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Fachosphère

Quand les identitaires parisiens se prennent une claque

Ridiculisés par les antifas de la capitale et ringardisés par l'activisme des « zids » lyonnais ou lillois, ils sont en pleine déroute.
Marche aux flambeaux en l'honneur de Sainte-Geneviève, samedi 13 janvier, Paris. Photo : Mathias Destal. 

« Paris Populaire, Paris identitaire ! » Les manifestants ont beau scander leur slogan avec ferveur, en ce samedi 13 janvier, Paris n’était pas vraiment « identitaire ». Moins de 300 sympathisants ont répondu à l’appel de l’association Paris fierté, satellite du mouvement d’extrême droite Génération identitaire. Et encore. D’après un policier présent sur place, ce sont à peine 200 manifestants qui ont participé à la marche au flambeau entre le métro Cardinal Lemoine et l’église Sainte Geneviève en hommage à la patronne de Paris.

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Parmi eux, une vingtaine de personnes a fait le déplacement de la région lilloise pour l’occasion, ainsi que l’a soufflé à Vice Aurélien Verhassel, l’influent patron de « GI » dans le Nord. D’autres, issus de la branche jeune du Siel, un mouvement souverainiste et proche du Front national, ont également permis de gonfler le cortège. Dans le rassemblement, des filles au look propret ont été invitées à se placer bien en évidence, histoire de féminiser une action largement investie par de jeunes hommes habillés en Lyle & Scott, North face ou Stone Island. C soir-là, nulle trace des stars du mouvement : le lyonnais Damien Rieu, figure de « GI » récemment catapulté directeur de communication du maire FN de Beaucaire, ne s’est pas déplacé. Même chose pour Philippe Vardon, pourtant cofondateur de GI. Parmi les people du milieu, seul Jean-Yves Le Gallou était là.

Flambeau à la main, cet ancien cadre du FN époque Jean-Marie Le Pen – il a quitté le mouvement lors de la scission avec les mégrétistes - se dit déçu par la faible mobilisation en l’honneur de Sainte Geneviève, qui rappelle-t-il « a eu un rôle dans les choix religieux et politique de Clovis ». Il rappelle, sourire en coin, le sens de ce rassemblement auquel il participe chaque année : « Un hommage à celle qui a défendu Paris contre les envahisseurs ». Tandis que le cortège se dirige d’un pas lent vers la montagne Sainte Geneviève, soigneusement encadré par des gendarmes mobiles, un responsable du service d’ordre nous interpelle : « Pas de photos dans le cortège, s’il vous plait, ça pourrait en énerver certains ». Grand blond plutôt affable, le militant nous explique pourquoi, selon lui, la marche a réuni moitié moins de participants que l’année précédente. D’abord, « des problèmes de finances » ont empêché l’organisation de l’habituelle sauterie sur une péniche parisienne plus tôt dans la journée. L’année dernière, les participants avaient eu l’honneur de la visite de Marion Maréchal Le Pen. Sans cocktail, ni starlette du milieu : le déplacement à Paris est moins attractif.

Seconde raison : « Les antifas sont en pleine bourre en ce moment ». Comprendre, l’extrême gauche parisienne met la pression sur son adversaire identitaire depuis plusieurs semaines. Ainsi, le vendredi 24 novembre, les militants de la section parisienne de Génération identitaire s’étaient regroupés dans leur nouveau QG de 80m2, dans une rue discrète du XVe arrondissement de Paris. La veille, ils avaient appris l’interdiction par la préfecture de police de leur manifestation du lendemain visant à dénoncer « la montée de l’islamisme en Europe ». Motif invoqué : un manque d’effectifs pour sécuriser le défilé et la tenue d’une contre-manifestation organisée par l’extrême gauche le même jour. En attendant de savoir si leur référé déposé devant le tribunal administratif leur permettra de maintenir l’événement – ce qui n’a pas été le cas - ils phosphoraient sur un plan B. Une dizaine de personnes vêtues de noir ont alors déboulé. Armés de masses, de ballons de peinture et de bombes lacrymogènes, ils ont gazé les militants d’extrême droite qui squattaient devant la porte, avant de s’attaquer aux vitrines du local. La scène a été filmée et mise en ligne dans la foulée sur le site Viméo. Retirée depuis, la vidéo signée « Génération Assassin Paris/Banlieue » a refait surface sur Youtube.

Pour les « zids », il ne fait aucun doute que les « antifas » sont à l’origine de la descente. De quoi rendre fou, l’adresse du local étant encore confidentielle à l’époque. Selon nos informations, Aurélien Verhassel, le patron de la puissante section lilloise, aurait poussé une gueulante contre ses camarades incapables, selon lui, de faire face aux « gauchistes ». Bref, c’est la lose. Quand on interroge Pierre Larti sur l’événement, le porte-parole des identitaires parisien s’énerve. « Ils n’ont franchement rien à faire dans la vie pour venir un vendredi soir gazer les gens et casser des vitres avant de repartir en courant », explique-t-il alors que ses militants font la queue pour profiter d’une distribution de vin chaud au pied de l’église Sainte Geneviève. Il ajoute : « On n’aime pas subir des défaites c’est sûr, mais on n’a pas peur d’eux. On ne va pas s’emmerder à les chercher, on a autre chose à faire ». Prochain événement qui lui tient à cœur : l’inauguration officielle du futur QG. Prévue au printemps prochain, le lieu devrait notamment permettre d’organiser des conférences et des sessions d’entrainement aux sports de combat, à la manière de ce qui se fait à la Traboule, à Lyon, ou à la Citadelle, dans le vieux Lille. Deux villes qui s’imposent comme les nouvelles capitales de l’extrême droite nouvelle génération. Clairement, l’activisme des militants locaux ringardise les Parisiens.

En attendant, Pierre Larti entend bénéficier de la protection de Sainte Geneviève. « Entre les antifas, les racailles, les salafistes, plus que jamais Sainte Geneviève est là ; elle est avec nous, elle nous protège, elle nous donnera la victoire ! », a-t-il lancé aux marcheurs, micro en main. L’essentiel est d’y croire, sans doute.