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Exposer les climatosceptiques à des catastrophes naturelles ne les fera pas changer d’avis

Une étude montre que l’impact des phénomènes météo extrêmes sur notre perception du réchauffement climatique est filtré par nos opinions politiques, même si une tempête nous est passée sur la tête.
Image via Reuters

Quand des phénomènes climatiques extrêmes comme l'ouragan Sandy s'abattent sur les côtes ou que des vagues de chaleur assèchent villes et villages, certains militants écologistes y voient au moins un point positif. Cela pourrait enfin convaincre les climatosceptiques que les activités humaines ont un effet sur le changement climatique.

Mais d'après une étude publiée lundi par la sociologue de l'État du Michigan Sandra Marquart-Pyatt dans le journal Global Environmental Change, le point de vue d'une personne à l'égard du changement climatique n'a presque rien à voir avec le temps qu'il fait dehors, et plutôt tout à voir avec l'idéologie politique et l'affiliation à un parti.

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« On observe que le climat n'a qu'un très léger effet sur la perception des gens » affirme Sandra Marquart-Pyatt à VICE News.

Maruqart-Pyatt et ses coauteurs ont passé en revue des dizaines de rapports, tous publiés après 2005, participant d'une nouvelle science émergente qui étudie le rapport entre convictions à propos du climat et réalités climatiques. Ils sont parvenus à la conclusion que malgré quelques corrélations avec des facteurs comme la température le jour précédant le sondage, aucune étude ne peut conclure que faire réellement l'expérience de changements climatiques vous fera passer du côté des partisans d'une politique de lutte contre le changement climatique.

Une étude de 2013 a par exemple interrogé 5 000 Américains pendant deux ans et demi, en leur demandant si le changement climatique existe et s'il est causé par l'homme. Le résultat est que la température de la journée précédant le sondage affecte l'opinion d'un individu à propos du changement climatique - mais seulement si cet individu se considère politiquement comme neutre.

Une autre étude, menée en 2006, a conclu que le fait de vivre en zone inondable vous rend en fait moins favorable à une politique d'action contre le réchauffement.

« L'orientation politique, c'est le facteur clé concernant le changement climatique. »

L'équipe de Sandra Marquart-Pyatt a utilisé une approche différente. Les chercheurs ont combiné des données provenant de sondages de l'institut Gallup avec celles du National Oceanic and Atmospheric Administration's Climate Index, qui compile les mesures des précipitations, des températures, de la vitesse du vent des tempêtes tropicales et des ouragans, ainsi que des sécheresses à travers tout le territoire américain.

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Ces données ont fourni aux chercheurs 800 paramètres, 800 phénomènes climatiques différents à partir desquels ils peuvent évaluer l'impact des phénomènes climatiques sur notre perception du réchauffement climatique.

« Nous ne savons pas si les gens envisagent le climat en termes de tempêtes ou de manifestations climatiques extrêmes, de journées caniculaires ou de journées très froides, ou en des termes par lesquels on caractérise habituellement les saisons, » explique Marquart-Pyatt à VICE News. « On s'est donc penchés sur un paquet de manières différentes que les gens pourraient avoir de conceptualiser ces différents problèmes et on a relié ça aux données Gallup. »

L'équipe est parvenue à la conclusion qu'il n'y a une corrélation entre un phénomène climatique et votre manière de considérer le réchauffement que pour 8 paramètres sur 800.

Pour tous les paramètres en revanche, l'appartenance à un courant politique ou une sensibilité idéologique joue.

En résumé, l'étude montre que l'impact des phénomènes climatiques sur notre perception du réchauffement climatique est filtré par nos opinions politiques, même si une tempête nous est passée sur la tête.

« Il y a une très forte convergence du rôle dominant de l'idéologie ou du parti politique dans la formation des opinions à propos du changement climatique et de la science » affirme Lawrence Hamilton, sociologue à l'université du New Hampshire et coauteur du sondage de 2013, à VICE News. « C'est le principal résultat fiable et je crois que c'est incontestablement vrai. »

Ce résultat fait écho à un revirement de la recherche dans la communication sur le climat. Auparavant régnait le « modèle du déficit d'information », c'est-à-dire que les scientifiques, les partisans, et les législateurs supposent que le décalage entre ce que savent les spécialistes du climat et ce que l'opinion publique reconnaît est dû à un manque de faits tangibles. La nouvelle direction prise par les recherches met en évidence une « aversion pour les solutions », c'est-à-dire que les solutions proposées pour résoudre le problème du changement climatique entrent en conflit avec les convictions idéologiques d'une personne. »

« L'orientation politique est le facteur clé concernant le changement climatique » affirme Hamilton à VICE News. « Si les gens n'aiment pas les solutions envisagées pour résoudre un problème comme la pollution de l'air, ils trouvent des raisons pour douter du fait que c'est vraiment un problème, et donc pour disqualifier tous les scientifiques qui affirment le contraire. »

Suivez Laura Dattaro sur Twitter : @ldattaro