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L’un des plus grands centres de désintoxication au Québec ferme ses portes

Un peu plus d’un an après sa réouverture, le Centre Robert Piché-Elphège Roussel se voit contraint de fermer définitivement ses portes.

La saga avait commencé en janvier 2016, alors que Lise Bourgault, directrice générale adjointe du centre, à l'époque appelé Mélaric, annoncait la fermeture des portes de l'établissement. Cette décision était justifiée par un manque de financement adéquat de la part du gouvernement après une réforme réduisant à seulement 200 $ par mois les prestations des patients du centre. Cette somme, disait Mme Bourgault, était largement insuffisante pour couvrir les coûts d'exploitation de Mélaric.

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Quelques mois plus tard, en avril 2016, Lucie Charlebois, ministre déléguée à la Réadaptation, à la Protection de la jeunesse, à la Santé publique et aux Saines habitudes de vie, annonçait l'injection de 6 millions de dollars pour venir en aide à tous les centres de désintoxications de la province. L'argent alloué à Mélaric allait donc contribuer à éponger sa dette de 350 000 $. Du même coup, il était révélé que le commandant Robert Piché, connu pour avoir réussi un atterrissage d'urgence aux commandes d'un avion, allait devenir le nouveau président du conseil d'administration. Le nouveau plan d'affaires du centre était, selon lui, viable.

Le centre de désintoxication a rouvert l'automne suivant, cette fois sous le nom de Centre Robert Piché-Elphège Roussel. Après des conflits internes, le directeur général intérimaire du centre, Dimitri Pantelakis, a révélé à la Presse canadienne que Mme Bourgault avait démissionné de ses fonctions. Le petit hic, c'est que rouvrir un centre à partir de zéro, c'est très compliqué, surtout quand on a 110 lits à remplir.

Le financement d'un centre de désintoxication est relatif au nombre de lits occupés par des patients; donc, moins on a de patients, moins on a d'argent. Les clients qui arrivent dans des centres comme le Centre Robert Piché-Elphège Roussel sont souvent soit des détenus qui doivent se soumettre à une thérapie dans le cadre de leur sentence, soit des gens qui sont recommandés par des travailleurs sociaux ou des organismes.

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Les patients de ces deux catégories reçoivent de l'aide financière du Programme d'aide sociale, qui, en 2015, avait cependant réduit à 200 $ par mois ses prestations aux bénéficiaires (ce qui avait d'ailleurs contribué à la première fermeture). Depuis les compressions budgétaires à l'aide sociale, environ 1000 prestataires de moins peuvent recevoir de l'aide financière pour des traitements en centre de désintoxication.

Sous son nouveau nom et avec un nouveau conseil d'administration, le centre annonçait qu'il changeait sa façon de faire (et sa clientèle). En adoptant une approche plus proche de celle des Alcooliques anonymes, M. Pantelakis révélait que le Centre Robert Piché-Elphège Roussel allait davantage courtiser des clients travailleurs et couverts par l'assurance de leurs employeurs. Les thérapies dont ont besoin ces patients sont moins coûteuses et moins intensives, car souvent ils ont « moins perdu les rênes de leur vie », confiait à l'époque le directeur général.

Contacté par VICE, Robert Piché, le président du conseil d'administration, a toutefois nié les changements dans les plans du centre dont a parlé M. Pantelakis.

Un plan de financement trop optimiste, une mauvaise gestion des ressources et l'état du bâtiment seraient les principales causes de cette fermeture.

« Puisque nous ne serons plus en mesure de poursuivre nos services encore bien longtemps, nous en sommes malheureusement arrivés à la conclusion que nous devons diriger nos usagers vers d'autres ressources afin d'assurer la continuité de leurs services de thérapie », a déclaré Robert Piché, dans un communiqué de presse.

Il fermera ses portes graduellement au cours des prochains mois et ses patients seront relocalisés dans d'autres centres de désintoxication, a indiqué le président-directeur général du Centre intégré de santé et de services sociaux des Laurentides, Jean-François Foisy, dans le même communiqué.

Une réouverture du centre serait aussi envisageable, mais à plus petite échelle et avec moins de lits, d'après Nicolas Bédard, secrétaire de l'Association provinciale des organismes en dépendance.

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