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VICE News

Trafic de drogue au Pérou : L’évêque et ses mules

Un évêque américain tente d’améliorer les conditions de vie des étrangers qui sont emprisonnés au Pérou pour y avoir servi de « mules ».

L'évêque Sean Walsh se rappelle qu'il se tenait un jour devant la fenêtre de son appartement et qu'il regardait les vagabonds aller et venir dans le parc Kennedy de Lima. Ils fouillaient dans les ordures pour trouver de la nourriture.

« Je regardais le parc à travers la fenêtre, et je voyais des gens qui ressemblaient à des Américains ou à des Européens fouiller dans les poubelles » dit-il à VICE News. L'évêque catholique est finalement descendu dans le parc pour en savoir plus. « [Quand] je leur ai demandé ce qui les amenait au Pérou… Ils [ont dit que] ils étaient tombés dans le trafic [de drogue] et qu'ils avaient été emprisonnés. Ils étaient en liberté conditionnelle ou alors celle-ci était terminée, et ils ne savaient pas comment rentrer. »

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Les « mules » sont ces personnes qui acceptent d'ingérer ou de cacher dans leurs effets de la drogue lorsqu'ils prennent des vols longs courriers vers l'Europe ou l'Amérique du Nord.

Walsh est arrivé au Pérou depuis les États-Unis, dans un premier temps comme missionnaire, mais après avoir aperçu ses « voisins de la rue », il a décidé de faire du conseil pour les détenus étrangers et pour ceux remis en liberté conditionnelle. C'est devenu son activité à plein temps au Pérou.

« On peut les sauver. Ils peuvent être secourus et devenir de bons et productifs citoyens, » déclare-t-il. « Ils doivent savoir qu'ils peuvent avoir de l'espoir et un futur, et je crois que c'est du domaine de l'Église plus que de celui du gouvernement parce que le gouvernement est obligé de jouer le méchant dans ce combat. »

Le gouvernement a mis en place de peines strictes pour les étrangers pris en train de se livrer au trafic de drogue. De la prison et des amendes qui vont jusqu'à 3000 dollars. Walsh est persuadé qu'ils méritent la clémence. L'évêque sert d'intermédiaire entre les ambassades, le gouvernement local, et les détenus étrangers. Il écrit souvent pour faire des demandes de libération anticipée pour le compte des détenus, et récolte des fonds pour leur vol de retour vers leurs pays d'origine.

D'après Walsh, il y a environ 1500 étrangers détenus au Pérou, et presque tous le sont pour trafic de drogue. La peine minimale pour le trafic de drogue est de six ans et huit mois, mais en septembre de cette année, la loi a commencé à permettre aux détenus de faire des demandes en vue de l'obtention de leur libération anticipée. Ils peuvent alors passer un tiers de leur peine en prison et le reste en liberté conditionnelle. Toutefois, ils doivent continuer à payer les amendes associées à leur peine pendant leur liberté conditionnelle.

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« Les amendes seraient justes si [les détenus libérés sous conditions] étaient millionnaires, mais ce n'est pas le cas. Ce sont des gens qui ont fait ce qu'ils ont fait parce qu'ils sont désespérés » explique Walsh.

Pour des étrangers qui ne parlent pas espagnol, coincés au Pérou sans cartes d'identité ou de visas de travail, les difficultés bureaucratiques rendent incertain le retour à une vie normale. Obtenir la permission de quitter le pays peut prendre des années.

En août 2013 le Pérou a attiré l'attention du monde entier après que les citoyennes britanniques Melissa Reid et Michaella McCollum ont été attrapées avec dix kilos de cocaïne dans leurs bagages à l'aéroport international Jorge Chávez de Lima. La valeur de la cocaïne était évaluée à plus de 2 millions de dollars. Reid et McCollum, qui avaient toutes deux vingt ans à l'époque, risquaient des peines de quinze ans de prison, mais leur coopération avec les enquêteurs leur a valu le minimum de six ans et huit mois.

Les deux jeunes femmes purgent leur peine à la prison Ancon 2 de Lima. D'après le Guardian, la prison compte environ 325 prisonniers étrangers, dont environ une centaine sont des femmes retenues pour des affaires de drogue. Il a récemment été confirmé que McCollum sera extradée vers l'Irlande du Nord, son pays natal, et purgera le reste de sa peine là bas. La famille de Reid a adressé une pétition au gouvernement péruvien dans l'espoir que leur fille effectue le reste de sa peine en Écosse.

Ce sont de bonnes nouvelles pour ces deux femmes, mais Walsh espère que le Pérou repensera son système dans son ensemble.« Les ambassades ont rencontré les juges, » dit-il. « Il n'est en aucun cas nécessaire à la société péruvienne que ces gens restent plus longtemps. »

Kaj Larsen a participé à cet article.

Suivez Brooke Workneh sur Twitter : @brookeworkneh