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Culture

En Chine, une base de données répertorie 1,8 million de femmes « prêtes à enfanter »

On ne sait pas qui a compilé cette liste ni comment, mais elle comprenait de nombreuses données personnelles, allant des numéros de téléphone à la situation matrimoniale.
la base de donnée chinoise
Capture d'écran d'un tweet de Victor Gevers

Victor Gevers, un chercheur en sécurité de l'ONG GDI.Foundation, cherchait des bases de données chinoises ouvertes lorsqu'il en a découvert une qui a attiré son attention. Comme beaucoup de bases de données ouvertes, celle-ci se présentait sous la forme d’un simple code sur fond noir, mais Victor a vite compris qu'elle était unique en son genre, pour ne pas dire carrément dérangeante.

Dans une série de tweets, il explique avoir trouvé une liste de données personnelles concernant plus de 1,8 million de femmes chinoises, notamment « leur numéro de téléphone, leur adresse, leurs antécédents scolaires, leurs numéros de pièces d’identité, leur situation matrimoniale, ainsi qu’un statut "BreedReady" [littéralement « prête à enfanter », ndlr]. »

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Cette dernière catégorie l’a surpris en cela qu’elle semblait être une mesure de la fertilité de ces femmes. « Pour être honnête, j'espère sincèrement que le développeur a juste un très mauvais anglais », a déclaré Victor au Time en référence à ce terme de « BreedReady ». « Mais ça, je ne peux pas le confirmer. »

Parmi ses tweets, Victor présente d’autres découvertes étranges. « La plus jeune femme de cette base de données a 15 ans », écrit-il. « Mais la plus jeune femme avec le statut "BreedReady : 1" en a 18 », ce qui signifie vraisemblablement que la plus jeune femme sur la liste capable de concevoir n'a que 18 ans.

« La moyenne d'âge est légèrement supérieure à 32 ans. La femme la plus âgée avec le statut "BR : 1" a 39 ans et la femme la plus âgée avec le statut "BR : 0" a 95 ans », poursuit-il. « Toutes sont célibataires [89 %], divorcées [10 %] ou veuves [1 %]. Environ 82 % d’entre elles vivent à 北京市 [Pékin]. »

Alors, qu’est-ce que cette liste, exactement ? La réponse la plus probable est qu’une personne ou une organisation en Chine a été chargée de créer une base de données sur les femmes capables de concevoir, ce qui a incité un utilisateur du site chinois Weibo à qualifier cette liste de « Handmaid’s Tale de la vie réelle ». Les autorités chinoises ont refusé de commenter cet incident, même si une théorie veut que ces données aient été volées lorsque Jiayuan, un site de rencontres chinois, a été piraté par des spécialistes de la sécurité en 2015 pour en souligner les vulnérabilités.

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Cette fuite coïncide avec la nécessité pour la Chine de trouver une solution face au déclin de son taux de natalité. Bien qu'elle ait mis fin à sa politique de l'enfant unique, la population chinoise est toujours confrontée à un vaste déséquilibre entre les sexes. D’ailleurs, certains démographes estiment qu’en 2050, il pourrait y avoir jusqu’à 186 hommes célibataires pour 100 femmes célibataires.

Dans cette optique, il se peut que Victor Gevers soit tombé sur un effort visant à résoudre le problème du faible taux de natalité du pays. Quoi qu'il en soit, la base de données a été supprimée le lundi 11 mars, soit au lendemain de la divulgation de l'information au public.

Une base de données similaire a été supprimée le mois dernier, lorsque Victor a découvert les informations personnelles de plus de 2,5 millions de personnes vivant dans la province du Xinjiang, une région à majorité musulmane. Des mises à jour en direct montraient que certaines personnes faisaient l'objet d'un suivi quotidien. Ces informations sont restées disponibles pendant près de sept mois sur une base de données de SenseNets, une société sous contrat avec la police chinoise.

Dans un autre tweet publié la semaine dernière, Victor affirme avoir trouvé une autre base de données ouverte similaire à celle qui répertoriait les femmes prêtes à concevoir. Il a également adressé une demande au public : si quelqu'un sait quoi que ce soit à propos de l'une ou l'autre de ces bases de données, merci de contacter la GDI.Foundation.

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