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Pourquoi l’épidémie de VIH ne recule-t-elle pas ?

De moins en moins de gens en meurent, mais l’incidence de l’infection par le VIH reste la même depuis 2005.

L'incidence de l'infection au HIV a connu un pic en 1997, avec 3,3 millions de nouveaux cas. Elle a depuis connu une diminution, jusqu'en 2005, où le nombre moyen de nouvelles infections a été évalué à 2,6 millions de cas. Depuis, cette incidence est restée plus ou moins stable, selon une nouvelle étude publiée dans le Lancet HIV. Cela porte le nombre total d'individus infectés au VIH à 38,8 millions en 2015.

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Ces chiffres sont pour le moins décourageants. On pourrait s'attendre à ce que, au vu de l'importante communication sur le VIH, l'incidence des infections continue de décroitre à un rythme régulier.

La même étude note que, cependant, la mortalité due au VIH chute au niveau mondial. En 2005, 1,8 million de personnes sont décédées de la maladie, pour 1,2 million de personnes en 2015. Ce progrès peut être attribué à deux principaux facteurs : la diffusion massive des médicaments antirétroviraux, qui permettent de contrôler l'action du virus chez les patients infectés, et la prévention concernant la transmission virale de la mère à l'enfant.

D'où vient cette difficulté à réduire la prévalence de l'infection au VIH ? De fait, il existe même des territoires où son incidence augmente (ccompensé par une baisse dans d'autres pays, dont il résulte une stagnation mondiale). L'épidémie de VIH en Afrique subsaharienne s'est quelque peu apaisée, alors qu'elle explose en Indonésie et aux Philippines, par exemple.

« Le besoin en programmes d'intervention, en particulier en traitement de masse par médicaments antirétroviraux, continue de croître en raison de l'incidence élevée des infections et le succès des solutions thérapeutiques aujourd'hui disponibles. Cela permettra de prolonger la durée de vie des personnes vivant avec le VIH, » note l'étude. « Cependant, depuis 2010, l'aide au développement consacrée le VIH n'a pas augmenté. L'absence de financement supplémentaire contraste durement avec l'objectif de 36 milliards de dollars annuels défini par les Nations Unies pour mettre vaincre le SIDA d'ici 2030. »

Une étude publiée en avril ne prévoit pas d'augmentation significative des financements alloués à la lutte contre le VIH / SIDA dans les régions les plus durement touchées, du moins en ce qui concerne l'aide extérieure. Les pays de richesse moyenne pourront peut-être s'en sortir, mais les pays d'Afrique sub-saharienne du Sud, où l'incidence du VIH est la plus élevée, sont condamnés. Sur la base des tendances épidémiologiques et financières actuelles, le maintien des programmes de traitement antirétroviral ne sera peut-être pas possible, et les objectifs définis par les Nations Unies ne seront pas atteints.

Que faudra-t-il faire pour inverser cette tendance ? Les auteurs de l'étude proposent quelques idées : « Répondre aux besoins des personnes vivant avec le VIH exigera de concentrer l'aide au développement sur les pays les plus pauvres, d'augmenter l'efficacité des programmes thérapeutiques, d'augmenter le financement intérieur, d'abaisser le coût du traitement (y compris le prix des médicaments antirétroviraux), et de réduire l'incidence future de l'infection grâce à des efforts mieux concertés, » écrivent les auteurs.

Ils ajoutent que « l'aide au développement devra prendre en compte une possible entrave de la libre circulation des médicaments génériques à bas prix. En outre, il faudra inciter les secteurs public et privé à poursuivre la R&D sur de nouvelles méthodes de prévention, de nouveaux traitements, et de meilleures stratégies de lutte contre l'épidémie à long terme. »

En ce qui concerne les agents pathogènes eux-mêmes, il faut préciser que le VIH est un adversaire particulièrement coriace. Et le développement de traitements et de stratégies de prévention capables de le neutraliser efficacement sont parmi les plus belles réussites de la médecine moderne. Il faut seulement prendre garde à ce que la lutte mondiale contre le VIH ne stagne pas à un rythme de croisière. Des millions de vie sont en jeu.