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Sexe

Mater du fishporn sur votre téléphone peut vous conduire en prison

Un Britannique s'est fait condamner pour avoir regardé du porno à base de poisson. Pour de vrai.

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Un Britannique s'est fait condamner pour avoir maté du fishporn, activité illégale au Royaume-Uni et sa sentence définitive sera prononcée ce mois-ci. En dehors du fait que le fishporn soit souvent utilisé en tant qu’argument récurrent par les anti-mariage gay, la sexualité des animaux ne fait pas autant parler d'elle aux France. Mais dans d'autres pays, les leaders d'opinion débarquent de temps en temps et se demandent si tel ou tel sujet ne devrait pas faire l’objet d’un débat. Comme ici.

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Originaire de la ville de Northampton, au Royaume-Uni, Shannon Johanson est un féru de fishporn. Aussi, tout porte à croire que c’est un authentique cas social : en 2011, âgé de 18 ans, il avait agressé un homme avec un couteau avant de le poursuivre dans la rue en sous-vêtements. Il a aujourd’hui 20 ans, et en juin dernier, il s'est fait choper en possession de huit joints pré-roulés ; lorsque les flics l'ont arrêté, ces derniers ont également trouvé du porno animalier « extrêmement choquant » enregistré sur son Blackberry.

Le quartier de Johanson, via Google Street View

Sa collection de porno animalier comportait trois vidéos : deux vidéos de femmes en train de baiser avec des chiens, et une autre d'une femme en train de « faire l'amour » à un poisson mort, sur lesquelles, je suppose, il se masturbait régulièrement. En novembre, Johanson s'est donc fait inculper pour possession d'images pornographiques violentes et de drogues de catégorie B [en droit britannique, cette catégorie englobe la codéine aussi bien que le cannabis ou la méphédrone].

Désormais, c'est officiellement un récidiviste, et il attend sagement sa sentence, laquelle sera prononcée à la fin du mois de décembre. Mais à part l'agression précédemment énoncée, il n'a rien fait d'illégal cette fois, ou du moins, selon les lois du Colorado. J'ai vérifié.

Mais au Royaume-Uni aussi, cette loi qui permet d'incriminer M. Johanson est en réalité assez nouvelle. La loi de 2008 sur la justice criminelle et l'immigration interdit cette chose appelée « extrême pornographie, » notion très intéressante, puisqu’elle n'encadre pas par exemple d’autres choses tout à fait soft que l'on peut trouver sur pornoextreme.com. Au Royaume-Uni, ils considèrent « l'extrême pornographie » comme suit :

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« excessivement choquante, répugnante, ou à caractère obscène », c’est-à-dire qui « comprend, d'une manière explicite et réaliste, les énoncés suivants – (a) un acte visant à menacer la vie d'une personne, (b) un acte causant, ou susceptible de causer chez la personne de graves blessures à l'anus, à la poitrine, ou aux organes génitaux, (c) un acte impliquant des contacts sexuels avec un cadavre, ou (d) une personne pratiquant le sexe oral ou ayant des rapports sexuels avec un animal (vivant ou mort), qu'une personne sensée, extérieure à l’action, serait à même de prendre pour répugnant, choquant ou obscène. »

Ainsi, au Royaume-Uni, aurais-je le droit de regarder l’extrait vidéo suivant issu du film thaïlandais Oncle Boonmee ? Est-ce qu'une « personne sensée » pourrait croire que ce poisson s’apprêtait effectivement à lécher le vagin du personnage ?

Parfois, ne serait-il pas sain de ré-envisager notre positionnement en ce qui concerne le sexe entre l’être humain et l'animal ; aussi, pourrions-nous le faire (par pitié) sans le comparer à n'importe quel autre débat concernant les droits de l'homme « traditionnels » ?

En 2010, le philosophe Peter Singer a dit lors d'une interview télévisée qu'il connaissait des femmes qui appréciaient que des chiens leur lèchent le clitoris, précisant tout de même : « le chien est ensuite libre de le faire ou de passer son chemin. Les femmes n’exercent de domination d’aucune sorte sur le chien. Cette attitude me paraît assez safe. » Les autres invités avaient immédiatement exprimé leur dégoût, et relevé à quel point cette pratique était étrange – sans délibérer sur le fait qu’il s’agissait d’une chose bien ou mal. Admettons ; mais le poisson mort du téléphone de Johanson n’aurait pu en aucun cas être consentant.

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Un article de Peter Singer datant de 2001 et intitulé Caresses poussées va en réalité encore plus loin :

« L'ardeur avec laquelle l’humain continue de mener cette prohibition, à persister tandis que d'autres actes sexuels non-reproductifs sont devenus acceptables, évoque l'existence d'une autre force : le désir de nous différencier, érotiquement et de toutes les façons possibles, des animaux. »

Singer a précisé pendant l’émission que les psychiatres qui s’étaient heurtés à des patients souffrants de troubles personnels dues à leurs pratiques sexuelles avec des animaux avaient donné une copie de cet article à leurs patients, et qu'une fois la lecture achevée, les patients étaient capables de s’auto-pardonner.

Ceci dit, les gens qui laissent leurs chiens faire ça sont-ils d’authentiques criminels ? Probablement s'ils habitent dans le pays d'origine de Peter Singer, l’Australie. Au Royaume-Uni, encore plus. Aux États-Unis, oui, même au Colorado. Mais ici en France, en Belgique, en Italie, au Portugal, en Hollande et en Russie, pourtant, on n'en fait pas toute une histoire.

L'interdiction de la pornographie extrême en Grande-Bretagne se heurte également aux non-zoophiles. Dans certains cas, des gens ont été poursuivis pour possession d'images relevant de pratiques qu'ils avaient tout à fait le droit d'accomplir dans la vraie vie – le fisting, ou s’enfoncer de longues aiguilles dans l’urètre – mais qu'il est pourtant illégal de regarder sous forme de photos.

Johanson risque donc jusqu'à trois ans de prison, sans compter les peines potentielles ajoutées pour possession de drogues. Et si jamais il est condamné à deux ans ou plus, il sera définitivement enregistré sur la liste des délinquants sexuels du pays.

@mikeleepearl