent sur une balance pour valider qu’ils ont bien le poids requis. Interview.

Nong Rose, juste après son combat contre Akram Hamidi, Paris, 6 janvier 2017. Photo : Hugo Prottat.

VICE : Comment vous définissez-vous ?
Nong Rose : Très simplement. Je suis, par exemple, une fille qui adore chanter, mais rassurez-vous, seulement à la maison ! Plus sérieusement, je suis née garçon mais je me suis sentie femme dès mes douze ou treize ans. C’est à quatorze ans que j’ai commencé à m’habiller en femme. Je boxais déjà avant cette transition alors, j’ai continué.

En France, on parle souvent de vous comme d’une « ladyboy », mais c’est un terme injurieux chez vous, en Thaïlande. Dans quel qualificatif pour reconnaissez-vous ?
Franchement, aucun. Je suis une autre sorte de femme, un nouveau genre.

Avant vous, la boxeuse thaï Nong Toom était aussi transgenre. A-t-elle été une inspiration pour vous ?
C’est mon modèle. Elle a toujours voulu montrer que les femmes trans peuvent faire ce qu’elles veulent, boxer qui elles veulent et même gagner. Elle a été la première à le faire. C’est elle qui a ouvert la voie. Nous sommes devenues très amies et aujourd’hui, c’est comme une grande sœur pour moi.

Est-ce que la boxe thaï fait vraiment avancer la visibilité des sportifs transgenre ?
La boxe est un bon moyen de faire évoluer les mentalités car on l’associe à des valeurs viriles. Alors qu’il y a dans mon pays un certain nombre de boxeuses trans, et elles se débrouillent très bien ! J’aimerai que mon parcours serve de modèles aux plus jeunes.

Vous êtes venue en France pour porter un message de tolérance. Que pensez-vous ramener de France, en rentrant en Thaïlande ?
Je dois dire que j’ai beaucoup apprécié l’accueil que j’ai reçu ici. Quand je vois toutes ces caméras autour de nous, je me dis que oui, ce message de tolérance est en train de passer. Mais n’allez pas croire que la situation est plus facile en Thaïlande. Là-bas aussi, beaucoup de personnes ne nous acceptent pas. Il faut se battre et ne rien lâcher.