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Pourquoi le koala est-il en voie de disparition ?

Être exempt de prédateurs naturels ne protège pas contre les petits désagréments.

Avec la série « Le Pourquoi du moment », Motherboard répond aux questions les plus posées sur Google en 2016. Aujourd'hui, on se demande si les koalas sont aussi fragiles qu'ils en ont l'air.

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Vous êtes des êtres surprenants, internautes. Quand vous ne vous posez pas des questions profondes sur la tristesse, la vieillesse, l'amour et la déliquescence, les thématiques récurrentes du Pourquoi du Moment, ce qui vous préoccupe, c'est le sort des koalas. C'est en tout cas ce que nous disent les résultats Google Trends en 2016. Peut-être qu'avec sa fourrure imperméable, son air mutin et son postérieur recouvert d'une dense fourrure qui lui sert de coussin, le koala a réussi à acquérir une aura d'animal prodigieux propre aux réflexions philosophiques. La capacité à s'asseoir n'importe où dans le plus grand confort mérite après tout les honneurs de l'ensemble du règne animal.

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Nous ne savons pas encore si le koala peut être élevé au rang de concept métaphysique et inspirer un futur sujet de bac de type « Faut-il préférer le koala à la liberté ? », « Le koala peut-il être juste ? » ou « Peut-on échapper au koala ? » En revanche, nous savons formellement répondre à « Pourquoi le koala est-il en voie de disparition ? »

La réponse est simple : Le koala n'est pas en voie de disparition.

En effet, le terme « en voie de disparition » est une expression passée dans le langage courant pour qualifier les espèces dont la survie à long terme est mise en péril. Elle est bien trop vague, cependant, pour constituer une étiquette exploitable par la biologie de la conservation.

L'UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) a établi une liste rouge en 1964 afin d'actualiser l'état des populations des espèces connues (ce qu'on appelle « le statut de conservation »). C'est la principale autorité en matière de veille sur les menaces rencontrées par la biodiversité et sur l'évaluation de leur risque d'extinction.

Les espèces sont officiellement classées en onze catégories :

Catégories de l'UICN utilisées à l'échelle régionale (d'après les Guides UICN 2001 & 2003).

Parmi celles-ci, les trois catégories En danger critique, En danger et Vulnérable vous préoccupent, vous qui êtes terrifiés à l'idée que le koala puisse disparaître de la surface de la Terre avant de l'avoir pris en photo.

Contrairement à la croyance répandue, les populations de koalas ne sont certes pas au mieux de leur forme, mais sont bien loin d'être menacées par une extinction imminente. D'où le statut du koala auprès de l'UICN : vulnérable. À ce titre, on peut comparer les populations de petits marsupiaux arboricoles à la prévalence du tatouage tribal chez les jeunes ; il y en a de moins en moins, mais ce n'est pas encore aujourd'hui qu'on en viendra à bout.

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Le territoire du koala est assez restreint, puis qu'on ne le trouve que dans les régions côtières de l'Australie méridionale et orientale. Il est principalement menacé par l'urbanisation. Les australiens, qui n'ont pas encore été dissuadés de croitre et de multiplier dans un environnement où les pythons dévorent les alligators de manière routinière, font comme les autres sociétés inconscientes et civilisées : ils construisent des maisons, des routes, et achètent des chiens à leurs enfants pour Noël.

Comme le rapporte le Conseil Ministériel australien dédié à la gestion des ressources naturelles dans un rapport de 2014, National Koala Conservation and Management Strategy, l'urbanisation a réduit considérablement l'habitat naturel du koala, principalement dans le Queensland et dans les Nouvelles-Galles du Sud. La bestiole a besoin de forêts d'eucalyptus, humides, pas trop denses, aux arbres de haute taille, et d'un territoire fixe et tranquille propice à la sociabilisation. Dès lors, la déforestation pour les besoin de l'agriculture, les fréquents feux de forêt et la fragmentation de son habitat perturbent ses habitudes de milord. Son repas et sa couche doivent être au top, c'est la moindre des choses.

En parlant de couche, les groupes de koalas, qui ont décidément adopté des habitudes bourgeoises, sont également sujets à des infections sexuellement transmissibles comme les Chlamydia qui peuvent affecter la fertilité des femelles, et aux infections urinaires. La menace est moindre, mais elle participe à forger sa réputation de babtou fragile du monde animal. Dans certaines zones, les experts ont même envisagé de tuer sélectivement des individus infectés par les Chlamydia afin de protéger l'ensemble de la population.

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Enfin, la pression sélective sur les koalas prend la forme de dangereuses attaques de chiens et de voitures. C'est là où la morphologie délicate de l'animal montre ses limites : si l'Australian Koala Foundation estime qu'il existe moins de 100 000 koalas à l'état sauvage, c'est aussi parce qu'avec son corps de 70 cm, ses 10 kg, (en moyenne), son pelvis et son bassin statiques, il a bien du mal à se déplacer avec célérité et ne fait pas le poids face aux grandioses camions australiens et aux chiens locaux.

La raréfaction des eucalyptus, les chiens, les camions, les IST : ç'en était trop pour notre koala qui a du mal à se tenir dans une forme optimale sans un petit coup de main. Heureusement, les hôpitaux pour koalas sont là.

Image : L'ambulance du Koala Hospital à Port Macquarie en Australie.

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