Environnement

On a demandé à des experts ce qui pourrait arriver (de mieux) en 2022

On a demandé à des experts ce qui pourrait arriver (de mieux) en 2022

Puisqu’on nous targue toujours d’être pessimistes, on a décidé d’inverser un peu la tendance et d’imaginer toutes les belles choses qui pourraient nous arriver en 2022. En cette nouvelle année, le monde entier espère la fin du Covid-19 qui met notre patience à rude épreuve et commence sérieusement à peser sur notre moral. En plus des masques que l’on porte au quotidien, les chaînes d’info en continu nous rabâchent que notre économie est en berne et qu’il faut s’attendre à une crise sans précédent. Et puis finalement, on va tous mourir carbonisés par le réchauffement climatique dans quelques années alors à quoi bon ? Pardon, c’était plus fort que moi.

Nous avons justement sélectionné ces trois sujets qui semblent être des causes perdues pour interroger des spécialistes et connaître leur vision pour l’avenir et surtout savoir si demain pouvait être mieux qu’aujourd’hui. Et il faut avouer qu’il a été difficile pour eux de rester optimistes du début à la fin.

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Antoine Flahaut, Epidémiologiste et directeur de l’Institut de santé globale à Genève

« Je ne pense pas qu’on arrivera à vaincre le virus en 2022 mais ce qu’il pourrait arriver de mieux, c’est déjà d’apprendre à vivre avec. Nous pourrions transformer le pronostic de la Covid-19 en une maladie moins grave et moins souvent mortelle, un peu comme quand on a réussi à transformer le pronostic du sida en son temps. Si ça ne générait plus de formes graves aussi fréquemment, cela nous permettrait de mieux appréhender la maladie. Il y quelque chose qui nous permettrait d’améliorer notre vie sous Covid. C’est avoir cette prise de conscience que l’air que nous respirons à l’intérieur n’est pas de qualité et transmet très facilement le coronavirus. Cela passe donc par ouvrir les fenêtres le plus souvent possible ou utiliser un purificateur d’air quand ce n’est pas possible. Il faudrait lancer un plan national pour la France au plan européen qui viserait à améliorer la qualité de l’air. 

« En 2022, on peut maintenant bénéficier de technologies qui sont maintenant connues pour essayer de traiter les cellules cancéreuses ou le sida »

Il y aussi quelque chose de positif à tirer de cette crise c’est au niveau de la recherche autour de certaines pathologies. Avec l’ARN messager, qu’on connaissait déjà avant mais qui a été vraiment utilisé dernièrement, on a pu évoluer au niveau de la recherche. En 2022, on peut maintenant bénéficier de technologies qui sont maintenant connues pour essayer de traiter les cellules cancéreuses ou le sida.

Et le meilleur qu’il pourrait nous arriver, ce serait de trouver un vaccin qui prend en compte selon la partie commune aux variants et non le virus en entier qui fait qu’avec les variants il est de moins en moins efficace. Mais ce n’est pas facile car ça n’a jamais été trouvé jusqu’à maintenant, on n’a jamais réussi à le faire pour la grippe par exemple. Mais c’est ce qu’on cherche activement en ce moment, ce serait une grande innovation et changerait le cours de 2022. »

Camille Parmesan, écologue, spécialiste des conséquences du réchauffement climatique mondial sur la biodiversité

« En quelques années, j’ai vu la France faire un bond dans ses recherches écologiques et je pense que ça va continuer ainsi en 2022. Nous comprenons maintenant l’impact de l’homme sur la nature et nous savons à présent comment réduire les risques de dérèglement climatique. En 2022, nous pourrions voir la sécurité alimentaire mondiale s’améliorer. J’entends par là le fonctionnement de notre agriculture. Il est évident que cette dernière fonctionne mieux lorsque le climat est plus stable et qu’il n’y a pas de variable comme des inondations ou des sécheresses. On voit notre monde agricole se diversifier de plus en plus avec des petites fermes qui travaillent sur une variété de plantes indigènes ( une plante sauvage qui a poussé naturellement dans un milieu donné et qui s’y est développé) pour non seulement servir de nourriture mais aussi de fibres pour les vêtements.

En 2022, nous tendons vraiment vers une meilleure entente entre les agriculteurs et les écologistes. Avec mes collègues, nous avons par exemple acheté une ferme où nous étudions le travail des agriculteurs, la biodiversité sur les terres et la présence de chasseurs dans le coin. Lorsque tout est fait correctement, nous remarquons qu’il y a une harmonie parfaite entre tout le monde. Le sanglier est chassé de manière raisonnable et permet d’éviter qu’il détruise les champs et les agriculteurs prennent conscience de ce qui les entoure.

Par exemple, à côté de la terre de l’agriculteur, dont nous avons acheté la ferme, il y a un ruisseau. On lui a demandé de moins moissonner à côté de ce ruisseau. Il ne comprenait pas pourquoi, alors on lui a demandé de venir voir de ses propres yeux. On lui a dit : “voyez, il y a un papillon très spécial qui vit ici juste à côté du ruisseau, si vous coupez tout le temps cette parcelle, il disparaîtra”. Il était vraiment étonné, il n’avait jamais remarqué ces papillons. Du coup, il coupe moins souvent et préserver la biodiversité présente sur son champ. En 2022, nous serons plus conscients de ce qui nous entoure j’en suis sûre ».

Patrice Geoffron, professeur d’économie à Paris Dauphine

« Tout ce que les économistes peuvent vous dire sur 2022 sont subordonnés aux variables sanitaires. Les pronostics sont très différents selon que la crise sanitaire s’arrêtera ou non cette année. Si on devait accumuler une troisième année supplémentaire, je crains que cela ne serait pas une année positive, les structures sociales et les services publics sont déjà soumis à une forte érosion et ça ne ferait que s’accentuer. Mais on voit bien que dès qu’il y a une accalmie entre deux vagues, le PIB remonte très fort et très vite. Ce qu’il pourrait arriver de mieux déjà ce serait que ce soit la dernière vague du Covid-19.

L’espoir que je forme pour 2022, c’est que ce soit la première année depuis deux siècles, depuis le début de l’ère industrielle, où la croissance mondiale serait accompagnée d’une réduction des émissions de gaz à effet de serre. Nous avons aujourd’hui l’objectif collectif d’être neutre en carbone. C’est déjà arrivé en 2020 avec la crise sanitaire ou encore en 2009 avec la crise des subprimes. Mais dans ce cas, c’était parce que les usines fermaient, les gens étaient au chômage, voyageaient moins et consommaient moins.

« C’est un peu comme quand Thomas Pesquet est revenu sur Terre et est entré dans l’atmosphère, il y a un moment assez violent de changement d’univers qu’il faut anticiper et accompagner »

Le défi ici c’est de parvenir à avoir une croissance modérée qui soit accompagnée d’une réduction de gaz à effet de serre avec une richesse de moins en moins carbonée. Ce serait un pivot dans l’histoire de notre société. Il ne suffit pas de prendre des engagements et de ne jamais les tenir comme pour la dernière COP. C’est facile de prendre des engagements lointains. La question c’est de savoir ce qui va se passer ici et maintenant à court terme. Ça va secouer énormément parce que à l’heure actuelle, vous avez des groupes industriels qui dépendent totalement du modèle historique du carbone. C’est un peu comme quand Thomas Pesquet est revenu sur Terre et est entré dans l’atmosphère, il y a un moment assez violent de changement d’univers qu’il faut anticiper et accompagner.

Si on y parvient en 2022, on sera moins soumis à diverses pollutions, on sera évidemment plus robuste à l’avenir. Il faut souhaiter, à très court terme, que tout ça trouve une place dans la campagne électorale. »

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