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Votre dernière excuse pour bouffer de la junk-food vient de se faire la malle

C’est un truc bien ancré dans l’imaginaire collectif : acheter des fruits et légumes revient plus cher que de se payer une bonne tranche de « grec ». L’équation paraît simple : si vous voulez un jus pressé de kale avec supplément graines de chia, vous allez devoir casser votre billet de 10. Par contre, les quelques pièces qui traînent au fond de votre poche vous garantissent sans problème un menu avec des wings ou un burger.

Certains docteurs renommés ont même dit que l’objectif des « cinq fruits et légumes par jour » n’était pas réalisable pour les familles les plus modestes. Et la corrélation entre consommation de junk-food et niveau de pauvreté n’est plus à faire.

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C’est tout ce portrait que vient retoucher la nouvelle étude de l’Institute of Economic Affairs (IEA) de Londres. Non, bien manger ne coûte pas un bras. Les chercheurs soutiennent, dans un rapport paru le 1er mars dernier, que, pour un même poids, les fruits et légumes sont moins chers à l’achat que la nourriture transformée.

Peut-être que la théorie des dix portions de fruits et légumes par jour, défendue par certains nutritionnistes, n’est pas totalement utopique.

Pour cette étude, l’IEA a comparé les prix de 78 plats et boissons qu’on trouve régulièrement dans le commerce grâce aux données de Tesco et de ASDA (deux enseignes de la grande distribution) : des plats tout prêts, des pizzas, des pâtes, du riz et des fruits et légumes. Une manière de montrer que, quand on prend en compte le poids, les moins chers des plats tout prêts, des pizzas ou des féculents coûtent plus de 2 euros 30 le kilo alors que la majorité des fruits et des légumes n’atteignent pas cette somme.

L’euro dépensé pour acheter un petit cheeseburger vous permettrait d’acheter par exemple un kilo de patates douces. Ou deux kilos de carottes. Ou deux kilos et demi de pâtes. Ou dix de pommes. Selon les économistes, il suffirait d’un budget de 35 centimes pour couvrir les recommandations du gouvernement britannique en matière de fruits et légumes.

La différence est que l’étude de l’IEA s’appuie sur le rapport prix/poids alors que les autres études s’intéressent généralement au rapport prix/calorie. Un biais méthodologique qui tend à conclure que les aliments moins caloriques sont plus chers. Prenez deux yaourts vendus au même prix, l’un est light et l’autre pas ; le yaourt faible en calorie sera considéré comme plus cher.

La conclusion de l’IEA – « La nourriture transformée coûte plus cher que d’acheter des ingrédients sains » – remet complètement en cause le principe qui voudrait qu’une bonne alimentation ne soit accessible qu’à un certain prix. Face à une telle observation, les politiques pourraient revoir leur projet de taxer les produits trop sucrés.

Christopher Snowdon, co-auteur de l’article et directeur du département sur les dépenses des ménages à l’IEA, a expliqué dans un communiqué de presse que les gens étaient prêts à payer plus pour de la nourriture toute prête – et que taxer la junk-food ne serait donc pas un bon moyen pour inciter les gens à faire des choix plus sains.

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« L’idée qu’une alimentation déséquilibrée est causée par le coût trop élevé de la nourriture saine est erronée. Les gens sont prêts à payer plus pour des aliments bons et faciles à consommer. Une alimentation saine et en accord avec les recommandations du gouvernement est tout à fait abordable. Vu le coût déjà relativement élevé des aliments transformés, il est peu probable qu’une taxe sur la junk food ou qu’une subvention sur les aliments sains change quoi que ce soit au niveau des habitudes de consommation. »

Cela étant dit, qui peut vraiment résister aux sirènes des étiquettes « un acheté, un offert » et aux appels du pied d’une Regina surgelée ?