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Société

On a demandé à des gens pourquoi ils pratiquent la sodomie

« C’est une sensation surprenante au début. »
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Les raisons pour lesquelles les gens pratiquent le sexe anal sont variées : une douleur chronique les empêche d'avoir des relations sexuelles vaginales, ils ont perdu à Scrabble et la sodomie en est la conséquence immédiate et logique, ils veulent avoir un rôle dans un film hollywoodien ou transgresser un tabou.

Pas de vagin pénétré avant le mariage

Ou ils ne souhaitent pas connaître la pénétration vaginale avant le mariage.
C'est le cas pour Pivoine, une musulmane de 19 ans, qui trouve charmant que son entourage la perçoive comme une femme sage et prude, alors qu'elle est active sexuellement et qu'elle aime beaucoup le sexe. « Pour des raisons et des craintes culturelles, je reste vierge, mais j'adore le sexe anal. Avec la position doggy, mon clito est aussi stimulé très intensément. », indique-t-elle.
Si elle aime autant le sexe anal, c'est aussi, selon elle, que cette pratique nécessite de ses partenaires beaucoup de douceur. Les préliminaires font en sorte que Pivoine ne trouve jamais que ses relations sexuelles ont un aspect mécanique. Très extravertie dans son quotidien, et avec une personnalité qu'elle juge très forte, Pivoine se dit complètement satisfaite de se laisser aller au lit, et de s'y sentir plus soumise. La soumission est souvent évoquée lorsqu'il est question de la sodomie. Lors d'une conversation sur Facebook, Carl confie adorer « vivre dangereusement » et rencontrer souvent des dominatrices à qui il demande de le pénétrer. « C'est une sensation surprenante au début. Puis ça devient agréable. Un délice qui oscille vers l'étrange ou la douleur. La soumission me semble alors mon état naturel. J'en tire du bonheur. C'est très mental, comme plaisir. » En réaction au commentaire de Carl, Absa ajoute qu'être dominée l'excite énormément, tout comme l'idée d'être humiliée.

Clichés toxiques dans les magazines féminins

Dans les magazines féminins et les blogues masculinistes toxiques, la soumission et la domination sont directement liées à la sodomie. Un article de Marie Claire suppose que les femmes « appartiennent complètement à leur partenaire le temps d'un rapport sexuel. » Grâce à la sodomie, les hommes réussiraient enfin à assouvir leur fantasme de domination, qui serait « purement une question d'égo ». La sodomie représenterait donc « la soumission totale du ou de la partenaire et provoque une sensation de toute puissance jouissive. » Le magazine Cosmopolitan considère que la sodomie est populaire parce qu'elle permet aux hommes, qui recherchent un plaisir exclusif, d'assouvir une envie de domination et de possession. Supputant que la sodomie est « avant tout lié à la domination et à la soumission », les femmes se plairaient à offrir leurs fesses seulement si elles adorent être dominées ou si elles apprécient la possibilité de faire jouir «leur homme de manière brutale et rapide. »

La sodomie pour la stabilité du couple

Le blogueur misogyne Roosh V s'enthousiasme à propos de la sodomie, car pour lui l'acte sexuel n'a sa raison d'être que pour assujettir la femme. « Quand un humain pénètre un corps et y dépose ses fluides génétiques, ça établit une structure de pouvoir. Maintenant les femmes sont devenues agressives et exigeantes. Elles sautent d'un divorce à l'autre. Le sexe vaginal est vu comme un passe-temps. Ça n'a plus le même poids qu'avant. La sodomie reste toutefois un acte transgressif », résume un lecteur surnommé Return of Kings sur le forum de Roosh V. Il conseille aux autres de mettre leur queue dans le cul de leurs petites copines quelques fois par mois, s'ils veulent qu'elles deviennent leur « bitch » et restent avec eux. « Obligez-les à se soumettre à vous. Ça va peut-être les calmer et leur faire perdre un peu de leur sentiment de supériorité», conclut-il.

La soumission contestée et redéfinie

Lors d'une conversation Facebook, Stanislas conteste l'idée que la sodomie soit liée à la soumission. Cassiopée approuve : « J'aime le sexe anal et pourtant je déteste me soumettre à quoi que ce soit. Je n'étais pas encline à essayer la sodomie, parce que justement certains de mes partenaires y amenaient la dimension de la soumission. » Absa explique en quoi elle conçoit la sodomie comme un acte de soumission : « C'est dans le sens actif-passif de la relation sexuelle. Tu es pénétrée quand tu es sodomisé. C'est pas toi qui pénètres. » Stanislas comprend cette vision, tout en la critiquant: « Je n'ai jamais ressenti une quelconque passivité. Comme si c'était le plus faible chez les gais. C'est très culturellement marqué et je n'aime pas ça. Je pense que c'est la raison pour laquelle les gars hétéros ne veulent pas essayer, les pauvres. La culture et les tabous se marient très mal avec du bon sexe. » Absa invite à réinvestir le mot « soumis », à y voir aussi du pouvoir. « Surtout que la personne sodomisée peut être active pendant l'acte en fait, par exemple en aidant à enduire le corps de lubrifiant, en bougeant, en s'amusant à se branler et à deviner, voire à toucher, le pénis du partenaire à travers la paroi vaginale. », renchérit Aurélie. Stanislas explique alors que l'autodétermination de chacun y est pour beaucoup dans notre façon de percevoir les jeux anaux : « Ça dépend de comment on se sent, de quel jeu de rôle on a envie. Il faut que ça cesse cette association systématique à la soumission et à la domination. » Absa approuve, considérant effectivement que tous les rapports n'ont pas à rester figer dans un fantasme statique.

La confiance plutôt que le danger

Une étude assez récente sur la sodomie montre que le sexe anal, plus que le sexe vaginal, n'est pas lié à une envie de contrôle, mais plutôt à l'intimité, à l'engagement et à la confiance. Paul Joannides, dans le livre Getting It On, embrasse cette vision, parlant de tout ce qui touche le sexe anal, sans jamais mentionner la soumission et la domination. Puisque dans toute relation sexuelle ou sociale, il y a la possibilité d'être soumis à l'autre ou plus contrôlé, il est inutile d'enfoncer cette notion que lorsqu'il est question de sodomie, comme si cet acte restait plus déviant que les autres, plus surligné au marqueur jaune fluo comme pratique potentiellement dangereuse pour l'estime de soi. L'auteur profite du chapitre consacré à la sodomie dans son livre pour démystifier une autre raison pour laquelle les gens aiment jouir dans un anus : ce serait une bonne méthode de contraception. Il avertit que c'est une idée fausse, expliquant ce qu'est la « splash conception », une expression faisant référence au sperme qui migre d'entre les fesses jusqu'au vagin, causant la fertilisation d'un ovule et une grossesse surprise. « Les grossesses à la suite d'une relation anale sont peut-être la façon dont toutes les personnes avec une personnalité anale, compulsive et qui veulent tout contrôler, sont conçues. », blague-t-il. Puis il émet une évidence qui n'est pas encore comprise par tous: la majorité des gens qui pratiquent la sodomie le font parce qu'ils aiment ça, tout simplement.