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Crime

Siège de la milice de l'Oregon : Le FBI négocie avec des irréductibles qui demandent l'immunité

Les quatre derniers miliciens qui occupent encore le refuge naturel de Malheur, dans l'Oregon (États-Unis), sont en train de négocier avec le FBI. Ils ont annoncé qu'ils ne se rendront que si on les assure qu'ils ne seront pas arrêtés.
Des agents du FBI devant l'aéroport municipal de Burns, Oregon. (Photo par Jim Urquhart/Reuters)

Les quatre derniers miliciens qui occupent encore le refuge naturel de Malheur, dans l'Oregon (États-Unis), sont en train de négocier avec le FBI. Ils ont annoncé qu'ils ne se rendront que si on les assure qu'ils ne seront pas arrêtés.

"Si Obama peut relâcher cinq terroristes, des terroristes qui soutiennent l'EI, en échange d'un prisonnier qui est un traître, alors bien sûr que tout deal est possible," on dit les miliciens sur un direct vidéo diffusé via YouTube depuis le refuge, ce samedi. Ils semblent faire référence à l'échange de prisonniers talibans détenus à Guantanamo Bay qui a mené en 2014 à la libération du sergent Bowe Bergdahl, qui avait passé cinq années en captivité en Afghanistan et au Pakistan.

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La tension dans ce face-à-face entre miliciens et autorités est toujours grande, cinq jours après que Robert "LaVoy" Finicum, porte-parole du groupe armé qui avait pris possession du refuge début février, a été tué  dans une opération qui a mené à l'arrestation du leader des miliciens, Ammon Bundy. Cinq autres personnes ont été arrêtées, dont le frère d'Ammon, Ryan. Le FBI explique que Finicum a cherché à saisir son pistolet pendant l'incident, une vidéo a été publiée. Elle montre la confrontation, lors de laquelle Finicum plante son pick-up dans un tas de neige, en essayant d'éviter un barrage routier. Il est abattu après être sorti de son véhicule.

À voir : Le FBI publie une vidéo de la fusillade mortelle avec la milice des cow-boys de l'Oregon

Ammon Bundy a fait passer des messages via son avocat, demandant à ceux qui sont encore dans le refuge de rendre les armes. Il explique que le combat se poursuivra devant les tribunaux.

Ce samedi, lors du direct vidéo, intitulé "Réponse à Ammon Bundy", un milicien non identifié parlait hors cadre, l'objectif étant tourné vers un petit feu de camp. L'homme parlait de la mort de Finicum et annonçait que "le combat va se poursuivre".

"Beaucoup de personnes pensent comment LaVoy — Il ne peut plus parler là — mais beaucoup pensent que ce n'était pas un homme qui était un lâche ou quoi que ce soit, il a défendu sa position, alors faisons en sorte que sa mort ne soit pas vaine, ne laissons pas cet événement se faire piétiner," poursuit l'homme, ajoutant que l'idée d'une occupation suppose que "tout le monde tienne son terrain."

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"L'objectif était de voir si les policiers viendraient vraiment jusqu'ici pour tuer tout le monde," dit-il. "Si les fédéraux savaient que tout le monde était armé, et s'ils voulaient une solution pacifique comme ils le disent, ils ne viendraient pas avec leurs armes chargées et en tirant."

Cette occupation a débuté le 2 janvier dernier, lorsque le leader, Ammon Bundy, accompagné d'au moins douze partisans, a pris le contrôle d'un petit ensemble de bâtiments du refuge de Malheur, dans ce qui est devenu un point cristallisation de la « rébellion Sagebrush », expression qui désigne un conflit vieux de plusieurs décennies à propos du contrôle de plusieurs millions d'hectares par le gouvernement fédéral dans l'ouest des États-Unis.

"Des négociations sont en cours", a déclaré le porte-parole du FBI Beth Anne Steele, sans donner plus de précisions sur ces échanges.

Les derniers miliciens ont également posté une vidéo de 30 minutes, depuis le refuge ce vendredi. Dans ce clip, les occupants font état du peu de crédit qu'ils donnent au gouvernement. Ils expriment leurs réticences à quitter le refuge.

"Nous ne sommes pas des criminels, eux oui", dit le milicien Sean Anderson dans la vidéo. " On est venus ici pour exercer notre droit du Premier amendement à la manifestation pacifique, et nous avons fait usage du Deuxième amendement pour nous défendre… Si nous suivons la Constitution, c'est la loi. Si on ne tient pas ici jusqu'au bout, pourquoi sommes-nous venus ici au départ ?"

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Plus loin dans la vidéo, Anderson compare la présence de plus en plus importante des autorités fédérales dans la ville voisine de Bruns, à l'Allemagne nazie.

"On dit que Burns est en état d'urgence," dit-il. "Ils font du porte-à-porte pour voir qui pourrait s'être échappé. C'est comme l'Allemagne nazie, ils arrêtent les voitures."

Il explique également qu'il n'a pas l'intention de se rendre, si cela veut dire qu'il va être arrêté.

"Pour que ça se passe comme ils le veulent, je dois me rendre, ce qui veut dire que je me soumets à quelque chose que je ne reconnais pas, et ce n'est pas légal."

Des soutiens aux miliciens ont organisé un rassemblement à Bruns ce samedi soir. Une trentaine de pick-ups et autres véhicules ont donné des coups de klaxons et agité le drapeau des États confédérés et le drapeau Gadsden, un symbole adopté par le mouvement libertarien. On y voit un serpent à sonnettes avec la phrase "On ne me marche pas dessus." En passant devant le palais de justice les manifestants ont crié "assassins", et "Dehors le FBI".

Le maire de Burns, Craig LaFolette, a dit que les manifestants venaient pour la plupart d'ailleurs, pour perturber la communauté locale. Il a ajouté : "Nous ne voulons pas d'eux ici." Une tribu d'Amérindiens, la Burns Paiute tribe, qui s'occupe du refuge de Malheur a également dit que les miliciens ne sont pas les bienvenus.

Plus tôt dans la semaine, Clint Van Zandt, un ancien négociateur du FBI spécialiste de ce genre de situation, nous avait dit qu'il pensait que les autorités devaient faire preuve de patience et résister à la tentation de mener l'assaut.

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"Pas besoin de bottes et de balles", disait-il. "Ils s'attendent à ça, et vous ne voulez pas provoquer quelqu'un qui a la gâchette sensible." Pour le spécialiste, il est possible que le gouvernement affame les derniers irréductibles pour qu'ils abandonnent.


Avec Reuters

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Regardez le documentaire de VICE News L'occupation du refuge de Malheur.