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Crime

Germanwings A320 : le co-pilote a enclenché la descente

Le fil des événements au lendemain du crash de l'Airbus A320 dans les Alpes-de-Haute-Provence, survenu juste avant 11 heures, mardi, avec 144 passagers et 6 membres d'équipage à son bord.
Photo de Christophe Ena/AP

Cet article est régulièrement remis à jour avec les derniers développements

Jeudi 26 mars

À la mi-journée, Brice Robin, le Procureur de la république de Marseille a donné une conférence de presse et a indiqué que les éléments donnés par l'écoute du fichier audio de la boîte noire retrouvée sur le site du crash pouvaient être compris comme « une volonté de détruire cet avion » de la part du co-pilote. Les éléments présentés lors de la conférence permettent de mieux comprendre ce qui s'est passé.

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Le procureur a fait le récit des trente minutes qui ont précédé le crash. Pendant les vingt premières minutes, raconte-t-il, le commandant de bord et le co-pilote ont une discussion « enjouée et courtoise ». Puis, le commandant de bord donne les instructions d'atterrissage à Düsseldorf, auquel le co-pilote répond de manière « laconique ». Le commandant de bord s'absente ensuite pour satisfaire un « besoin naturel », toujours selon les termes du procureur. Quand il revient, le commandant de bord est coincé en dehors de la cabine de pilotage. Pendant l'absence du commandant de bord, le co-pilote reste seul aux commandes de l'appareil. « Il manipule les boutons de ce qu'on appelle le "flight monitoring system" et enclenche la descente. » Le procureur a également indiqué que l'on entend la respiration du co-pilote aux commandes de l'avion, respiration continue jusqu'au crash, ce qui exclut la thèse d'un malaise.

Avant de donner sa conférence de presse, le procureur a rencontré les familles des victimes, et leur a donné les éléments de l'enquête. Il a ajouté que les enregistrements indiquent que les passagers n'ont eu conscience du danger qu'à la dernière minute. Les premières réactions de peur, les cris, n'ont lieu que très peu de temps avant le crash.

Le procureur a également révélé le nom du co-pilote : il s'agit d'Andreas Lubitz, 28 ans, de nationalité allemande, qui habitait à Montabaur, en Rhénanie-Palatinat. Il avait été engagé en septembre 2013 par Germanwings et comptait 630 heures de vol. Les autorités allemandes sont chargées de l'enquête sur la personnalité du co-pilote.

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Crash de l'A320 : le copilote avait "la volonté… by lemondefr

Dans la nuit de mercredi à jeudi (heure française) le New York Times publie un article dans lequel il indique avoir obtenu des informations de l'un des enquêteurs qui travaille sur l'écoute et l'analyse du fichier audio extrait de la première boîte noire retrouvée dans les montagnes sur le site du crash. Cette boîte noire présente les sons enregistrés dans le cockpit de l'appareil avant l'accident. On y trouve tout ce qu'on peut entendre aux commandes de l'avion : conversations entre les pilotes, alarmes possibles, etc.

Cette source qui a eu accès à cet enregistrement explique au journal que ce que l'on y entend indique que l'un des pilotes était enfermé à l'extérieur du cockpit pendant la descente de l'appareil. Le pilote aurait essayé de rentrer, dedans sans y parvenir avant que l'avion touche le sol.

La personne qui a écouté cet enregistrement - en ce moment disséqué par le Bureau d'enquête et d'analyses (BEA) -  décrit une conversation "très douce, très calme" entre les deux pilotes, en allemand. On entend ensuite un bruit de fauteuil, l'un des deux pilotes sort du cockpit, sans que la raison soit connue. Ce peut être pour quelque chose de banal, comme par exemple pour se rendre aux toilettes. Il revient ensuite vers son poste mais est bloqué à la porte.

"L'homme à l'extérieur frappe gentiment à la porte et il n'y a pas de réponse," raconte l'enquêteur au journal. "Ensuite il frappe à la porte beaucoup plus fort, et pas de réponse. Il n'y a jamais de réponse… Vous pouvez l'entendre essayer d'enfoncer la porte." Il n'y aurait pas d'autre conversation entre le pilote et le copilote avant le crash.

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Une source proche de l'enquête qui va dans le même sens, on ne sait pas s'il s'agit de la même que celle du New York Times, ensuite expliqué à l'AFP que sur le fichier audio on entend des alarmes sonner dans le cockpit, au moment où l'appareil approche du sol.

Pour le moment le BEA n'a pas souhaité commenter cette information. Contacté ce matin par la radio française Europe 1, le procureur de la république de Marseille n'a pas démenti ni confirmé les informations de la nuit.

Ledit procureur devrait donner une conférence de presse plus tard dans la journée de ce jeudi.

Vue d'un cockpit d'A320 présenté au musée de l'Air et de l'Espace à Washington, photo via Flickr / Mathieu Marquer

Mercredi 25 mars

Les opérations de recherche sont toujours en cours dans le massif des Trois-Evêchés, dans les Alpes-de-Haute-Provence. Les autorités essaient de comprendre ce qui a causé le crash d'un Airbus A320 de la compagnie allemande Germanwings dans cette région montagneuse ce mardi. Le vol reliait la ville espagnole de Barcelone à la ville allemande de Düsseldorf, avec 144 passagers et 6 membres d'équipage à son bord.

L'accident a eu lieu à 144 kilomètres de Nice, entre les villes de Digne-les-Bains et Barcelonette. L'impact aurait eu lieu après huit minutes de descente, et l'avion n'a envoyé aucun signal de détresse. Quelques heures après l'accident les autorités ont découvert l'une des boîtes noires, le « Cockpit Voice Recorder ». Elle est examinée et devrait donner des éléments de réponse.

La boite noire de l'avion. Photo via Bureau d'Enquêtes et d'Analyses.

Rémi Jouty, le directeur du BEA a déclaré ce mardi après-midi dans une conférence de presse qu' « aucun élément ne permet aujourd'hui d'étayer les hypothèses sur les raisons de la descente de l'avion. » Le BEA indique que « L'avion a volé jusqu'au bout », éliminant ainsi la thèse d'une explosion en vol.

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Un fichier de données audio utilisable relatif à ce vol précis a pu être extrait de la première boîte noire. Rémi Jouty a déclaré qu'il était trop tôt pour parler du contenu du fichier audio, et n'a pas voulu confirmer que l'enveloppe de la seconde boîte noire avait été retrouvée, contrairement à ce que Hollande avait déclaré plus tôt dans l'après-midi. Complètement pulvérisés, les débris de l'avion seront difficilement exploitables, a déclaré Rémi Jouty.

Il a également précisé que l'homologue allemand du BEA, le BFU, participait à l'enquête, en raison de la nationalité de la compagnie, ainsi que le CIAIAC espagnol, qui fournit aussi des informations.

Le président de la République François Hollande, la chancelière allemande, Angela Merkel et le Premier ministre espagnol, Mariano Rajoy, sont arrivés, mercredi après-midi à proximité du lieu du crash. Ils ont rencontré les équipes de secours, et on leur a expliqué le dispositif mis en place. François Hollande et Angela Merkel ont survolé les lieux de l'accident en hélicoptère. Ils se sont également recueillis dans une chapelle ardente au Vernet, à deux kilomètres de la catastrophe. « Chère Angela, cher Mariano, vous pouvez être sûrs que tout sera connu sur les circonstances de cette catastrophe, » a déclaré le président français, assurant à ses homologues étrangers que des moyens importants étaient alloués à l'enquête.

Le président — Élysée (@Elysee)25 Mars 2015

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Arrivés à Seyne-les-Alpes, — Élysée (@Elysee)25 Mars 2015

Depuis Cologne, où se trouve le siège de la compagnie, le PDG de Germanwings, Thomas Winkelmann a évoqué l'annulation de plusieurs vols parce que les membres d'équipage ne voulaient pas voler pour des raisons personnelles. Thomas Winkelmann a déclaré que c'était « compréhensible ».

« Nous sommes une petite famille, » a déclaré Thomas Winkelmann. « Tout le monde se connaît à Germanwings. »

La liste complète des passagers à bord n'a pas encore été dévoilée, mais on estime qu'il n'y a pas de survivant.

À lire: Un avion s'écrase dans les Alpes avec 148 personnes à bord

Au moins 72 des 144 passagers étaient allemands. Un groupe de 16 élèves et deux de leurs enseignantes du lycée Joseph Koenig à Haltern am See étaient à bord. Les élèves participaient à un programme d'échange scolaire avec une école près de Barcelone. Au moins 51 victimes seraient espagnoles. Le ministre des Affaires étrangères Philip Hammond a déclaré que trois Anglais se trouvaient à bord. En tout, une quinzaine de pays comptaient des ressortissants dans cet avion, a déclaré François Hollande dans une conférence de presse ce mercredi après-midi.

Germanwings, la compagnie lowcost de Lufthansa aurait proposé aux familles de les conduire sur les lieux de l'accident, mais aucune famille n'aurait accepté cette offre.

Passengers and crew leave candles at the tribute set up in Dusseldorf Airport. — Imelda Flattery (@Imeldaflattery)March 25, 2015

Candles lit outside Joseph Koenig school in Haltern. Fellow pupils gathered round in shock. — Piers Scholfield (@inglesi)March 24, 2015

Watch President Obama's statement on the tragic plane crash in France. — The White House (@WhiteHouse)March 24, 2015

Suivez Sally Hayden sur Twitter: @sallyhayd