Tout ce que les gens de la musique ont écouté cette année, au studio, dans le métro ou dans leur duplex.
OBALSKI – Introducing Obalski
Un disque mou et dur en même temps, de la musique de snobs cools. « Leftfield » comme disent les lecteurs des newsletters Boomkat. Munichois de surcroît, le peuple oublié de l’Allemagne éternelle.
Nicolas, Geena
Videos by VICE
TRANS AM – Volume X
Dixième Trans Am, ça aurait pu s’appeler Business As Usual. Toujours aussi pertinents dans leur impertinence, tant pis pour ceux qui ont besoin d’une « homogénéité musicale » pour leur trouver de la cohérence. Les patrons sont là. Et le fun aussi. Top bonus : le clip LOL d’« I’LL Never ».
Cyril, Splash Wave
FAT WHITE FAMILY – « Touch the Leather »
Une resucée (c’est le mot) glauque de « Invisible Sun » de Police mais bien « on my back », la police. Super prod’, super clip, super cul et tout… Je ne vois que ça. Ca et le morceau inédit de la compile de Mireille Mathieu, « Ce n’est rien », un truc country qui sent bon la bouse, le shuffle et l’Elnett. Super cul ? A vous de juger comme dirait « Le Plus de L’Obs ».
Alister
TEN BAHT PER HOUR – « เหี้ยโว้ย »
Pour une fois qu’une fusion entre rap et hardcore n’est pas foirée…
Stephen, Kickback
SHEER MAG – S/T
Tout nouveau groupe de Philadelphie qui débarque avec un premier 7″ incroyable. Prod garage mais pas trop, guitares légèrement fausses, une voix féminine lo-fi et des mélodies envoûtantes. Comme si Keith Richards avait monté un groupe de powerpop.
Maxime, Skategang
MANTAR – Death by Burning
Ce duo guitare/batterie m’a complètement envouté. Les morceaux sont puissants, variés et addictifs.
Les influences sont multiples (Black Cobra, High On Fire, Celtic Frost, Eyehategod, les albums « black’n’roll » de Darkthrone, Jesus Lizard, etc…) mais Mantar a su synthétiser tout ça et façonner sa propre identité. La mayonnaise prend dès le premier album (une mayonnaise aromatisée aux champignons vénéneux, « mantar » signifie champignon en turc). 10 morceaux = 10 tubes. Et la magie opère aussi bien en live.
Mathieu, Cobra
MARC CERRONE – Brigade Mondaine, l’intégrale
OK, Moroder, mais Cerrone c’est quand même la grande classe à la française… Vice Squad est de loin mon préféré avec ses synthés cosmiques (« Phonic », « Strip Tease »), ses ambiances pesantes (« Générique »), ses progressions mélodiques. Même les titres plus classiques (« Chloe », « Deauville ») sont super bien foutus et semblent tout droit sortis d’un monde de mystères et de plaisirs infinis.C’est ressorti en coffret 3 vinyles remasterisés et la plupart finiront sûrement en objet de déco. Mais si un disc jockey venait à passer « Strip Tease » dans un night club un peu pourri je crois que je serais prêt à faire le déplacement (dans une limite de 900 kilomètres).
Marc, Cobra
JULIEN GASC – « Canada »
On a essayé de me le vendre un paquet de fois et je ne comprenais pas. Ça me glissait dessus, le côté « chanson » était rédhibitoire et m’empêchait de voir à quel point ce disque était intime, trippé, complètement dingue. Puis je me suis rendu compte que le disque tournait en boucle depuis des mois dans ma caisse et que je n’écoutais rien d’autre ! Il m’obsédait et c’est rapidement devenu une évidence qu’il fallait que je le ressorte (le disque était initialement sorti à 100 exemplaires sur 2000 Records, fin 2013).
JB, Born Bad
NANCY DUPREE – Ghetto Reality
2014 a été une année riche en rééditions. Outre le deuxième volet des trésors de Francis Bebey (Born Bad) et le superbe travail de RNVG Intl (K.Leimer surtout), je retiendrais surtout le plus fragile d’entre ceux-là avec Ghetto Reality, la ravissante chorale black power de Nancy Dupree, où comment apprendre à des gamins à chanter juste, un cocktail Molotov à la main.
Etienne, Villette Sonique
ARIEL PINK – Pom Pom
Si je devais garder un download de 2014, ce serait Pom Pom d’Ariel Pink, parce qu’il regorge de tubes foireux, imparables, qui forment un disque fatiguant mais inépuisable. Et puis il y a ce look de baladin priapique…
Guillaume, D*I*R*T*Y
L’ÉPOPÉE T’HEYDINNE
Ce que j’ai vraiment le plus écouté cette année, c’est le premier album de Claude Violante, ce qui est assez logique vu que je le sors dans quelques mois. On a tellement travaillé dessus toute l’année, que je le connais par cœur. Claude me dit : « quand il va sortir, tu ne l’aimeras plus ». Du coup, depuis deux semaines, j’essaye de ne plus l’écouter. Sinon j’ai trouvé que 2014 avait été pas mal marqué par cette sempiternelle peur de « l’invasion arabe », toutes ces positions anti-islam/anti-musulmans que je trouve particulièrement inquiétantes.Du coup j’ai choisi cette vidéo qui me fascine totalement, surtout à cause des voix déstructurées. C’est beau non ?
Gloria, Tsunami-Addiction
BING & RUTH – Tomorrow Was the Golden Age
Après une année à écouter les nouveaux albums géniaux de Thou, Indian, Gridlink, Coffinworm, Pan Sonic, Teitanblood et autres concentrés de violence, je suis tombé ce mois-ci sur ce disque de Bing & Ruth. C’est un projet mené par le compositeur et pianiste David Moore, accompagné de plusieurs musiciens. C’est une petite fenêtre qui s’ouvre sur une douce mélancolie, un vague à l’âme paisible, même s’il y a des moments d’allégresse. Ça me ressource comme il faut pour entamer une année 2015 qui s’annonce très chargée.
Paul, Mondkopf
EKMAN – « Entropy »
La ligne de basse la plus grasse de 2014 et le disque préféré de ma voisine Colette, que j’embrasse ! Bisous !
Froos, Teenage Menopause
FEMMINIELLI NOIR – « Exotico »
De loin le meilleur burger l’année : sauce ritaline et supplément métal rouillé. Massif, imparable, addictif !
Elzo, Teenage Menopause
K. LEIMER – « Lonely Boy »
Ce n’est pas ce qu’on peut appeler un morceau de 2014 puisqu’il s’agit d’une réédition paru sur RVNG mais ce titre m’a particulièrement hanté récemment. Il parle d’un truc assez confus, quelque part entre la page blanche et l’absence, d’un moment que beaucoup de musiciens connaissent. Essayer de faire avec ses périodes de doute, voire d’en faire un moteur pour l’écriture résume assez bien notre condition (du moins la mienne).
Yan Wagner
ESSAIE PAS – « Retox »
Synthétiseurs syncopant l’insomnie d’une liaison néfaste à la rythmique inéluctable. Les sirènes nous alertent mais on finit par s’abandonner. Suis-je consentant ?
Adrien, Camisole
SHELLAC – Dude Incredible
Parce qu’il y a les années d’album de Shellac. Pour Steve albini et l’ensemble de son œuvre. Le mec connait la musique et emmerde le business, c’est un vrai punk, pas une poule de luxe à l’anglaise. Albini emmerde tout le monde, sauf les gens qui achètent ses disques.
Arnaud Rebotini
DOLLKRAUT – « Loose Ends »
Dans mes tracks de l’année aurait pu figurer « Tied Up In Nottz » de Sleaford Mods, « Stakan » de Gesloten Cirkel ou encore « Unfullfilled Desire » de Sumerian Fleet. Mais c’est finalement « Loose Ends » de Dollkraut qui, avec sa fusion d’electro-funk et de synth-wave, illustre le mieux le désenchantement de cette année 2014…
Ygal, Versatile
JOHN TAVENER – « Funeral Canticle (The Tree Of Life) »
Cette année, pleins de trucs super mais impossible de dé-scotcher de ce morceau émotionnant de John Tavener (un anglais converti à l’église orthodoxe russe), qui n’est pas vraiment une nouveauté. Vive le caté !
(Ça commence à péter à 2:23)
Olivier, Cheveu
NOT AFRAID – Locked Out
Avoir un line-up composé de mecs de True Colors et Justice place déjà la barre très haute. Mais les gars ont fait profil bas et ont bossé en studio pour revenir avec un des meilleurs LP de hardcore straight edge de ces dernières années, histoire de montrer que les patrons du style en Europe sont bien originaires du plat pays. Pas de positivité ou d’esprit de fête, le Youth Crew en 2014 c’était rage & obscurité.
Alexis, Straight & Alert
LES SINS – « Bother »
Le projet house de Toro Y Moi c’est pour moi la bonne surprise de 2014. C’était mon rêve de faire un clip avec un Airdancer, donc j’étais un peu jalouse quand j’ai vu le sien, mais franchement, j’aurais pas pu faire mieux !
Amelie, Jupiter
CATE LE BON – « He’s Leaving »
J’ai clairement passé 2014 à bourrer le crane de tous les gens (en quête de vie éternelle) avec Cate Le Bon. Loin de me faire gentiment envoyer chier, ça a marché. J’ai créé des disciples prêts au sacrifice. Nous marcherons impitoyablement sur 2015, tel une armée de zombies indestructibles animés par la voix de la déesse galloise.
Guillaume, The Feeling Of Love
FUTURE – « Covered N Money »
Couvert de honte après un Honest mésestimé en 2014, Future avait pourtant prévenu : couvert de blé et soutenu par la prod dangereuse du jeune prodige Sonny Digital, c’est lui le meilleur, et de loin.
Dom, Fin De Siècle
PC MUSIC
Mi révulsé, mi fasciné, mi lol. Ça fait trois moitiés. Il faut au moins ça pour garder la tête haute et regarder l’horreur pop contemporaine droit dans les yeux.
Julien, Clapping Music