Guerre de propagande entre les deux Corées : la réponse du Nord

Quelques jours après que Séoul a repris ses activités de diffusion de musique K-Pop via des haut-parleurs géants, accompagnés de messages moquant la femme de Kim Jong-un au niveau de la frontière entre les deux pays ennemis (cela faisait suite à un test nucléaire du Nord), Pyongyang a décidé de faire pleuvoir des prospectus sur la Corée du Sud. Sur ces tracts, la présidente du Sud, Park Geun-hye, est présentée comme une zombie. Sur les papiers on peut aussi lire des menaces "d'anéantissement" des ennemis du régime nord-coréen.

Pour comprendre les débuts de cette affaire : De la K-pop contre la bombe à hydrogène : le retour de la guerre de propagande audio de la Corée du Sud

La police de Corée du Sud a retrouvé pas moins de 50 000 tracts de propagande ce mardi. Ils étaient éparpillés dans le district de Dobong, au nord de Séoul, d'après l'agence de presse Yonhap. 2 000 autres tracts auraient été retrouvés dans le quartier de Mapo, dans l'Ouest de la capitale. D'autres rapports disent que l'armée de la Corée du Nord aurait utilisé des ballons pour disperser environ 1 million de tracts au niveau de la frontière, la plupart sont retombés dans la province de Gyeonggi, en Corée du Sud.

Les tracts ont été pris en photo et publiés sur Internet. On trouve de tout. La plupart du temps ils visent la propagande de Corée du Sud, diffusée elle par des haut-parleurs géants postés à la frontière. Un tract annonce "Laissez-nous battre à mort la meute de chiens de Park Geun-hye qui ont repris la diffusion de propagande et qui détériorent les relations Nord-Sud !".

Une autre dit : « Arrêtez cette idiotie de provoquer le Nord et de mettre en danger votre propre sécurité ! »

« La guerre psychologique contre le Nord va faire sauter le fusible de la guerre », disait un autre message traduit par la BBC. « Arrêtez la diffusion par haut-parleurs immédiatement ! »

Le 8 janvier dernier, deux jours après un test d'arme nucléaire par la Corée du Nord que ce pays a décrit comme étant une bombe à hydrogène, la Corée du Sud a commencé à utiliser des rangées de haut-parleurs pour balancer un mix de morceaux K-pop et de commentaire contre le régime de Kim Jong-un par delà la zone démilitarisée ultra-fortifiée qui sépare les deux pays depuis la fin de la guerre de Corée en 1953.

Ces messages, qui peuvent atteindre une portée de 25 kilomètres, indiquaient que cet essai nucléaire faisait de la Corée du Nord un pays « isolé et la transformait en terre de la mort » tout en taclant le leader nord-coréen au sujet de son goût pour les biens de luxe. « Les habits de Kim Jong-un et de Ri Sol-ju coûtent des dizaines de milliers de dollars chacun et son porte-monnaie vaut des milliers de dollars également » pouvait-on entendre, la voix masculine faisant référence à la femme de Kim Jong-un.

See a few of the leaflets — Alejandro Alvarez (@aletweetsnews)January 18, 2016

Voilà quelques un des prospectus que la #CoréeduNord a récemment parachutés en Corée du Sud

— Bash (@BashMjojo)January 14, 2016

Des brochures de propagande de la #CoréeduNord (janvier 2016) v. @ISNJH

La Corée du Nord aurait tenté de noyer les diffusions de son voisin du sud à l'aide de ses propres haut-parleurs placés sur la frontière, d'après l'agence NK News. À l'heure actuelle, il est également rapporté que la Corée du Sud serait en train de songer à installer des panneaux électroniques le long de la frontière pour afficher des messages et des vidéos de propagande.

Le lâcher de prospectus par la Corée du Nord a coïncidé avec la visite du secrétaire d'État adjoint Tony Blinken — le numéro 2 de la diplomatie américaine — en Corée du Sud ce mardi.

Blinken devait rencontrer plusieurs hauts dignitaires sud-coréens pendant deux jours, afin d'évoquer les possibles réponses à l'essai nucléaire nord-coréen. Blinken arrivait du Japon et devrait se rendre à Pékin par la suite dans le cadre d'une tournée dans la région.

Certains messages de propagande de la Corée du Nord visaient l'alliance entre la Corée du Sud et les États-Unis, l'un d'eux indiquant : « Amérique, abandonne ta politique anachronique contre la Corée du Nord immédiatement ! »

Plusieurs messages étaient par ailleurs destinés à Park Geun-hye, la première femme élue présidente de la Corée du Sud. La BBC a indiqué avoir trouvé un prospectus dans lequel Park était traitée de « déchet humain » et représentée par une caricature dans laquelle elle est jetée dans une poubelle. Une autre photographie d'un de ces prospectus publiée sur le site de partage Imgur montre la moitié du visage de Park Geun-hye modifiée par Photoshop pour ressembler à un squelette, tout en décrivant un discours et certaines remarques tenus par la présidente l'année dernière comme des « égarements démentiels provenant d'un demi-cadavre ».

Pyongyang est connu pour sa propagande belliqueuse, qui dérape parfois en attaques racistes ou sexistes contre des dirigeants étrangers. Ce régime a déjà traité Park Geun-hye de « prostituée » et a comparé le président américain Barack Obama à un singe.

Au delà de cette guerre des mots qui dégénère, les retombées de l'essai nucléaire nord-coréen ont mené les États-Unis et leurs alliés à alourdir les sanctions économiques déjà prises contre Pyongyang.

Ce pays, parfois qualifié de « Royaume ermite », serait par ailleurs en train de prendre de nouvelles mesures pour isoler ses citoyens davantage, en bloquant les réseaux téléphoniques le long de la frontière chinoise, tout en augmentant les patrouilles qui visent les potentiels fuyards. D'après des données publiées ce mois-ci, 1 277 Nord-Coréens auraient fui vers le sud de la péninsule l'année dernière, soit 120 personnes de moins qu'en 2014 et le plus petit nombre de fuyards enregistré depuis 2002.

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