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FRANCE

[En photos] Dans la manifestation parisienne du 14 juin

L’ambiance était particulièrement tendue ce mardi après-midi dans cette nouvelle manifestation contre la réforme du code du travail français.
Pierre Longeray
Paris, FR
Un manifestant surplombe la foule à l'arrivée aux Invalides (Etienne Rouillon / VICE News)

Le cortège parisien contre la loi Travail est parti bien à l'heure ce mardi, sur les coups de 13h00, afin de relier la place d'Italie aux Invalides. Mais un peu plus de quatre heures plus tard, des manifestants partaient encore de la place d'Italie, alors que la tête du cortège était déjà arrivée aux Invalides — quelque 5,5 kilomètres plus loin.

Les syndicats assurent que la mobilisation parisienne a réuni un nombre énorme de manifestants, soit un million de personnes. La préfecture donne une estimation de 75 000 personnes qui ont défilé dans les rues de la capitale. Si le cortège s'est tant étiré, c'est probablement parce qu'il a été extrêmement morcelé tout au long de l'après-midi par les nombreux affrontements entre manifestants et forces de l'ordre.

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Toutes les photos sont d'Etienne Rouillon.

Le cortège au départ de la place d'Italie.

Le cortège au niveau des Gobelins à Paris.

L'ambiance était particulièrement tendue ce mardi après-midi dans cette nouvelle manifestation contre la réforme du Code du travail français. En tête de cortège des affrontements avec la police ont rapidement eu lieu, notamment au niveau du métro Port-Royal, où six individus ont été interpellés selon la préfecture de police. Toujours selon la préfecture, des « individus sont entrés sur un chantier pour prendre des palettes avant de les jeter sur les forces de l'ordre ».

Plusieurs blessés sont pris en charge par des « street-medics », alors que la foule continue d'avancer dans un nuage de gaz lacrymogène. Certains saignent du cuir chevelu, d'autres ont des plaies aux jambes. D'après la préfecture, il y a eu au moins 40 blessés (11 manifestants et 29 policiers officiellement) et ce sont 58 personnes qui ont été interpellées sur toute l'après-midi parisienne.

Des personnes sont surprises par les feux d'artifice jetés sur la police.

Des policiers coupent le cortège en deux.

Un manifestant blessé est emmené par la police.

Un peu plus loin, après d'autres affrontements, au niveau du croisement entre le boulevard Raspail et le boulevard Montparnasse, des manifestants font une haie d'honneur pour que les pompiers viennent évacuer un manifestant blessé. D'autres « street-medics » ont investi les locaux défoncés d'une banque pour soigner un blessé emmitouflé dans une couverture de survie.

Tout au long du parcours des vitrines et le mobilier urbain ont été visés. De nombreuses vitrines en verre ont été totalement explosées. Certains commerçants éberlués passent des coups de fil aux assureurs, alors que la vitre qui les séparait de la rue n'existe plus. D'autres commerces sont tagués de slogans de circonstance, comme cette boutique Grand Optical barrée d'un « Ouvre les yeux » accompagné d'un « ACAB » qui signifie « All Cops Are Bastards ». Des baies vitrées de l'hôpital Necker ont été brisées lors du passage du cortège de tête.

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Un manifestant soulève un drapeau dans la manifestation.

Des gendarmes bloquent la tête de cortège.

Les désormais habituels « Tout le monde déteste la police » et « La police déteste tout le monde » continuent de fuser alors que le cortège progresse. Mais pendant une grosse demi-heure, le cortège va faire un pas en avant pour deux pas en arrière, bloqué à l'avant par une ligne de police qui ne laisse pas passer des manifestants qui toussent en pleurent. À proximité de la station de métro Duroc, de violents affrontements éclatent à de multiples reprises. La police fait usage de gaz lacrymogènes ce qui fait reculer tout le monde.

Puis les forces de l'ordre décident de se servir d'un camion lanceur d'eau pour refroidir et repousser les manifestants. L'usage de ce nouvel outil permet de faire reculer rapidement quelques manifestants, mais a surtout pour conséquence d'énerver encore un peu plus un cortège qui a les yeux qui pleurent.

La manifestation arrive vers l'esplanade des Invalides.

Les manifestants avancent ensuite vers les Invalides, contenus par un impressionnant rideau de police en tenue anti-émeute, alors que les rues adjacentes sont toutes bloquées par les cars des forces de l'ordre ou des barricades métalliques barrées d'un « POLICE » orangé. Plusieurs individus abandonnent leurs K-Way noirs, leurs gants et même parfois leurs chaussures qu'ils laissent traîner.

Une fois arrivés aux Invalides, certains éléments de la tête de cortège lancent des pierres ou des bouts de goudron dans les vitres du Crédit Agricole qui donne sur la grande esplanade parisienne. Immanquablement les forces de l'ordre chargent. S'en suivent de multiples affrontements près de l'entrée de l'Hotel des Invalides et notamment le retour du canon à eau.

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Le canon à eau est utilisé pour disperser la foule à l'arrivée du cortège.

Alors que 19h00 approche, les manifestants encore présents sur la place sont invités à rentrer chez eux par les forces de l'ordre encore présentes en nombre.

La loi travail passe devant le Sénat

Coté parlementaire, le Sénat a commencé ce lundi l'examen du projet de loi.

À majorité de droite, le Sénat dispose d'une marge de manoeuvre réduite. Il peut cependant entériner certains articles en les déclarant « conformes », coupant ainsi court à tout débat, comme l'explique le Monde. Un vote solennel est prévu pour le 28 juin. Le texte sera ensuite présenté à une commission paritaire Assemblée nationale - Sénat qui doit trouver un accord. Si ce n'est pas le cas, l'Assemblée nationale aura le dernier mot sur le texte.

À l'occasion de cet examen par le Sénat, Philippe Martinez, le dirigeant de la CGT, avait prévu une manifestation « énorme ». « Notre détermination reste intacte. Il faut que le gouvernement arrête son obstination et écoute les revendications et ceux qui contestent le projet de loi », a-t-il assuré à l'AFP.

De son côté, le président du MEDEF Pierre Gattaz a estimé lors d'une conférence de presse que la loi travail était désormais « inutile » et que la taxation des CDD était « inacceptable » pour le mouvement des entreprises de France. Il a aussi dénoncé les méthodes du syndicat, estimant qu'il s'agissait d'« une incitation à la violence physique et l'intimidation ».

Dans le reste de la France

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D'autres rassemblements et opérations se sont déroulés dans le calme ailleurs en France. À Marseille, le cortège a réuni entre 5 000 personnes selon la police et 140 000 selon la CGT. Selon l'AFP, les dockers, le Grand port maritime de Marseille (GPMM, soit les activités de maintenance du port) et l'opérateur du port pétrolier Fluxel étaient par ailleurs en grève.

À Toulouse, entre 6 000 et 20 000 personnes ont manifesté contre la loi travail, dans une ambiance festive. Si la mobilisation était en hausse, elle n'a pas atteint les chiffres de la manifestation du 31 mars. Entre 20 000 et 90 000 personnes étaient alors descendu dans la rue, rappelle La Dépêche du midi.

Des barrages filtrants ont été organisés dans la zone aéroportuaire de Nantes. Ouest France rapporte que des membres de la CGT ont empêché les poids-lourds et les camionnettes transportant des marchandises de passer. Une opération escargot a aussi été mise en place sur l'autoroute A20 dans la matinée, créant jusqu'à 40 kilomètres de ralentissement, selon France 3 Limousin.


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