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[En Photos] La nouvelle élite émergente de Corée du Nord

Le photographe Christian Petersen-Clausen montre qu’une classe supérieure se forme dans le pays, avec des citoyens aisés qui n’ont pas de lien direct avec le tout-puissant parti au pouvoir.
Un couple porte des vêtements de luxe à Pyongyang. Christian Petersen-Clausen Pour NK News

Lorsque Christian Petersen-Clausen a visité la Corée du Nord en 2015, il a été frappé par le peu de personnes qui avaient un téléphone portable. Dans un monde où tout le monde semble être connecté par cette technologie, le Royaume ermite faisait honneur à son surnom. Mais lorsque ce photographe basé en Chine est retourné à Pyongyang cette année, les portables avaient pris le pays d'assaut.

« C'était tout le monde, littéralement, se rappelle-t-il. Parfois je voyais des gens avec deux portables. »

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Un Nord-Coréen utilise un smartphone avec Androïd dans une station de métro de Pyongyang.

Les mobiles sont encore la marque d'un certain luxe dans le pays de Kim Jong-un. Sur 24 millions d'habitants, seulement 2,5 millions ont un forfait. Mais la hausse du nombre de ces objets est un indicateur du fait qu'une partie de la population a commencé à accumuler une richesse personnelle.

Petersen-Clausen a fait partie d'une excursion de dix jours. Son travail a été reproduit par le site NK News pour son calendrier 2017. Il confirme ce que des experts et des déserteurs disent depuis des années : il y a une classe supérieure qui se forme, avec des citoyens aisés qui n'ont pas de lien direct avec le tout-puissant parti au pouvoir. On les appelle donju, ce qui veut dire « maîtres de l'argent ».

Un homme tient deux portables dans ses mains, à Pyongyang.

Ce sont ces personnes qui fréquentent le quartier de « Pyonghattan », un surnom donné par les visiteurs étrangers à ce quartier riche de la capitale, en référence à ses grands magasins, ses restaurants et son café ouvert 24h/24h. Ces structures sont normales pour la plupart des métropoles dans le monde, mais en Corée du Nord, elles restent une nouveauté branchée.

Deux jeunes femmes utilisent un smartphone à Pyongyang.

Selon Michael Madden, chercheur associé à l'Institut Américano-Coréen de la John Hopkins School of Advanced International Studies, ces nouveaux riches ont émergé après un décret du gouvernement. En 2002, les autorités ont permis aux citoyens de vendre des marchandises et de monter des entreprises. Aujourd'hui, les donju ont une sorte de relation symbiotique avec le régime de Kim Jong-un : le gouvernement leur permet d'exister et, en contrepartie, ils paient des pots-de-vin ou des « taxes informelles ».

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Des fiancés nord-coréens posent pour des photos avec un dalmatien dans le zoo de Pyongyang.

« Ils sont comme les oligarques russes », dit Madden. « Certains d'entre eux sont des self-made-men, mais les donju contribuent largement à la corruption officielle de la Corée du Nord. C'est de la corruption de notre point de vue, mais c'est leur manière de négocier. Vous ne pouvez pas faire quoi que ce soit comme business sans soudoyer les autorités, que ce soit par le biais de marchandises ou d'argent, peu importe. »

Selon Madden, ces entrepreneurs ont tiré profit de la décision du gouvernement de privatiser des entreprises publiques. Désormais, ils seraient partout : du transport à l'immobilier, en passant par la sous-traitance pour des projets gouvernementaux de construction.

Et ce malgré les sanctions de la communauté internationale pour empêcher la Corée du Nord d'importer des biens de luxe. Petersen-Clausen explique que les donju n'étaient visiblement pas à court de produits chers. Il se souvient avoir vu plusieurs Audi A6 flambant neuves dans les rues, ou encore des télévisions à écran plat et des sacs de luxe dans les vitrines des grands magasins de Pyongyang.

Une femme prend des cours d'équitation dans le Club d'équitation Mirim, à Pyongyang.

Alors que les riches du pays s'enrichissent, pas besoin de trop s'éloigner de la capitale pour voir que l'extrême pauvreté touche toujours la plupart des Nord-Coréens, selon le photographe. Sur le chemin entre Pyongyang et la ville de côtière de Wonsan, une scène dans une ferme l'a interpellé.

« C'était la saison des récoltes, raconte-t-il. Je venais de quitter la Chine, où tout le monde utilise les mêmes machines pour la récolte que celles que l'on peut voir dans l'Iowa. Vous allez en Corée du Nord et il y a trente personnes qui se tiennent côte à côte et se passent du maïs de l'un à l'autre. C'est un travail exténuant. »

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Une femme marche près du parc Taedongmun, à Pyongyang, Corée du Nord.

Un homme sort d'un taxi en tenant un sac en cuir, près du pont Okryu, à Pyongyang.

Deux étudiants universitaires regardent une photo prise avec un appareil numérique Canon Powershot A3300.

Deux jeunes hommes regardent un écran d'ordinateur dans le Centre scientifique et technologique de Pyongyang.

Jusqu'à il y a peu, il était rare de voir des hommes bien nourris comme celui-ci, essayant de trouver un taxi dans les rues nord-coréennes.

Une Nord-Coréenne est accompagnée par une autre femme nord-coréenne jusqu'à son train en destination de la Chine, à la station ferroviaire de Pyongyang.

Des snacks et boissons sont vendus dans la gare de Pyongyang.


Toutes les photos sont de Christian Petersen-Clausen pour NK News. Vous pouvez avoir une réduction de 5 dollars (4,67 euros) pour toute commande d'un calendrier 2017 de la Corée du Nord. Il suffit d'entrer le code vicedonju à la fin de la commande.

Cet article a d'abord été publié sur la version anglophone de VICE News.

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