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Notre monde est probablement une simulation selon Elon Musk

Elon Musk, le patron de SpaceX et de Tesla, a fait ce qu’il a pris l’habitude de faire de temps à autre : répondre à des questions du public, en donnant l’impression qu’il réfléchit à chacune d’elles depuis des années. Et en général, c’est le cas.

Franchement, vous pouvez prendre n’importe quelle phrase prononcée par Musk à la conférence Recode Code et en faire un article : il veut envoyer des humains sur Mars avant 2025, affirme que SpaceX s’apprête à tester la fusée la plus puissante du monde cette année, que Mars n’est pas « le pire des endroits où mourir », souhaite faire redécoller une fusée Falcon 9 déjà utilisée d’ici quelques mois, assure que nous sommes déjà des cyborgs, laisse entendre que la démocratie directe serait sans doute le meilleur système politique pour une colonie martienne, etc.

Selon les questions, on aboutit à des discussions que tous les étudiants en philo ou dans les écoles d’ingénierie ont déjà eues, plus ou moins défoncés. Mais comme Elon Musk a réussi ces derniers temps à fabriquer des fusées qui parviennent à réatterrir toutes seules et des voitures qui se conduisent toutes seules, et qu’il travaille actuellement à faire quitter la Terre à la race humaine, on l’écoute un peu plus attentivement que la moyenne des étudiants défoncés.

Mon passage préféré, c’est quand Musk a affirmé qu’il y avait « une chance sur plusieurs milliards » que nous ne vivions pas dans une simulation informatique. En d’autres mots, il croit fermement à l’hypothèse selon laquelle une intelligence artificielle super évoluée a créé notre univers.

« L’argument le plus fort en faveur de cette hypothèse, selon laquelle nous vivons probablement dans une simulation, est le suivant : il y a 40 ans, nous avions Pong, un jeu avec deux rectangles et un point, a expliqué Musk. Voilà à quoi ressemblaient les jeux. Aujourd’hui, à peine 40 ans plus tard, nous avons des simulations 3D ultra réalistes auxquelles des millions de gens jouent en simultanée. Et tout s’améliore chaque année. Bientôt, nous aurons la réalité virtuelle et la réalité augmentée, et les jeux vont devenir impossibles à distinguer de la réalité. »

Cette hypothèse avait été initialement formulée par le philosophe britannique Nicholas Bostrom en 2003. Dans cette hypothèse, il y a trois explications plausibles de la nature de l’univers. Autrement dit, l’une des trois affirmations suivantes serait vraie :

  1. Nous vivons littéralement dans une simulation informatique.
  2. Les civilisations les plus avancées détestent produire des simulations « ancestrales », c’est-à-dire qu’elles n’ont aucune envie de simuler ce qui correspond grosso modo à des jeux vidéo de leur passé.
  3. Quelque chose détruit toutes les civilisations avant qu’elles atteignent le point où elles sont technologiquement capables de simuler la conscience.

Comme l’écrivait notre collègue Maddie Stone dans un article consacré à une hypothèse presque similaire, il semble de plus en plus probable que notre univers soit un hologramme, ce qui signifie soit que des pans entiers de la physique nous échappent encore, soit que tout a été créé par une intelligence supérieure. La communauté scientifique s’intéresse également de plus en plus à la nature même de la réalité : le Fermilab mène actuellement les toutes premières expériences en vue de déterminer si nous vivons réellement dans un hologramme, même si les premiers résultats n’ont pas été très probants.

Elon Musk croit fermement que, des trois possibilités énoncées par Bostrom, la première est correcte. Il pense que comme nous créons déjà des simulations d’à peu près tout (on a des simulateurs d’assemblage de meubles Ikea…) et que la puissance de nos ordinateurs ne cesse de croître, nous finirons inévitablement par être capables de créer des réalités entièrement simulées.

« Même si la vitesse à laquelle notre technologie progresse devait être divisée par mille, nous y arriverons d’ici 10 000 ans, au maximum, ce qui n’est rien à l’échelle de l’évolution. Étant donné que nous allons bientôt avoir des jeux impossibles à distinguer de la réalité et qu’on pourra jouer à ces jeux sur des boîtiers, des PC ou tout autre type de support, sachant qu’il existera des milliards de ces ordinateurs ou appareils, il est logique de penser que notre réalité n’a qu’une chance sur plusieurs milliards d’être la réalité de base, a déclaré Musk. Dites-moi si j’ai tort. Y a-t-il une faille dans ce raisonnement? »

Il estime que la première des trois possibilités de Bostrom est la plus agréable : les autres sont plus sinistres que l’idée selon laquelle la réalité n’est pas vraiment réelle.

« Il y a une chance sur plusieurs milliards que nous soyons dans la réalité de base. C’est ce que je pense. Nous devons espérer que j’aie raison, car autrement, si notre civilisation cesse d’évoluer, ce pourrait être à cause d’un événement terrible qui l’éradiquera. Nous devrions donc souhaiter que ce monde soit une simulation. »

Pourquoi devrions-nous nous soucier de la nature de la réalité? C’est l’une de ces questions existentielles à la fois inimaginable et remplie de sens. C’est un super sujet de conversation avec des amis au bar, ou quand vous avez consommé certaines substances qui ouvrent l’esprit. Mais évitez-le au cours d’un premier souper romantique.

« J’ai eu tellement de discussions à ce sujet, c’est fou, a raconté Musk. À tel point que presque toutes mes conversations finissaient par tourner autour de l’intelligence artificielle ou des simulations. J’ai fini par m’interdire ces conversations dans le spa, parce que ça brise un peu la magie. »

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