Quand j’ai demandé à mon réseau sur Facebook le moment le plus marquant de leur enfance, je ne savais pas à quel point ce serait beau, de lire sur ce qui les a définis et façonnés. Il y a du beau, dans cette générosité à livrer des blessures, à confier ce qui fait encore mal ou honte, et aussi, évidemment, il y a du beau dans ces illuminations qui laissent une empreinte bienveillante sur toute une vie.
L’influence de la famille, avec ce qu’elle a poussé à découvrir, que ce soit le plaisir de la lecture, la fierté ou les manques, est soulignée par plusieurs. Il y a aussi des histoires d’oiseaux morts et de père Noël qui n’existe pas. Il y a surtout beaucoup de vulnérabilités dévoilées.
Véronique : « Mon Noël de cinq ans et demi. Je voulais tant un mini-piano. Après avoir déballé des tonnes de cadeaux, pas de piano. J’ai dit : “Le père Noël n’a pas été très généreux cette année.” Ma mère est allée pleurer dans les toilettes. Mon père est allé la consoler, je suis allée voir ce qui se passait, et on m’a expliqué que le père Noël n’existait pas. C’étaient mes parents, qui s’étaient cassés pour nous offrir plein de cadeaux. Je viens d’un milieu défavorisé. J’ai appris que je pouvais faire de la peine aux gens, que je pouvais être méchante sans le vouloir, que la vie était dure. J’ai passé mon enfance à avoir du mal à gérer mes émotions, mon caractère et à penser qu’au fond j’étais méchante. Ce n’est qu’une fois mère que je me suis réconciliée avec tout cela. »
James : « Le jour où j’ai découvert qu’utiliser un micro pouvait rendre ma voix plus forte que celle des autres. J’allais dans une garderie avec une tonne d’enfants, et parfois des artistes venaient faire des spectacles pour nous. Mon éducatrice a pris le micro pour nous demander de nous calmer, j’ai tout de suite couru vers elle pour lui demander ce que c’était et si je pouvais en avoir un aussi. »
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Gabriel : « À la maternelle, on a fait une activité pour la Saint-Valentin. Il fallait échanger un petit cœur en papier avec la personne qu’on aimait. Aucune des filles que j’aimais n’a accepté le mien, et aucune à part une fille que je trouvais moche ne m’a offert le sien. Et je suis certain qu’elle, comme moi, regardait ailleurs, pendant toute l’activité. »
Camille : « Le moment le plus marquant de mon enfance a été la mort de mon père, quand j’avais 11 ans. Il est mort du sida. C’était en 1992, l’époque où on croyait que ça s’attrapait sur les bancs de toilette. Alors on m’a rejetée, comme si j’avais été atteinte. J’en ai fait une obsession, je pensais être malade, j’ai développé des symptômes. Il a mis deux mois à mourir, les deux plus longs mois de ma vie. »
Mélodie Nelson est sur Twitter.
Les noms des personnes citées ont été modifiés pour préserver leur anonymat.
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