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J’ai économisé plus de 1000 $ en rédigeant cet article sur le remboursement de mes prêts étudiants

Des milliers de dollars se cachent sur le site de l'Aide financière aux études.
Photo : StockSnap/Pavan Trikutam

Cet article fait partie du Guide VICE pour être un adulte responsable.

Vous venez d'obtenir votre diplôme, vous avez vécu de ramens et d'eau fraîche trois ans durant grâce à un prêt étudiant, et vous ne savez rien du tout de la démarche à suivre pour le rembourser ? Parfait. Vous êtes exactement comme moi il y a deux jours.

J'ai terminé mon bac en avril, et j'avais vaguement entendu dire que je n'avais rien à rembourser avant six mois. En bonne adulte responsable, je n'avais pas vérifié cette information avant la semaine dernière.

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Heureusement pour vous et pour moi, j'ai fait des recherches, et voici tout ce qu'il y a à savoir sur le remboursement des prêts du gouvernement.

Dépêchez-vous d'appeler votre banque

Il y a bel et bien une période de six mois suivant la fin des études où vous n'êtes pas obligés de rembourser votre prêt, mais les intérêts s'accumulent durant cette période. Mieux vaut commencer à faire vos paiements dès que possible. Dans mon cas, j'avais les moyens de commencer à rembourser, mais je ne l'ai pas fait, et maintenant mon prêt a gonflé de 100 $. Bravo, l'adulte.

Une entente de remboursement, ça ressemble à quoi ?

Les institutions financières sont assez souples sur les modalités de remboursement.

Selon votre situation, la banque va vous imposer un montant de base à rembourser chaque mois. Libre à vous de vous y tenir, ou de make it rain chaque semaine, deux semaines ou chaque mois (selon vos moyens).

Ma conseillère m'a cependant avertie : il est préférable de commencer avec un petit montant fixe et de verser des montants supplémentaires si l'envie vous prend. Ce qui est moins bon, c'est de voir les choses en grand dès le départ et de vous raviser par la suite. Il n'y a aucune pénalité si vous souhaitez réduire votre montant fixe, mais ça peut moins bien paraître au dossier quand vient le temps de contracter un autre prêt.

Si vous n'avez pas une cenne, il y a une solution

Surprise! Le gouvernement est conciliant envers les chômeurs et les bacheliers en service à la clientèle (lire : envers les diplômés qui ne se placent pas en sortant de l'université, qui perdent leur emploi ou qui travaillent au salaire minimum dans un café).

Si votre situation est précaire, vous pouvez faire une demande de remboursement différé. C'est comme si vous mettiez votre prêt sur la glace, le temps de régler votre situation financière. Soit vous n'aurez pas à rembourser un sou, soit vos paiements seront réduits, et ce pour une période de six mois durant laquelle le gouvernement va défrayer vos intérêts.

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Les critères d'admissibilité varient en fonction de votre situation familiale (ex : habitez-vous encore dans le sous-sol de vos parents, ou avez-vous cinq enfants à charge?). Vous pouvez renouveler cette entente pour un maximum de 10 ans. Dans ce cas, let's go, la vie d'artiste!

Le gouvernement ne vous cache rien… mais des milliers de dollars se cachent sur le site de l'AFE

Personne ne vous dit que le gouvernement peut rembourser 15 % de votre prêt si vous avez terminé vos études en suivant un parcours normal. (Ex : si vous avez complété votre bac en 24 mois, soit le parcours classique en 6 sessions).

« Tout ce qui concerne la remise de dettes est bien caché sur le site de l'Aide financière, soupire le conseiller au bureau d'aide financière de l'Université de Montréal, Michel Bilodeau. Le gouvernement ne va pas faire un suivi avec les diplômés pour leur dire qu'ils y ont droit. Ils vont simplement dire que toute l'information se trouve sur leur site. »

Il suffit pourtant de remplir un document d'une page (UNE PAGE) pour économiser des centaines, voire des milliers de dollars. Dans mon cas, je sauve 1150 $, ce qui représente un voyage dans le Sud, un Segway d'occasion, ou encore 11 500 pailles néon remplies de poudre surette.

À noter : Si vous n'étiez pas au courant du programme de remise de dette et que vous avez gradué il y a moins de trois ans, vous pouvez en faire la demande rétroactive. Le remboursement est aussi valide pour un prêt au niveau collégial, à la maîtrise ou au doctorat. [AJOUT : Vérifiez bien si vous êtes admissible sur le site de l'AFE; il faut remplir plusieurs critères, comme avoir reçu une bourse à chaque année où vous suiviez votre programme d'études.]

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Si vous avez accumulé plusieurs dettes, priorisez-les

La dette étudiante, c'est une « bonne » dette… dans le sens où il y en a des bien pires. Une marge de crédit personnelle a des taux d'intérêts avoisinant les 6 à 9 %, une carte de crédit, 20 % et une carte de magasin, 30 %.

Le taux d'intérêt (variable ou fixe, selon l'entente conclue avec votre banque) du prêt étudiant est donc avantageux. Présentement, le taux variable du gouvernement est de 3,2 %. Si vous avez plus d'un type de dette, il faut rembourser en priorité celles où les taux sont les plus élevés.

La solution magique pour vous départir de vos multiples dettes

… Il n'y en a pas.

Faites-vous plutôt un budget

La seule solution, c'est de se faire un plan de match en fonction de nos revenus. « Le vrai truc, c'est de vivre selon ses moyens, lance le professeur de fiscalité à l'Université du Québec à Trois-Rivières, Marc Bachand. Même si c'est ardu, c'est plate, c'est pas sexy… on peut pas avoir cette discussion-là sans parler de budget. »

Il faut donc regarder ses revenus et ses dépenses, et faire en sorte que les revenus soient plus élevés que les dépenses, en incluant une provision pour rembourser ses dettes. (Où se trouve mon prix Nobel d'économie?)

Ne laissez pas vos dettes traîner

Si on peut se le permettre, il est préférable de rembourser vite, plutôt que de faire de tout petits paiements en menant un train de vie trop luxueux. « Le danger, ce serait de dire : "Je ne rembourse pas rapidement ma dette étudiante, parce qu'ils ont dit que c'était une bonne dette!", prévient le professeur Bachand. S'ils ne remboursent pas rapidement, qu'est-ce que vous pensez que ça fait dans la tête des gens? Ça fait qu'ils ont plus d'argent pour augmenter leur train de vie, ce qui va les mener à augmenter leur endettement. C'est un cercle vicieux. »

Faites vos impôts comme du monde

La dette étudiante vous donne droit à un crédit d'impôt, et c'est bien la seule au Québec et au Canada. En effet, les deux paliers gouvernementaux vous offrent un crédit d'impôt non remboursable de 32,5 % pour les intérêts payés sur votre dette étudiante au cours de la dernière année fiscale. Sauver de l'argent en devant de l'argent, c'est pas pire.

Attention de ne réclamer ce montant que si vous devez de l'impôt, précise l'Agence canadienne du revenu, car vous ne pourrez pas le réclamer à nouveau. « Si vous n'avez aucun impôt à payer, il pourrait être avantageux pour vous de ne pas demander ce montant dans votre déclaration de revenus. Vous pouvez reporter le montant que vous n'utilisez pas et le demander dans l'une ou l'autre des cinq années suivantes », indique-t-on sur leur site web.

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N'oubliez pas d'aller quérir vos relevés fiscaux sur le site web de votre institution financière à la fin décembre de chaque année.

N'hésitez pas à négocier

Si vous avez plusieurs types de dettes, vous pouvez magasiner votre institution financière en fonction des taux d'intérêts offerts.

« Les gens ne sont pas habitués à négocier avec les institutions financières, alors que ça se fait, rappelle Marc Bachand. C'est un marché qui fait partie d'un monde capitaliste. Les taux se négocient, les frais de transaction qu'on paie à chaque mois, ça peut peut-être se négocier. »

Par contre, le conseil est valide pour les prêts en général. Pour une dette étudiante, il faut être prudent. Si vous voulez la transférer d'une institution financière à l'autre, faites en sorte qu'elle demeure un prêt étudiant, sinon laissez-là où elle est. Si votre prêt étudiant est transformé en prêt bancaire conventionnel, vous risquez de perdre inutilement vos avantages, comme le crédit d'impôt ou le remboursement différé.

Cet article a été publié grâce au soutien de la Banque Nationale.