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J'ai essayé d'économiser tout en mangeant sainement – et c'était nul

Comment délaisser des hamburgers appétissants au profit de substituts alimentaires s'est révélé être la pire décision de ma vie.

Illustration : Wren McDonald

Exception faite de mon loyer, je dépense la plupart de mon argent en biens consommables. J'achète des plats à emporter quand j'ai trop la flemme de me faire à manger le matin, des bières après le boulot, et trop fréquemment, des paquets de cigarettes. Je ne pense pas que mon cas soit exceptionnel – il est simplement malheureux. Après tout, j'aimerais bien avoir assez d'argent à dépenser dans des trucs comme des vacances, ou pour investir. Au lieu de ça, je m'envoie des choses goûtues ou des psychotropes dans le gosier pour oublier la banalité de mon quotidien. En février dernier, The Onion publiait un article intitulé « Un homme apporte son déjeuner fait-maison au travail pour économiser sur les petites joies de la vie » – ça m'a particulièrement interpellé, en tant que personne dont un mardi peut être enjolivé par une simple salade bio à 15 balles.

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Quand j'étais à la fac et fauchée comme les blés, je pensais qu'être solvable financièrement équivalait à pouvoir s'acheter un burrito dès que l'envie s'en faisait ressentir. Je pense toujours qu'il s'agit là d'une bonne logique ; ne pas avoir à me soucier de la nourriture fait que la partie animale de mon cerveau se sente bien. Mais si j'ai bien appris quelques trucs en écrivant sur la finance domestique au cours de ces derniers mois, c'est que la part animale de votre cerveau est un idiot égoïste qui veut vous gaver à grand renfort de burgers à 12 balles et vous faire monter dans un taxi plutôt que payer vos dettes.

Comme tout étudiant le sait, l'alternative traditionnelle au fait d'acheter de la bouffe trop chère est de manger des nouilles déshydratées jusqu'à ce que vous soyez suffisamment malade pour appeler vos parents à l'aide et leur demander de l'argent. Mais il y a sûrement un juste milieu entre la mort par overdose de sodium et le fait de s'endetter pour manger.

Ainsi, dans l'objectif de diminuer mes dépenses en nourriture, j'ai décidé de faire une petite expérience : Comment pourrais-je me nourrir à moindres frais tout en subvenant à tous mes besoins nutritionnels ? Pour trouver un semblant de réponse à cette question, j'ai testé deux méthodes. La première impliquait une sorte de substitut alimentaire du futur, et la deuxième un gruau à l'ancienne.

Les substituts alimentaires
Ma première démarche a été de consulter une nutritionniste du nom de Laura Cipullo, qui m'a expliqué très gentiment que mon plan était mal barré. Elle m'a dit qu'il n'y avait absolument aucun moyen d'apporter à mon corps tout ce dont il avait besoin en mangeant toujours la même chose.

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Ce qu'elle m'a dit allait à l'opposé de l'argumentaire des substituts alimentaires à la mode comme le Soylent, lesquels vous promettent de vous apporter tous les nutriments contenus dans la vraie nourriture tout en vous épargnant bien des souffrances – comme mâcher, par exemple.

« Mais je pense que si vous étiez en situation de crise, comme nos troupes à l'étranger, cela pourrait être une bonne option pour une courte période », a nuancé Cipullo. « Mais où seraient les antioxydants que l'on trouve dans les fruits et légumes, ainsi que toutes leurs propriétés anti-cancérigènes ? »

Le cancer ne m'inquiétait pas vraiment. J'avais simplement l'intention de mener cette expérience sur une courte durée, et j'avais du mal à croire qu'un quelconque substitut alimentaire puisse être plus nocif que les macaroni and cheese que je m'enfilais 7 jours sur 7. Mais partir sur du Soylent m'aurait contrainte à ne manger que des repas sous forme liquide, et je n'étais clairement pas prête à faire un tel sacrifice. J'ai opté pour dix MealSquares, pour la modique somme de 30 dollars.

Les MealSquares sont des repas équilibrés de 400 calories se présentent sous la forme d'un bloc qui ressemble vaguement à un scone – mais en beaucoup plus dense et beaucoup plus sec, comme si on pouvait bâtir des maisons avec. Certaines personnes en mangent comme s'il s'agissait d'un plat normal, mais j'ignore sincèrement comment elles font. J'ai eu beau essayer, mon corps rejetait complètement les MealSquares. Ma mâchoire refusait de mâcher. J'ai pris le parti de faire passer mon premier MealSquare avec du café, et la part animale de mon cerveau s'est mise à me glisser : Qu'est-ce que tu es en train de faire ? Que sommes-nous devenus ?

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Un jour et 400 calories après le début de l'expérience, j'ai réalisé que les MealSquares contenaient du chocolat et j'en ai retiré toutes les pépites pour me faire mon petit-déjeuner. À ce stade, l'odeur de n'importe quelle nourriture me donnait déjà des crampes d'estomac ; je suis passée devant un restaurant de pizzas et j'ai failli pleurer. Cipullo m'avait pourtant avertie : il est important de varier ses repas – non seulement pour des raisons nutritionnelles, mais aussi psychologiques.

« On mange pour des raisons physiologiques, et puis on mange pour des raisons comportementales », avait-elle précisé. « Et il y a des études qui montrent que le corps répond à un repas en fonction du niveau de stress. Donc si tu es stressée et que tu n'aimes pas ton repas, tu vas le digérer différemment qu'une autre personne. »

Une bouillie informe
Pour la suite, j'ai demandé à Cipullo de me soumettre un repas conçu pour moi qui serait complet d'un point de vue nutritionnel – mais composé d'ingrédients bon marché voire gratuits. Je n'ai pas trop apprécié son conseil, qui était de faire sauter des épinards à la poêle ou du chou avec de l'huile d'olive, de les mélanger avec du riz et de recouvrir le tout par une cuillère de thon en boîte.

Cependant, après deux jours à manger des MealSquares, j'étais désespérée au point de tout accepter. J'ai englouti mon tupperware de bouillie presque immédiatement en arrivant au travail mercredi matin. C'était l'opposé du problème que je rencontrais avec les MealSquares, que je mettais tellement de temps à ingurgiter que je n'étais pas en mesure de consommer assez de calories au quotidien pour bien fonctionner.

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Le lendemain, j'en ai fait un peu plus et c'était plutôt bon – même si ça ressemblait pas mal à de la nourriture pour chien faite maison. Quand je suis rentrée ce soir-là, j'ai ajouté un peu de sauce salade à mon bol de bouillie et j'ai mélangé le tout jusqu'à obtenir une sorte de mixture exquise. J'en ai repris deux fois après ça, et je me suis endormie avec le sentiment d'avoir découvert la meilleure astuce du monde.

Ça n'a pas duré. Le jour suivant, mon humeur a empiré. J'ai fait une version « petit-déjeuner » de ma bouillie en remplaçant le thon par un œuf au plat. À ce stade, je me suis rendu compte que je me déplaçais très lentement et que mes bras me picotaient. Je commençais aussi clairement à dérailler, et à regarder n'importe quelle nourriture de la même façon qu'un chien face à un écureuil. À la pause déjeuner, un de mes collègues a trempé ses potatoes dans une sorte de sauce avant de les porter à sa bouche – c'était presque pornographique.

Le vendredi, cela faisait cinq jours que j'avais entamé mon expérience et j'avais l'impression d'avancer sous l'eau. Mon régime monotone m'avait accablée d'une sorte de gueule de bois permanente, alors que je n'avais absolument rien bu – et lorsque j'ai effectivement bu un demi de bière, je me suis sentie tellement étourdie que j'ai sincèrement cru que j'allais m'évanouir. Le matin suivant, c'était pire. J'ai ressenti l'envie de vomir la plus intense que j'ai jamais connue. Je peux compter sur les doigts de la main les fois où j'ai vomi dans ma vie, mais la sensation est reconnaissable entre mille. J'ai lâché mon café frappé sur le sol, me suis jetée dans un taxi, et me suis concentrée très fort pour garder le contrôle jusqu'à chez moi – pas évident.

Le montant que j'ai dépensé en nourriture cette semaine-là ? 10,06 dollars. Je ne veux même pas penser à ce que le taxi a fini par me coûter.

Allie est sur Twitter.