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La science veut que vous arrêtiez de manger la bouffe tombée par terre (même si vous avez soufflé dessus)

Des chercheurs de l'université Rutgers ont prouvé que les transferts de bactéries entre le sol et la nourriture rendaient totalement inefficace la « règle des cinq secondes ».
Photo via Flickr user Johnath

Enfant, on vous a appris à respecter certaines règles. Règles qui, en grandissant, vous sont parfois apparues complètement infondées. Vous avez pourtant continué de les suivre, notamment parce qu'elles permettent de justifier un comportement bien débile – ce qui explique aussi pourquoi elles persistent et se transmettent de génération en génération encore aujourd'hui.

Vous avez déjà entendu parler de la « règle des cinq secondes ». Elle peut prendre plusieurs formes, mais c'est généralement l'excuse que vous invoquez pour bouffer de la merde tombée par terre comme si de rien n'était. Vous connaissez la scène. Un morceau de nourriture se vautre. Un quart de seconde passe et vous avez déjà évalué l'état de saleté du sol. Ce n'est pas le carrelage de toilettes turques ? OK. C'est bon. Vous vous penchez rapidement pour récupérer la bouffe et l'avaler.

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Si, par malheur, quelqu'un est témoin de votre opération de sauvetage, il vous suffit de crier : « ÇA FAIT PAS CINQ SECONDES DONC C'EST BON ! » ou une variante « J'AI SOUFFLÉ DESSUS DONC C'EST BON ! ». Au mieux, ça vous évitera de passer pour un sagouin. Au pire, tout le monde saura que ça ne sert à rien de discuter avec vous. Vous le savez vous-même, « règle des cinq secondes » ou pas, cette tranche de saucisson pleine de particules suspectes n'aurait jamais dû finir dans votre bouche.

En 2015, une organisation australienne s'était déjà mobilisée contre cette règle des cinq secondes « sanitaires ». Leur conseil était simple : arrêtez de bouffer ce que vous ramassez, surtout s'il s'agit d'un aliment humide et d'une surface louche. Aujourd'hui, c'est un groupe de chercheurs de l'Université Rutgers qui tente de démontrer – à l'aide d'une méthodologie scientifique – l'absurdité de la règle des cinq secondes.

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Photo via Flickr user Waferboard.Il y a plusieurs années, des collègues de l'Université d'Aston au Royaume-Uni ont publié un communiqué de presse à propos d'une étude qu'ils avaient fait sur le sujet. Comme je fais moi-même des recherches sur les contaminations croisées, cette publication m'intéressait. J'ai été très frustré de réaliser qu'aucun article approuvé par un comité scientifique n'avait été publié. Tout ce que cette université pouvait communiquer, c'était une présentation en PowerPoint

Le Dr Donald Schaffner, professeur en sciences de l'alimentation à Rutgers et co-auteur de cette étude, a expliqué à MUNCHIES sa motivation : « . »

Le Dr Schaffner a donc réfléchi à la question avec l'aide une étudiante en master, Robyn C. Miranda. Après des recherches bibliographiques préalables, ils n'ont trouvé sur le sujet « qu'un seul article publié dans une revue scientifique et un épisode d'une série télé de vulgarisation scientifique, MythBusters. »

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L'étude de Schaffner et Miranda a finalement été publiée dans le journal de la Société Américaine de Microbiologie, Applied and Environmental Microbiology. Elle montre que c'est non seulement le temps de contact mais aussi le type de sol et le taux d'humidité de la nourriture en question qui jouent sur sa contamination. Il ne suffit donc pas d'évaluer à l'œil l'état de saleté du sol.

Les résultats confirment ce que l'on savait tous déjà sans se l'avouer : les bactéries au sol sautent rapidement sur les aliments, surtout ceux qui sont humides. Méfiez-vous donc de la pastèque comme de la peste. Un peu moins des oursons en gélatine.

Leurs différentes expériences montrent formellement que la contamination croisée peut arriver en moins d'une seconde. Vous avez peut-être de très bons genoux, mais personne ne peut être aussi rapide.

Pour définitivement mettre fin au mythe de la « règle des cinq secondes », les chercheurs ont testé quatre aliments sur quatre types de surface et sur des quatre durées différentes : 128 scenarii répétés 20 fois. Pastèque sur tapis, tartine beurrée sur carrelage, bonbons en gélatine sur parquet, pain sec sur inox, et caetera. Pendant une seconde, cinq secondes, trente secondes et trois cents secondes. Après plus de 2 500 expériences, ils ont pu observer à quelle vitesse l'Enterobactor aerogenes – un cousin de la salmonelle – allait se transférer du sol aux aliments.

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Photo via Flickr user IrishFireside.Le transfert de bactéries d'une surface à un aliment se trouve surtout affecté par l'humidité

Les résultats confirment ce que l'on savait tous déjà sans se l'avouer : les bactéries au sol sautent rapidement sur les aliments, surtout ceux qui sont humides. Méfiez-vous donc de la pastèque comme de la peste. Un peu moins des oursons en gélatine.

« », explique le Dr Schaffner. « Les bactéries n'ont pas de pattes, elles se déplacent dans l'humidité. Donc plus un aliment est humide, plus il va les attirer. Et en général, plus la nourriture reste en contact longtemps avec la surface, plus la contamination bactériologique est importante. »

Bizarrement, c'est le tapis qui transmet le moins de bactéries. Même comparé au carrelage ou à l'inox.

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Le Dr Schaffner explique cette étrange conclusion : « la topographie de la surface du sol et de l'aliment joue un rôle important dans le transfert bactériologique. » Réjouissez-vous : les creux et les bosses des fibres du tapis permettraient de ralentir l'attaque des micro-organismes sur vos chips.

Mais ce n'est toujours pas une raison pour recycler dans votre système digestif les restes d'apéro que vous risquez de retrouver sur votre kilim.

Schaffner reste réaliste : « Je ne pense pas que les gens vont tous changer leur comportement mais je reste convaincu que nous avons fait une belle contribution scientifique avec cet article. Peut-être que maintenant les gens vont quand même y réfléchir à deux fois avant de ramasser de la nourriture pour la manger. »

C'est ce qu'on va voiL