Cet article n’est pas adapté pour un jeune public.
Dans les photos de Daria Endresen on trouve de la mythologie scandinave, des rituels nordiques, des sorcières et de l’occulte. Dans ses premiers travaux, l’artiste norvégienne imaginait d’angoissants autoportraits où sa figure semblait fantomatique. Plus récemment, elle s’est tournée vers d’autres femmes, le plus souvent nues en pleine nature dans des poses aussi symboliques que cryptiques. Que ce soit en semi-lévitation au milieu d’un lac gelé ou dans une forêt au centre d’un pentagramme, tout est dérangeant — et pourtant très beau — dans les séries photos de Daria Endresen. Pour décrire ses créations trois mots lui suffisent : « Froides, silencieuses, isolées ».
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Daria Endresen a commencé la photographie très tôt, en recevant de son père, son premier appareil photo. « Au début, je m’intéressais essentiellement au paysage », confie-t-elle à The Creators Project, « ce n’est qu’ensuite que j’ai découvert les travaux de Karina Marandjian, une artiste numérique russe aussi connue sous le nom de Daunhaus. Ses créations m’ont retourné et je me suis alors mis à apprendre Photoshop. » Mais ce n’est pas la seule influence d’Endresen, et pour s’en convaincre, il suffit de se rendre dans la partie « Inspirations, influences et amis » de son site. On y trouve les traces de peintres du XVe siècle comme Hans Memling mais aussi de Frida Kahlo ou de figuratifs norvégiens comme Odd Nerdrum. On trouve dans cette section des liens vers toutes sortes d’artistes et de collaborateurs : Nihil, Eric Lacombe ou Anja Millen pour en citer quelques-uns.
Après sa rencontre avec Photoshop, Endresen change encore une fois de sujet. « Je vivais dans un petit village au milieu de nulle part, je n’avais que moi comme modèle, alors j’imagine que c’est pour ça que j’ai commencé à travailler l’autoportrait. C’est quelque chose qui avec le temps a eu beaucoup d’importance pour moi sur un plan personnel. L’autoportrait fut une façon d’appréhender ce que je vivais à ce moment-là de ma vie. Et même si ce que je dis là sonne un peu cliché, ce fut comme une thérapie pour moi. Et petit à petit, j’ai arrêté d’être au centre de mes photos. Je me sens souvent proche des modèles que je photographie, mais c’est bien moins introspectif. »
Si les pratiques photographiques de Daria Endresen ont beaucoup changé, on y trouve un fil rouge évident : la Norvège. Et là encore c’est « froid, silencieux et isolé ». « J’ai toujours eu un lien fort et un véritable sentiment d’appartenance à ce pays. Il est évident que ça se ressent dans mon univers visuel. Il y a quelque chose de sombre dans les pays nordiques. J’imagine que ça s’explique par le climat rigoureux, le manque de lumière, l’isolement et peut-être la nature réservée des gens du coin. J’imagine que tout cela se retrouve en moi. »
« Mes conditions de shooting sont assez dures (froid, pluie, neige, boue, etc) et je suis assez exigeante, c’est pour ça que je préfère travailler avec des gens que je connais. Il est probable que je ne me sente pas à mon aise en torturant des inconnus. » D’autant plus que selon elle, les séances de « torture » peuvent parfois durer jusqu’à cinq heures.
Pendant ce temps-là, elle photographie avec son Canon EOS 5DM2, toutes sortes d’objectifs et un trépied. « Je fais aussi tous les accessoires moi-même. Et comme mes modèles sont le plus souvent nus et les yeux bandés, je n’ai pas vraiment besoin d’un styliste ou d’un maquilleur. »
Une fois ses centaines de photos prises, Daria s’en retourne chez elle, au chaud, pour passer des heures sur Photoshop. « J’ai une sorte de routine pour chaque cliché. Des retouches de bases, des corrections couleurs, un peu de ton, de grain, de la texture parfois. »
« Ma photo la plus rapide, je l’ai faite en cinq jours. Mais je me fixe comme règle que le processus soit long et douloureux : les choses ne se passent jamais comme je le veux, et il m’arrive d’abandonner une image et de n’y revenir que des mois plus tard. Parfois, je laisse complètement tomber un projet. Mon dernier projet Iss, je l’ai shooté en mars, et je l’ai fini fin août. »
Quand elle ne fait pas de la photo dans des conditions volontaires de souffrance, Daria Endressen travaille à sa marque de bijoux : Thrjar. « Je m’occupe de tout là encore, même de la charte graphique et de notre visibilité. Il y a un lien vers mes photos mais c’est beaucoup moins complexe. Je passe moins de temps sur ce genre de photos. C’est au contraire très relaxant d’alterner entre les deux. »
Allez découvrir tous les travaux de Daria Endresen sur son site.