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Pourquoi on a de la fièvre ?

La fièvre est avant tout ce qui nous distingue des Reptiliens et des gens morts.

Avec la série « Le Pourquoi du moment », Motherboard répond aux questions les plus posées à Google en 2016. Aujourd'hui, on se demande pourquoi la température de notre corps augmente parfois brutalement quand on est malade, nous plongeant dans un océan de sueur et de cauchemars absurdes.

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« N'utilisez pas un thermomètre buccal pour prendre la température rectale, ou un thermomètre rectal pour prendre la température buccale », conseille avec à-propos le site canadien Soinsdenosenfants.cps.ca, bien conscient que la plupart des gens fiévreux risquent moins la mort qu'un immense malaise. Car tant qu'elle n'excède pas les 40°c (ce qui est somme toute assez rare), la fièvre n'a rien de dangereux ; elle est au contraire le signe que votre corps, qui à bien des égards est une machine surpuissante à faire pâlir toutes les Dodge Viper GTS, est en train d'œuvrer à vous débarrasser des saloperies que vous avez attrapées en léchant la barre du métro pour faire rire les copains (qui n'ont pas beaucoup ri, d'ailleurs). Et ce, sans que vous lui ayez demandé quoi que ce soit. Mais ça, a priori, vous le saviez déjà, à moins que votre cerveau ne soit nettement moins surpuissant que votre corps.

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Cette machine possède quatre pots d'échappement, mais zéro hypothalamus.

Normalement, vous êtes également au courant que la température normale du corps humain est d'environ 37°C, et qu'elle est susceptible d'évoluer entre 36,5°C et 37,5°C sans qu'il y ait lieu de s'alerter. C'est pourquoi une température nettement inférieure à 36°C est un excellent moyen de démasquer les Reptiliens et les gens morts. À l'inverse, une température supérieure à 37,5°C est un excellent moyen de déceler la fièvre. D'où l'usage d'un thermomètre, qu'il soit rectal ou buccal. Je ne m'aventurerai pas à vous conseiller l'un plutôt que l'autre, chacun écrit « fun » comme il l'entend.

La température du corps d'un Reptilien est égale à celle de la pièce où il se trouve, ce qui permet de le démasquer.

Cette élévation de la température corporelle que nous avons baptisée « fièvre » (du latin febris, qui signifie « désodorisant senteur vanille-sida ») est le signe d'une réaction immunitaire. En surchauffant le corps, la fièvre l'aide à lutter contre les virus et les bactéries qui, à l'instar des habitants de Pompéi, sont sensibles à la chaleur. La fièvre peut également résulter d'une insolation ou d'un effort trop conséquent, mais il faut alors plutôt parler d'hyperthermie ; quant à nous, nous n'en parlerons pas, car c'est un autre sujet.

Concrètement, comment se déclenche la fièvre ? Tout vient de l'hypothalamus, une structure du système nerveux central située à la base du cerveau. L'hypothalamus est en quelque sorte le thermostat du corps humain ; c'est lui qui décide d'en élever la température lorsqu'il détecte des substances pyrogènes (littéralement : « qui donnent de la fièvre »), lesquelles sont souvent produites par des agents pathogènes, c'est-à-dire des microbes. La température corporelle augmente plus vite chez les enfants que chez les adultes car leur système immunitaire réagit plus violemment aux pyrogènes, signe qu'il est inexpérimenté et que les enfants sont globalement assez nuls. Vous n'avez qu'à essayer de mettre un thermomètre rectal à un enfant, et vous verrez qu'il se mettra à pleurer au lieu de vous remercier de ne pas l'avoir confondu avec le thermomètre buccal, comme le font les adultes bien élevés.

La fièvre est donc notre amie, celle qui nous défend contre les méchants microbes qui veulent nous voler notre goûter pour l'éternité en nous envoyant faire le Grand Dodo. Vraiment ? Mmm ? Eh non, pas toujours. La fièvre est parfois aussi le genre d'ami qui te pousse dans une piscine vide pour voir le bruit que tu feras en touchant le fond (je te retrouverai, Kévin). Car il arrive que la température s'élève un peu trop, et qu'elle mette alors en danger le corps dans son ensemble, et non plus seulement les agents infectieux qui le menacent. Lorsqu'elle dépasse 40°C, la fièvre devient un danger pour certaines protéines essentielles au bon fonctionnement de l'organisme, et peut ainsi provoquer des infarctus, des nécroses, des convulsions et des phases de délire chez le sujet affecté. D'où l'importance de prendre régulièrement sa température, par exemple à l'aide d'un thermomètre rectal.

Pour finir, un petit conseil, entre nous : si vous avez de la fièvre, genre 38°C ou 39°C, ne vous forcez pas à manger. D'abord, parce que nous n'en avez sans doute pas trop envie, et que c'est une excellente occasion de perdre du poids avant d'aller attendre la mort sur la plage de la Grande-Motte. Mais surtout parce que ce serait assez mauvais pour vous : lorsque vous êtes fiévreux, tout votre corps est en situation de stress. En le forçant à digérer des aliments, vous stimulez inutilement votre système nerveux parasympathique, alors que le système nerveux sympathique est déjà bien occupé. Par ailleurs, vous prenez le risque que votre corps considère alors certaines substances que vous avez ingérées pour des allergènes, ce qui est rarement une bonne idée. Et vous augmentez au passage vos chances de connaître des complications telles que des convulsions.

Dans le doute, conservez donc un thermomètre rectal en permanence, et ne mangez jamais rien. Jamais.